Voici ce qu'il faut retenir de l'actualité boursière, avec l'analyse des experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : Paris fléchit

La Bourse de Paris recule sous les 7 600 points ce soir, en baisse de 0,77%, dans un marché exsangue de volumes, Wall Street étant fermée en raison du jour férié commémorant la fin de l'esclavage aux États-Unis. Ce ralentissement fait suite à deux séances de hausse et intervient dans un marché tempéré par l'absence de nouveaux catalyseurs boursiers. Le calme relatif revient donc sur le marché parisien, après une période de forte volatilité la semaine dernière due à l'instabilité politique en France.

CAC 40

Parmi les valeurs du CAC 40, les entreprises technologiques comme Dassault Systèmes et STMicroelectronics enregistrent des baisses notables, respectivement -4,62% et -3,1%. Le seul indicateur économique majeur de la séance concerne l'inflation britannique qui retombe (enfin !) sur l'objectif de 2% au mois de mai, pour la première fois en près de trois ans, une évolution qui devrait être positivement perçue par la Banque d'Angleterre à la veille de sa réunion de politique monétaire. Malgré cette petite pause boursière, on a beaucoup de choses à vous dire ce soir ! Bonne lecture.

Les valeurs : Accor, Nvidia et Quadient

Accor Belle performance du groupe hôtelier qui se hisse dans le podium du CAC ce soir : +1,45% à 38,44€ (+11% en 2024). La banque britannique Barclays salue la stratégie géographique et la montée en gamme du groupe et vient de relever sa recommandation sur le titre à « surpondérer », estimant que la décote du groupe hôtelier par rapport à son concurrent IHG est trop importante. Son objectif de cours passe de 33€ à 48€, soit un potentiel de hausse de 25% par rapport au cours actuel. Accor a affiché une forte performance en Bourse en 2023, avec une hausse 53%, et continue de largement surperformer le marché parisien en 2024. Barclays estime que, malgré la sous-performance relative par rapport à IHG, les fondamentaux d'Accor sont solides, notamment grâce à sa faible exposition aux marchés américain et chinois et sa forte présence au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique. La banque souligne aussi la montée en gamme d'Accor, avec une part croissante du luxe et du lifestyle dans son portefeuille. La valorisation boursière actuelle d'Accor présente, selon la banque, un point d'entrée attractif pour les investisseurs à moyen terme, soutenu par des objectifs de croissance de l'EBITDA (voir lexique) et de retour aux actionnaires d'ici 2027 (dividendes). Nvidia Une fois n'est pas coutume, place à une action américaine dans cette rubrique ! Nous vous en parlions ces derniers jours, Nvidia est brièvement devenue la première capitalisation mondiale. Depuis hier, l'écart se creuse avec Microsoft et Apple, l'information fait la Une de la plupart des médias financiers. Le titan des processeurs graphiques est désormais capitalisé 3 344 milliards de dollars, suivi par Microsoft (3 327 milliards) et Apple (3 277 milliards). Cette montée en puissance s'explique par l'essor de l'intelligence artificielle générative, qui nécessite les processeurs graphiques (GPU) de Nvidia pour le développement de modèles tels que ChatGPT et Gemini. Les résultats trimestriels de Nvidia sont dingues : hausse des revenus de 262% et bénéfice multiplié par sept à 14,9 milliards de dollars. La forte demande de puces IA, comme en témoigne la commande massive d'Elon Musk pour Tesla, n'est pas prête de s'essouffler ! Les concurrents, notamment AMD, peinent à suivre le rythme, et les puces GPU de Nvidia sont considérées comme « le nouvel or ou le nouveau pétrole » du secteur technologique. Les experts prévoient que Nvidia, Microsoft, et Apple pourraient atteindre une capitalisation boursière de 4 000 milliards de dollars d'ici fin 2025. Marc Fiorentino vous en parlait ce matin, l'action Nvidia donne le tournis ! Elle gagne près de 600 000% depuis son introduction en Bourse... Ce soir, elle grimpe de 3,5% à 135,60$. Quadient Le groupe spécialisé dans le matériel logistique et le traitement du courrier chute de 16,26% ce soir à 18,34€ après la présentation de son plan stratégique. Quadient prévoit un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros et une marge de 250 millions d'euros en 2030. Pour la période 2024-2026, les objectifs de croissance annuelle sont plus modestes, à 1,5% pour le chiffre d'affaires et 3% pour la marge, en deçà des attentes des analystes. Le bureau d'analyse Invest Securities indique qu'une accélération est nécessaire après 2026 pour atteindre les objectifs fixés. La réaction négative du marché est attribuée à ces prévisions prudentes et aux importants investissements prévus, surtout en R&D et en déploiement des consignes colis. Depuis le début de l'année le titre cède 4%.

