Fumer, une mauvaise habitude qui peut vous coûter cher. Surtout au moment d'assurer un crédit immobilier. « Fumer engendre un risque supplémentaire pour la banque », explique Émilie Ruben, porte-parole de Sécurimut. « Les statistiques démontrent que les fumeurs présentent un risque accru de décès prématuré et de maladies graves. Le tabagisme augmente significativement les risques de cancers, maladies cardiovasculaires et respiratoires », confirme le courtier en assurance Magnolia.fr.
Face à ces données, les assureurs prennent donc des précautions. Est donc considérée comme fumeuse toute personne consommant des cigarettes traditionnelles, du tabac à rouler, des cigares ou cigarillos, mais également celles utilisant une cigarette électronique ou vapoteuse. Et la fréquence n'entre pas forcément en compte. « En cas de sinistre, un assureur pourra démontrer si l'emprunteur fumait ou pas, mais ne pourra pas forcément déterminer la quantité ou le type de produit. C'est donc fumeur ou non-fumeur, sans autre distinction », confirme Christophe Boiché, directeur des assurances chez Meilleurtaux.
Une habitude de vie à déclarer quel que soit le montant du prêt
La loi Lemoine de février 2022, venue réformer le marché de l'assurance emprunteur, supprime le questionnaire de santé pour les encours jusqu'à 200 000 euros par assuré dont le terme arrive avant les 60 ans de l'emprunteur. Néanmoins, même sans sélection médicale, il vous faudra dans la majorité des cas renseigner le fait que vous fumez, car cela est considéré comme une habitude de vie et non pas comme une donnée médicale.
Alors, quel est le surcoût pour un emprunteur fumeur ? Les contrats bancaires, qui bénéficient déjà de marges très confortables, ne font pas de distinction fumeur/non-fumeur. Les assureurs alternatifs ont en revanche quasiment tous ce critère pour établir une tarification. Cela peut donc engendrer un coût supplémentaire sur votre contrat. Selon une étude MoneyVox Market Intelligence*, la majoration peut ainsi aller de +53% pour un emprunteur de 31 ans contractant un crédit de 180 000 euros, et jusqu'à +76% pour un emprunteur de 56 ans souscrivant un emprunt de 500 000 euros.
Âge | Prix moyen contrat | Variation | Prix moyen | |
---|---|---|---|---|
Non fumeur | Fumeur | |||
31 ans | 5 671 € | 8 717 € | +53,72% | 10 530 € |
36 ans | 5 909 € | 9 131 € | +54,52% | 12 860 € |
41 ans | 5 139 € | 8 202 € | +59,60% | 9 720 € |
Prêts toutes durées confondues. Données : MoneyVox Market Intelligence.
Prenons l'exemple d'un emprunteur de 31 ans avec un crédit de 180 000 euros. Chez un assureur alternatif, l'assurance emprunteur coûtera en moyenne 5 671 euros. Un coût qui passe à 8 717 euros s'il se déclare fumeur, soit une hausse de 53,72%. La facture est encore plus salée pour un emprunteur de 46 ans souscrivant un prêt de 250 000 euros : en moyenne, un non-fumeur paiera 12 146 euros d'assurance, contre 21 807 euros pour un fumeur (+65,88%).
Âge | Prix moyen | Variation | Prix moyen | |
---|---|---|---|---|
Non fumeur | Fumeur | |||
41 ans | 10 070 € | 16 096 € | +59,84% | 18 000 € |
46 ans | 13 146 € | 21 807 € | +65,88% | 21 438 € |
51 ans | 16 494 € | 28 201 € | +70,98% | 18 375 € |
56 ans | 23 785 € | 41 436 € | +74,21% | 23 625 € |
*Prêts toutes durées confondues. Données : MoneyVox Market Intelligence.
Face à ces hausses, certains emprunteurs pourraient être tenter de mentir et de se déclarer non-fumeur. « C'est extrêmement dangereux, nous expliquait récemment Cécile Roquelaure, l'ancienne porte-parole du courtier Empruntis. Quand vous faites une fausse déclaration à l'assurance, l'assureur a la possibilité de ne pas prendre en charge votre sinistre et de ne pas rendre les cotisations perçues. » En effet, l'article L113-8 du code des assurances prévoit la nullité du contrat d'assurance « s'il apparaît qu'à des questions précises l'assuré a fourni des réponses délibérément mensongères. »
Crédit immobilier : mentir sur votre assurance emprunteur peut vous coûter très cher
Pire encore, la nullité de votre contrat d'assurance peut être opposée même si le sinistre en question n'a pas de rapport avec les fausses déclarations, comme le dispose le même article L113-8 du code des assurances. La charge de la preuve reviendra cependant à l'assureur, qui devra démontrer que l'emprunteur a délibérément menti dans sa déclaration, et est donc de mauvaise foi. En effet, en cas de sinistre, l'assureur pourra demander toute pièce médicale, en particulier les comptes rendus médicaux ou hospitaliers (médecin, anesthésiste...) dans lesquels l'assuré aura un moment donné déclaré s'il fume ou pas.
Faire jouer la concurrence, même pour les fumeurs
Mais que se passe-t-il si un emprunteur se met à fumer en cours de contrat ? « La majorité des contrats alternatifs considèrent le risque à un instant T, au moment de la souscription, rassure Émilie Ruben. Tout changement de situation, que ce soit concernant le tabac, ou un état de santé qui se dégrade, n'a pas forcément besoin d'être déclaré. Par contre, certains contrats, principalement bancaires, demandent à ce que toute modification soit déclarée. »
À l'inverse, si vous cessez de fumer, il peut être intéressant de le faire savoir à votre assureur. « Si vous avez arrêté le tabac depuis deux ans, vous pouvez revenir vers votre distributeur, qui acceptera de vous appliquer le tarif non-fumeur », confirme Christophe Boiché. Il vous faudra pour cela prouver votre nouveau statut, notamment en réalisant un test de cotinine.
Si vous êtes fumeur, rien ne vous empêche de vous renseigner auprès de différents assureurs, même si vous avez signé un prêt auprès d'un assureur bancaire. « Se déclarer fumeur auprès d'un assureur alternatif, même si cela comporte un surcoût, peut permettre de faire des économies en changeant de contrat d'assurance emprunteur », analyse Émilie Ruben. À titre d'exemple, un emprunteur de 41 ans paiera en moyenne 18 000 euros pour assurer un prêt de 250 000 euros en souscrivant un contrat bancaire. Même se déclarant fumeur, le prix descend à 16 096 euros en moyenne chez un assureur alternatif.
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*Etude MoneyVox Market Intelligence, sur la base et l'analyse des tarifs de 99 contrats d'assurance alternatifs différents (en capital initial et en capital restant dû) provenant de 5 distributeurs différents pour un ensemble de 104 profils types.