1 200, 1 400 ou 1 600 euros... C'est quoi une « petite retraite » ?

Un simple décalage ? Un rattrapage après un trop plein versé l'an passé ? Pas vraiment... Le report de la revalorisation des pensions de base, de janvier 2025 à juillet de la même année, a une incidence notable sur le montant de la revalorisation : 2,3% en janvier selon la méthode de calcul réglementaire, contre 1,8% (estimation de Bercy) en juillet prochain.

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Pourquoi un tel écart ? Car la formule réglementaire porte sur les douze mois précédents et entraîne mécaniquement une faible réactivité. En clair, le taux de revalorisation annuelle progresse lentement quand les prix augmentent... et il baisse lentement quand l'inflation flanche comme aujourd'hui.

Ce qu'a annoncé le gouvernement pour les « petites retraites »

Première lame. « Nous regardons avec les parlementaires (...) comment ajuster cet effort et mieux protéger les plus petites retraites ? », a déclaré le Premier ministre Michel Barnier dans un long entretien publié le 20 octobre dans le Journal du dimanche.

Deuxième lame. « Je suis prêt à ce qu'on ait une ouverture sur les petites retraites », a affirmé le ministre en charge du Budget, Laurent Saint-Martin, lundi 21 octobre sur RMC/BFMTV. « Est-ce que c'est 1 200 euros, 1 400 euros ? Il faudra trouver le bon curseur mais moi je veux qu'on protège les petites retraites », a-t-il assuré, rappelant que le minimum vieillesse serait revalorisé de toute façon au 1er janvier, comme prévu dans le budget 2025 de la Sécurité sociale.

Troisième lame. Laurent Saint-Martin, à nouveau, sur France 2, qui évoque encore un « seuil protégé » de 1 200, 1 400 voire 1 600 euros.

Quelle est le montant moyen de la retraite en France ?

1 558 euros. Tout compris : pension de base, complémentaire, pension de réversion. Tous régimes confondus, du privé, ex-fonctionnaires, etc. En net. Selon la dernière étude de la Drees sur les retraités en France, datée de 2023 et pour laquelle les données portent sur l'année 2021. En brut, cela correspond à 1 677 euros.

Pour des données plus récentes, il faut éplucher les données des différents régimes de retraite. Pour les retraités du privé, les près de 14 millions de pensionnés Agirc-Arrco, la pension brute par mois est estimée à 1 720 euros.

1 200 euros, ça correspond à quoi ?

Déjà, brut ou net ? Le ministre des Comptes publics n'est évidemment pas encore entré dans ce niveau de « détail ». Pourtant, lors des débats de la réforme des retraites, le fait de communiquer sur la pension « minimum » à 1 200 euros en brut avait créé une première déception, puisque cela correspond dans de nombreux cas à à peine plus de 1 100 euros en net, la faute aux cotisations sociales de 9,1%.

1 200 euros est devenu le montant « symbolique » de la petite retraite. De fait, de nombreux retraités perçoivent une « petite pension » : selon les dernières données de la Drees (qui malheureusement portent sur des pensions de 2016), plus de 45% des pensions de droit direct sont inférieures à 1 200 euros ! Il faut donc modérer cette statistique par les revalorisations des dernières années, et par les pensions de réversion. Mais, dans tous les cas, de nombreux retraités touchent une petite voire très petite pension, sous le seuil des 1 200 euros. En brut.

1 600 euros, ça correspond à quoi ?

Si la retraite moyenne était de 1 558 euros net en 2021, cette moyenne a très probablement dû franchir le seuil des 1 600 euros. En reprenant la même étude de la Drees (aux chiffres datés, donc), quasi 63% des retraités touchent moins de 1 600 euros brut en retraite de droit direct.

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