L'évènement du mercredi : Total sous surveillance ?

Suite du feuilleton Total ! Ces dernières semaines, son PDG Patrick Pouyanné a défrayé la chronique en menaçant de coter le fleuron pétrolier à la Bourse de New York. En réaction, on apprend cet après-midi que le Sénat recommande un droit de regard de l'État sur l'actionnariat du groupe. La commission d'enquête du Sénat propose en effet que l'État détienne une « action spécifique » au capital de Total pour surveiller et influencer les décisions stratégiques du groupe. Cette recommandation vise à répondre aux menaces sur la souveraineté énergétique de la France et de l'Europe, à la prédominance américaine dans l'actionnariat de Total, et à soutenir la transition énergétique de l'entreprise. Aujourd'hui, la majeure partie du capital de Total est détenue par des étrangers. Fin 2023, 26% du capital étaient entre les mains de Français, contre 40% entre celles de Nord-Américains. En ce qui nous concerne, c'est l'une de nos actions préférées dans le portefeuille défensif ! Pas seulement pour son exceptionnel dividende trimestriel ou la prévisibilité de ses revenus, mais aussi pour son parcours boursier exemplaire (+55% en 3 ans).

Le monde d'après : Inde, de records en records !

Le marché boursier indien a atteint de nouveaux sommets historiques, suite aux récentes élections législatives. La victoire du parti de Narendra Modi semble rassurer les investisseurs, bien qu'elle soit moins importante qu'anticipé par les experts, entraînant une hausse significative des marchés. Les investisseurs espèrent qu'elle permettra de favoriser la stabilité politique et économique du pays le plus peuplé au monde. Cette ambiance optimiste s'est traduite par une hausse de 8% du Nifty 50 depuis le début de l'année et de 7% pour le Sensex. La roupie indienne a également bénéficié de cette euphorie électorale, se renforçant contre le dollar suite à l'afflux anticipé de capitaux étrangers dans les marchés actions et obligataires du pays. Les investisseurs internationaux semblent inverser leurs positions courtes (baisse), attirés par une perspective de croissance économique continue sous le nouveau mandat de Modi. Les secteurs des services publics et des infrastructures ont particulièrement profité de cette vague d'optimisme, avec des hausses notables dans les entreprises de production d'électricité et les gestionnaires d'infrastructures. De plus, l'amélioration des perspectives économiques de l'Inde par l'agence S&P renforce ce sentiment positif, promettant des coûts d'emprunt réduits et un soutien accru à l'économie.

Le lexique : EBITDA

On vous parle souvent d'EBITDA dans notre rubrique “les valeurs”, mais de quoi s'agit-il exactement ? L'EBITDA est une mesure de la performance financière d'une entreprise qui désigne son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. En anglais, c'est l'acronyme de “Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization”. Cet indicateur se concentre sur la rentabilité opérationnelle en ne tenant compte que des revenus et dépenses liés à la production de biens et de services. L'EBITDA est très utile pour comparer la performance des entreprises d'un même secteur, mais ne prend pas en compte les dépenses en capital ni certaines transactions comptables. Il doit donc être utilisé en complément d'autres indicateurs financiers pour avoir une vue plus complète de la santé financière d'une entreprise.