Comment œuvrer pour la souveraineté des paiements, tout en garantissant aux utilisateurs la sécurité et en intégrant les innovations ? Tels sont les principaux enjeux de la stratégie nationale pour les moyens de paiement 2025-2030 dévoilée vendredi.

« Ces cinq dernières années, il s'est passé autant de choses dans le domaine des paiements que durant les 50 dernières années », a constaté lors d'une conférence de presse Florence Ségurel, directrice de la stratégie et des paiements pour la SNCF et vice-présidente du Comité national des moyens de paiement (CNMP). Depuis 2019 il y a en effet eu une rapide évolution des usages vers des paiements dématérialisés (sans contact, mobiles ou instantanés), une présence croissante de nouveaux acteurs (prestataires techniques spécialisés, grandes entreprises technologiques, startups du paiement, etc.) mais aussi l'émergence de nouveaux risques dans un environnement international plus incertain.

La nouvelle stratégie vise à répondre à ces transformations en garantissant « des paiements sûrs et résilients », et en accompagnant de « nouveaux usages » tout en « défendant notamment l'universalité et la pleine acceptation des espèces ».

Le CNMP a exprimé sa position duale : d'un côté, il a réaffirmé son soutien aux solutions souveraines existantes ou en devenir, comme le réseau national Cartes Bancaires (CB) (concurrent des marques américaines Visa et Mastercard, mais utilisable que sur le territoire français), l'écosystème des paiements SEPA et la solution Wero récemment lancée en France, en Allemagne et en Belgique, prochainement rejoints par les Pays-Bas et le Luxembourg. Wero permet, dans un premier temps, aux particuliers d'envoyer et de recevoir de l'argent entre eux, via des virements instantanés de compte à compte, en utilisant un numéro de téléphone, un QR code généré par l'application ou une adresse e-mail. Lancé par 14 grandes banques européennes, Wero remplacera le service Paylib en France, avant de s'élargir aux paiements en ligne ou auprès des commerçants.

Wero : définition et fonctionnement de l'outil de paiement mobile

De l'autre côté, le CNMP mise aussi sur le futur euro numérique : il souhaite « rester impliqué dans les réflexions préparatoires à l'émission d'un euro numérique », dont l'arrivée est redoutée par les banques, et dans les discussions autour du cadre législatif « au niveau européen ». Cette version dématérialisée du cash portée par la Banque centrale européenne (BCE) est elle aussi un instrument de souveraineté selon ses concepteurs, car elle va notamment permettre à certains consommateurs européens de ne plus avoir à utiliser une carte de paiement américaine pour régler des achats dans d'autres pays européens.