La baisse des taux de la Banque centrale européenne a été actée ce jeudi 6 juin. Quelles vont-être les conséquences pour la rémunération des différents produits d'épargne ? Eléments de réponse.

C'est fait. La Banque centrale européenne a baissé ses taux directeurs ce jeudi. L'ampleur de cette première baisse des taux est de 25 points de base ramenant ainsi le taux sur les dépôts de 4% à 3,75%.

« Ce recul des taux est indispensable pour relancer les investissements et soutenir l'économie allemande, leader en zone euro, menacée de récession », analyse Maxime Mura, gérant Taux et Crédit IG de Swiss Life Asset Managers France.

Pour autant, la baisse des taux est limitée en raison des pressions inflationnistes toujours très présentes. Alors, quelles conséquences sur le portefeuille des ménages ?

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Livret A protégé

La baisse des taux d'intérêt n'aura pas de conséquence sur la rémunération du Livret A et du Livret de Développement et Solidaire. En effet, elle est bloquée à 3% jusqu'au 1er février 2025.

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Le taux du LEP en danger Le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) est fixé à 5%. Il est amené à baisser, non pas en raison des taux d'intérêt mais de l'inflation. Sa rémunération suit l'évolution des prix au cours des six mois qui précédent la révision de son taux. Celle-ci étant attendue à 2,5% sur le premier semestre, le taux du LEP à compter du 1er août devrait, a priori, passer lui aussi à 2,5%. Sauf qu'il ne peut pas être inférieur au taux du Livret A, majoré de 0,5 point.

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Selon l'économiste Philippe Crevel, le prochain taux du LEP devrait être compris entre 3,5% et 4%. En effet, le gouvernement pourrait décider de freiner sa chute à 4% et inciter les millions d'épargnants éligibles à ce produit d'en ouvrir un. Sur les 19 millions de bénéficiaires potentiels, 7,5 millions n'ont toujours pas ouvert de LEP.

Des taux boostés sous pression

En ce qui concerne les placements, l'impact de la baisse des taux sera très différent selon les produits. En effet, les banques commerciales détiennent des liquidités sur des comptes à la banque centrale qui sont rémunérés selon le taux de rémunération des dépôts dit de facilité des dépôts, l'un des trois taux directeurs de la BCE. Elles répercutent ensuite ces intérêts sur les comptes de leurs clients.

« Pour les produits d'épargne réagissant directement aux fluctuations des taux des marchés monétaires, comme les contrats à terme ou les SICAV monétaires, leur rémunération s'est stabilisée au cours du premier trimestre 2024. Elle est en baisse légère depuis. Avec la diminution des taux directeurs, le taux des contrats à terme de moins de deux ans devrait passer de 3,8% à 3%, entre mars et décembre 2024 », analyse l'économiste Philippe Crevel. La banque en ligne Monabanq vient d'ailleurs de réduire ses taux passant de 4,40% à 3,60% pour le CAT 2 ans

Du côté des livrets bancaires, les taux boostés proposés par certains établissements risquent d'être moins généreux avec la baisse des taux. Le courtier Placement-direct.fr vient de faire passer la rémunération de son super livret bancaire de 4,25% sur 2 mois à 3,75% pendant deux mois. La rémunération moyenne des livrets bancaires qui est déjà très faible, 0,91%, pourrait encore diminuer un peu.

A l'image de ce que vient d'annoncer la Banque Populaire Rhône Alpes. A compter du 1er septembre, ses différents livrets non réglementés, (hors Livret A, LEP, LDDS) verront leurs taux divisés par deux, voire trois. Le compte sur livret par exemple va voir sa rémunération passer de 1% à 0,5% brut.

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L'assurance vie gagnante

« L'assurance vie devrait être le placement gagnant de la baisse des taux directeurs. Les fonds euros de l'assurance vie dépendent davantage des taux longs, ceux pratiqués notamment pour les obligations d'État, que des taux des marchés monétaires. Dans les années 2010, les taux longs avaient baissé, en raison des politiques de rachats d'obligations menées par les banques centrales. Celles-ci n'ayant pas l'intention de procéder à de tels rachats, la hiérarchie des taux devrait être mieux respectée. En outre, les besoins de financement, en particulier ceux des États, étant importants, les taux longs devraient rester soutenus. Avec la baisse de l'inflation, les ménages devraient réorienter une partie de leur épargne de précaution vers des placements de long terme », analyse Philippe Crevel.

Ces derniers mois, grâce à la remontée des taux obligataires, les assureurs ont réinvesti sur des obligations avec des rendements élevés et qui garantissent aux assurés un coussin de rémunération appréciable pour les années à venir.

Depuis le début de l'année 2024, une inflexion est constatée. La collecte de l'assurance vie est en forte hausse. Sur les quatre premiers mois de l'année, la collecte nette dépasse 12,6 milliards d'euros contre 8,3 milliards d'euros pour la même période de 2023.

« Les assureurs, voulant profiter de l'embellie obligataire, proposent des taux bonifiés pour attirer les épargnants. Dans ce contexte, le rendement des fonds euros devrait se situer autour de 3% en 2024 », selon Philippe Crevel.

(*) il s'agit des taux moyens de rémunération des fonds en euros calculés chaque année par l'ACPR.

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Interrogation pour la Bourse

Ces derniers mois, les marchés financiers ont atteint des nouveaux records en séance anticipant ainsi les futures baisses de taux de la BCE. Faut-il s'attendre à une correction boursière si les baisses de taux sont moins rapides que prévue ?

« Si la BCE donne des indications plus précises à ce sujet la semaine prochaine cela pourra occasionner de fortes fluctuations sur les marchés », prévient l'analyste de la banque allemande LBBW, Elmar Völker, interrogé par l'AFP.

« Les investisseurs ont largement anticipé la baisse des taux directeurs, ce qui a conduit les indices à battre des records en avril et en mai, aidés, par ailleurs, par la bonne tenue des résultats des entreprises. Le mouvement d'appréciation pourrait se poursuivre dans le cours de l'année, mais à un rythme moins soutenu », complète Philippe Crevel.

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