Ce n'est plus un scoop : le gouvernement a prévu, dans son budget 2025 de la Sécurité sociale, de reporter la revalorisation annuelle des retraites de base de janvier à juillet. Il règne à ce stade un flou politique sur cette mesure dans le sens où les oppositions parlementaires y sont défavorables... mais le texte a de grandes chances de passer in fine par un 49.3. Si bien que le gouvernement pourra probablement reporter cette hausse comme il le souhaite.
Afin de montrer qu'il reste tout de même à l'écoute, le gouvernement a toutefois annoncé un possible maintien de la hausse de janvier 2025 pour les « petites retraites » : « Est-ce que c'est 1 200 euros, 1 400 euros ? Il faudra trouver le bon curseur mais moi je veux qu'on protège les petites retraites », a ainsi déclaré le ministre chargé des Comptes publics Laurent Saint-Martin le 21 octobre.
1 200, 1 400 ou 1 600 euros... C'est quoi une « petite retraite » ?
Pour l'Assurance retraite, une hausse en deux temps est infaisable !
Auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, Renaud Villard a commencé par une bonne nouvelle concernant la faisabilité budgétaire de cette hausse différenciée : préserver les petites retraites (moins de 1 200 euros) du report de la revalorisation ne coûterait « que » 500 millions d'euros, soit une perte « de l'ordre de 10 à 15% » des 4 milliards d'économies souhaitées par le gouvernement grâce à ce report. Une perte « pas extrêmement élevée » qui a probablement convaincu Bercy de retenir cette idée de hausse différenciée.
« On peut le faire rétroactivement : c'est-à-dire au 1er juillet verser, pour les petites retraites, » ce qui aurait dû être versé depuis janvier 2025
Mais cette relative bonne nouvelle s'accompagnait d'une moins bonne : « Il y a un vrai sujet opérationnel de mise en œuvre », a déclaré Renaud Villard face à la commission des affaires sociales du Sénat. « On serait incapable au 1er janvier de faire une revalorisation différenciée parce que, techniquement, c'est trois opérations : recueillir les montants de retraite tous régimes, calculer combien gagne chacun et le taux de revalorisation, et envoyer le taux de revalorisation à tous les régimes. »
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« En revanche, on peut le faire rétroactivement : c'est-à-dire au 1er juillet verser pour les petites retraites ce [qui aurait dû être versé depuis janvier] », a poursuivi Renaud Villard. Si jamais cette mesure de revalorisation différenciée est votée, pour les petites retraites, cela se traduira très probablement par un « rappel » accompagnant la pension du mois de juillet. En clair un versement exceptionnellement plus élevé en juillet 2025 avec la revalorisation rétroactive des six premiers mois de l'année : « Pendant six mois, on n'a pas été en capacité technique de vous revaloriser alors que le législateur l'avait souhaité (...) On fait un rappel. » Une solution techniquement plus envisageable pour l'Assurance retraite (Cnav, Carsat, etc.).
Renaud Villard a en outre prévenu que la mise en place d'un tel seuil à 1 200 euros, par exemple, s'accompagnerait d'un « lissage » pour éviter effets pervers pour les retraites juste au-dessus et juste en dessous de ce seuil (probable) de 1 200 euros.
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