Épargne : faut-il s'inquiéter de la chute du bitcoin ?

Depuis quelques jours, le bitcoin comme l'ensemble des actifs numériques donnent des sueurs froides aux épargnants. Comment expliquer ces fluctuations ? Est-ce le moment de vendre, ou au contraire d'acheter ? MoneyVox fait le point.

Près de 63 000 euros fin juillet, une chute à 49 300 euros le 5 août, pour un retour aux 55 500 euros à l'heure d'écrire ces lignes, le 9 août. Considéré par beaucoup comme un actif risqué car très volatile, le bitcoin a traversé des montagnes russes ces derniers jours.

Pas de quoi inquiéter outre mesure Alex Thorn responsable de la recherche chez Galaxy Digital et fin connaisseur du milieu. « Le secteur des cryptos a survécu à des crises autrement plus graves. Il n'y a pas de raison de paniquer du fait que le bitcoin soit repassé sous les 50 000 dollars » a estimé ce dernier sur X (ex-Twitter).

Un avis partagé par Jonathan Herscovici, fondateur de Stackinsat : « En janvier, le cours du bitcoin était à 36 500 euros. Fin février, quand le bitcoin a repassé la barre des 50 000 euros, tout le monde voulait acheter du bitcoin. Il faut donc prendre du recul, car le bitcoin est un actif de long terme, ce n'est pas fait pour de la spéculation à court terme. » D'autant que comme le relève un article des Échos, le mois d'août est bien souvent un mois compliqué pour le bitcoin. « Depuis 2013, il a baissé à 7 reprises durant ce mois d'été marqué par une chute de la liquidité qui accentue les replis. Les glissades estivales sont allées de 5% à 19% », note le journal.

Un actif finalement très corrélé aux marchés boursiers ?

Il n'empêche : un vent de panique s'est abattu sur l'environnement crypto et sur le bitcoin ces derniers jours. « Ça a été très corrélé à l'évolution de la bourse, dévoile Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux. Le bitcoin est également très corrélé aux valeurs technologiques, donc si le Nasdaq est en baisse, le bitcoin répercute ces difficultés sur son cours. Depuis la mise en place des ETF, cette situation se vérifie encore plus. » La financiarisation du bitcoin, qui devait permettre une adoption plus large et donc une consolidation de l'écosystème, pourrait finalement avoir un effet néfaste.

Alors que certains défenseurs du bitcoin le voient depuis longtemps comme une valeur refuge, à l'image de l'or, « on voit bien que c'est faux, estime Dorian Abadie. C'est un object spéculatif comme un autre, qui subit aussi la panique des autres marchés. » Pour lui, « le bitcoin n'est pas une obligation pour diversifier son portefeuille. On peut s'y exposer à hauteur de 2 à 3% de son allocation si on s'intéresse à cet environnement, mais sinon, il vaut mieux rester sur d'autres classes d'actifs que l'on comprend mieux ».

D'autant que contrairement aux actions, autre classe d'actifs risqués, le bitcoin reste un actif peu lisible. « Sur les marchés boursiers, on est sur les entreprises, il y a du concret, du tangible, on peut se baser sur la croissance, les bilans, il y a matière à analyse. Pour le bitcoin, on a pour le moment très peu de visibilité, tout dépend en fait de son adoption ou non dans les prochaines années. »

« Je maintiens que le bitcoin est une réserve de valeur, assume de son côté Jonathan Herscovici. C'est pour ça qu'il y a eu une mise en place des ETF bitcoin. Oui, il y a des réactions à très court terme qui sont corrélées aux marchés boursiers. Mais à moyen-long terme, on verra revenir la décorrélation. La financiarisation du bitcoin fait qu'il peut subir la panique généralisée des marchés. Mais à plus long terme, le bitcoin reste une réserve de valeur et peut, dans le futur, devenir un étalon monétaire mondial. »