En Europe, vers 11h20 GMT, Francfort abandonnait 0,36%, Milan 1,02% et Londres 0,49%. Paris chutait de 1,48%. « Le risque d'un nouvel effondrement du gouvernement français augmente », explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
La Bourse française est plombée par l'annonce du Premier ministre François Bayrou de solliciter le vote de confiance de l'Assemblée nationale le 8 septembre pour faire adopter son plan d'économies budgétaires, dans le cadre des discussions sur le budget 2026.
Dette
Les réactions politiques des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa formation en décembre, accroissant l'incertitude sur les marchés. « Ce vote porte sur le budget nécessaire à l'assainissement des finances publiques : retarder ou abandonner ces réformes rendra la situation de la dette encore plus intenable et pèsera sur l'économie », résume Neil Wilson, de Saxo Markets.
La dette française souffre. L'écart entre le taux d'intérêt français et son équivalent allemand référence en Europe, baptisé le « spread », atteignait 0,77 point vers 11H15 GMT, contre 0,70 point la veille avant l'intervention de François Bayrou. Le taux d'intérêt français à échéance dix ans atteignait 3,51%.
Il s'approche de celui imposé à l'Italie (3,58%), longtemps vue comme la lanterne rouge, mais qui bénéficie depuis plusieurs mois d'une meilleure perception des investisseurs en termes de croissance et de limitation des dépenses. Le ministre de l'Economie français Eric Lombard a lui assuré être « à la bataille » pour que le gouvernement emporte une majorité lors du vote de confiance du 8 septembre à l'Assemblée nationale grâce à un travail de « conviction ».
Interrogation sur l'indépendance de la Fed
Autre point d'inquiétude des marchés : l'annonce, par le président américain Donald Trump, du limogeage d'une gouverneure de la Réserve fédérale (Fed), Lisa Cook, sur des allégations de fraude pour un prêt immobilier personnel. Cette nouvelle pourrait faire émerger de nouveaux doutes quant à l'indépendance de l'institution, déjà malmenée depuis plusieurs mois par le dirigeant qui réclame à cor et à cri des baisses de taux d'intérêt pour soutenir sa politique économique.
« L'indépendance de la Fed semble aujourd'hui en lambeaux face aux rafales de la politique », estime Stephen Innes, de SPI Asset Management. Dans ce contexte, le rendement de l'obligation à dix ans américaine atteignait 4,29%, contre 4,28% la veille en clôture. Le dollar cédait 0,24% face à l'euro, à 1,1651 dollar pour un euro, reprenant son souffle après avoir chuté dans la nuit à la suite de cette annonce. Les contrats à terme sur les indices américains laissaient présager d'une ouverture en légère baisse.
Les Bourses asiatiques ont fini en recul : Hong Kong a perdu 1,18% et Shanghai 0,39%. Tokyo a cédé 0,97%. Sur le marché du pétrole, vers 11H20 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,68% à 67,64 dollars et celui du baril de WTI américain 1,86% à 63,59 dollars.
Les banques françaises dévissent
Les valeurs bancaires chutaient sur la Bourse de Paris, plombées par les incertitudes liées à la situation budgétaire en France qui pèsent sur les perspectives des titres de dette française détenus en masse par les banques. Vers 11h15 GMT, BNP Paribas plongeait de 4,95% à 76,45 euros, Société Générale de 7,74% à 51,50 euros et Crédit Agricole de 5,62% à 15,62 euros. L'assureur AXA s'enfonçait également (-4,96% à 38,93 euros).
Ces titres « souffrent notamment du fait que les marchés tablent sur une dégradation prochaine de la dette française par les agences de notation », après l'intervention de François Bayrou la veille, explique à l'AFP Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM.