Impôt sur le revenu : combien payerez-vous en plus en 2025 avec un gel du barème ?

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier fait ce mardi 1er octobre sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. La présentation du budget 2025 attendra elle la semaine du 9 octobre. L'option d'un gel du barème de l'impôt sur le revenu a été posée à Bercy. Est-elle réellement écartée ? En attendant d'y voir plus clair, voici cinq exemples concrets de l'indexation du barème de l'impôt sur l'inflation.

Gel ou pas gel ? A en croire les indiscrétions du Monde, si l'option gel du barème a été prise très au sérieux à Bercy, elle serait d'ores et déjà écartée... mais le suspense restera tout de même de mise jusqu'à la présentation du projet de loi de finances pour 2025 lors de la « semaine du 9 octobre ». Concrètement, un gel du barème conduirait à une hausse d'impôt pour tous ceux dont les revenus ont progressé. Et une indexation du barème sur l'inflation conduirait à un impôt plutôt stable pour tous ceux dont les revenus grimpent au rythme de l'inflation.

Les derniers gels du barème fiscal remontent à 2012 et 2013, sous le gouvernement Sarkozy-Fillon puis Hollande-Ayrault. Depuis, le barème évolue chaque année au rythme de l'inflation. La coutume est d'indexer « les tranches de revenus du barème de l'impôt sur le revenu (...) sur la prévision d'évolution de l'indice des prix à la consommation hors tabac ».

L'Insee affinera justement ses prévisions d'inflation annuelle 2024 le jeudi 10 octobre. Pour l'heure, l'inflation annuelle (c'est-à-dire les prix de 2024 par rapport aux prix à la consommation de 2023) anticipée est de 2,1% et, comme l'Insee l'a confié à MoneyVox, l'inflation hors tabac est attendue à 1,9%.

Quel barème probable en 2025 ?

Voici tout d'abord le barème actuel, celui qui s'applique à vos revenus 2023 et qui a permis de calculer votre impôt 2024, dont vous avez peut-être payé le solde en cette fin septembre. En cas de gel, c'est ce même barème qui vaudrait pour l'impôt 2025 portant sur les revenus 2024.

Dans son article présentant les principales pistes fiscales du budget 2025, Le Monde table sur une indexation du barème à 2%. Pourcentage « rond » et cohérent avec les dernières prévisions de l'Insee.

Si l'Insee confirme ses dernières précisions, l'indexation devrait plutôt se situer à 1,9%, estimation actuelle de l'inflation annuelle hors tabac pour 2024. Voici le barème simulé par MoneyVox pour une indexation à 1,9%.

Gel ou pas gel en 2025 ? Combien payerez-vous en plus (ou en moins) selon l'option choisie ?

Prenons 5 profils « types » :

• Manon vit seule et touche à peine plus que le Smic : elle gagne actuellement 1 400 euros net chaque mois.
• Sabrina est célibataire et gagne 2 000 euros par mois, ce qui correspond à peu près au salaire médian en France : la moitié des salariés du privé gagne moins, l'autre moitié gagne plus.
• Johan vit seul et touche quasi 3 000 euros par mois, net, un revenu bien au-dessus de la moyenne des Français.
• Amina et Gabriel ont 2 enfants à charge. Ils gagnent environ 2 700 euros, net, par mois, chacun.
• Elisabeth et Jacques n'ont plus d'enfants à charge, les leurs ayant quitté le domicile familial. Ils gagnent environ 4 200 euros par mois, chacun.

Tout d'abord, MoneyVox a simulé leur impôt 2024, lequel portait sur les revenus 2023, sur le simulateur de la Direction générale des finances publiques (DGFiP).

Et l'an prochain ? En cas de gel du barème en 2025, si jamais leurs revenus n'évoluent pas d'un centime entre 2023 et 2024, alors leur impôt 2025 serait identique à celui payé en 2024.

En cas d'indexation du barème sur l'inflation, en revanche, leur impôt serait moindre. Toujours dans l'hypothèse de revenus constants...

Manon. Non imposable, son impôt, à 0 euro, ne bouge pas dans tous les cas. Comment l'expliquer alors que ses revenus annuels sont supérieurs au seuil de la « première tranche » à 11 294 euros aujourd'hui et probablement 11 509 euros l'an prochain ? Car le mécanisme de la décote vient réduire ou annuler l'impôt sur le revenu des foyers les plus modestes. De fait, un gel ou une revalorisation du barème n'a aucun effet pour un contribuable rémunéré au niveau du Smic.

Impôts : combien fallait-il gagner en 2023 pour ne rien payer en 2024 ?

Sabrina. Si ses revenus sont restés stables de 2023 à 2024, son impôt ne bougerait pas en cas de gel... et elle économiserait 52 euros d'impôt (1) en 2025 si le barème était indexé.

Johan. Avec quasi 3 000 euros par mois, ce célibataire déclare 35 556 euros au fisc à l'année, ce qui donne un revenu net imposable de 32 000 euros après abattement forfaitaire de 10% pour frais professionnels. Un tel revenu, au-dessus de la moyenne des Français, le situe dans la tranche à 30% : cela signifie qu'il ne paie pas d'impôt sur 11 294 euros, qu'il est imposé à 11% sur 17 835 euros et à 30% sur 2 656 euros avec le barème indexé : c'est le principe du barème progressif. Plus on grimpe dans les tranches, plus une revalorisation du barème a un impact important. La différence commence à être significative en cas de gel ou non : 127 euros.

Amina et Gabriel. Avec leurs deux enfants à charge, ils n'émargent pas dans la même tranche que Johan. C'est le jeu du quotient familial, ils sont dans la tranche à 11%. Avec un barème gelé, ce couple payerait 2 489 euros d'impôt. En cas d'indexation du barème, au rythme de l'inflation, ce couple payerait 2 359 euros. Soit 130 euros en plus en cas de gel.

Elisabeth et Jacques. Leurs enfants ont quitté le domicile familial depuis quelques années. Sans enfants à charge, ce couple s'acquitte de 13 572 euros d'impôt avec le barème actuel. En cas d'indexation du barème, ils payeraient 13 317 euros. Soit 255 euros de différence.

Et si votre salaire grimpe, lui aussi, au rythme de l'inflation ?

Si vos revenus 2024 grimpent de 1,9% et que le barème 2025 portant sur ces revenus 2024 augmente lui aussi ce 1,9%... vous payerez toujours autant d'impôt ? « Logique » ? Non... le barème progressif n'est pas si simple.

Mis à part pour Manon, non imposable, une hausse de 1,9% des revenus - autant que l'inflation - augmenterait mécaniquement l'impôt sur le revenu en 2025 par rapport à 2024. Gel ou pas gel. La hausse d'impôt serait évidemment encore plus prononcée en cas de gel du barème.

Un exemple, avec Johan. Disons qu'il a décroché une augmentation salariale de 1,9% dès les premiers jours de 2024. Il s'approche désormais des 3 000 euros mensuels pour atteindre 2 963 euros par mois, en net. Avec le barème indexé sur l'inflation, Johan devra s'acquitter de 2 941 euros, soit 55 euros de plus que ce qu'il a payé cette année. En revanche, en cas de gel du barème, son augmentation salariale lui coûte bien plus cher, 3 069 euros d'impôt, soit 183 euros de plus que cette année.

(1) Avec ce niveau de ressources, Sabrina figure dans la tranche à 11% et bénéficie du complexe mécanisme de la décote. Ce mécanisme réduit son impôt annuel de 360 euros. MoneyVox a calculé une décote de 388 euros pour son impôt 2025 suite à la revalorisation des seuils.