Le taux du Livret A et du LDDS n'a pas bougé ce 1er août. Il devrait en revanche être actualisé début 2025, à la fin de la période de gel décrété par le gouvernement. C'est une mauvaise nouvelle : cette mise à jour devrait se faire à la baisse. Voici pourquoi.

Les nouveaux taux des livrets d'épargne réglementée sont entrés en vigueur jeudi. Le suspense était inexistant pour le Livret A et le LDDS, dont la rémunération est gelée et qui reste donc bloquée à 3% net. Seul le Livret d'épargne populaire (LEP), qui rapportait jusqu'ici 5%, s'est replié à 4%.

LEP à 4% : pourquoi son taux baisse et pourquoi ç'aurait pu être pire

Rappel : le gel du Livret A — et par extension du LDDS, avec qui il partage son taux — a été décrété en juillet 2023 par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, pour donner « de la sécurité, de la stabilité, de la visibilité » à l'ensemble de l'écosystème de l'épargne réglementée : les épargnants, les banques, les bailleurs sociaux, etc. Cette période, toutefois, touche à sa fin : elle devait durer 18 mois, soit jusqu'au début de l'année 2025. Résultat : le taux du Livret A devrait évoluer dans six mois. Reste à savoir dans quel sens.

Une inflation en net repli, des taux interbancaires en baisse

L'exercice du pronostic n'est pas simple. La fixation du taux du Livret A, en effet, est le plus souvent une décision politique, qui peut varier selon l'orientation partisane du gouvernement. Or cette dernière est aujourd'hui très difficile à anticiper, dans le paysage brouillé issu des récentes élections législatives. Qui gouvernera le pays dans 6 mois ? La question reste entière.

Il est en revanche possible de regarder l'arithmétique. Car, rappelons-le, la règle, même rarement appliquée, veut que le taux du Livret A soit calculé grâce à une formule mathématique impliquant deux variables : l'inflation hors tabac et le taux interbancaire €ster.

L'inflation d'abord. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a présenté début juillet sa note de conjoncture, qui trace la trajectoire attendue de l'indice des prix à la consommation au 2e semestre 2024. Selon l'institut, l'inflation hors tabac devrait s'y établir, en moyenne, autour de 1,85%. C'est nettement moins qu'au 1er semestre, où cette moyenne a atteint 2,33%.

L'€ster ensuite. Sa moyenne semestrielle s'établit actuellement à 3,88%. Elle va baisser dans les six prochains mois, pour suivre la baisse des taux directeurs de la BCE entamée le 6 juin dernier. Elle pourrait ainsi approcher de 3,60% en fin d'année, voire moins si la BCE décide une nouvelle baisse de taux, comme cela est probable en septembre.

Un taux « technique » autour de 2,70% pour le Livret A et le LDDS

C'est donc une mauvaise nouvelle, au moins pour le rendement de nos économies. Si l'exécutif décide en janvier 2025 d'appliquer la formule mathématique, le taux du Livret A devrait baisser. Mais de manière limitée. En reprenant les chiffres déjà cités (une inflation autour de 1,85%, un €ster autour de 3,60%), le nouveau taux « technique » du Livret A pourrait, après arrondi, se situer à 2,70%. Reste à savoir si le futur gouvernement choisira, en concertation avec le gouverneur de la Banque de France, d'appliquer ce taux technique ou de déroger à la règle, pour contenir cette baisse ou l'accélérer.

Le LEP à 4% en août, à 3,20% en février ?

Qu'en sera-t-il du taux du LEP, en repli à 4% depuis le 1er août ? Son destin est intimement lié à celui du Livret A. La règle de calcul, en effet, veut que son taux soit aligné, soit sur l'inflation moyenne du semestre précédent, soit sur le taux technique du Livret A augmenté d'un demi-point, la valeur la plus élevée des deux étant retenue.

Actuellement, c'est la seconde solution qui est la plus favorable aux épargnants. Appliquée en février 2025, elle pourrait l'amener à 3,20%. Voilà pour la théorie. En pratique, l'exécutif a régulièrement fait le choix ces dernières années de donner un coup de pouce au taux du LEP. S'il fait à nouveau ce choix, la baisse pourrait être lissée, par exemple à 3,50% en février. À suivre.