Pas aisé de remplacer Philippe Wahl, le PDG de La Poste depuis douze ans, dont le mandat s'achèvera pour raison d'âge le 25 juin prochain. Il revient au Président de la République de proposer un nom pour la succession à la direction d'une telle grande entreprise, la proposition devant être soumise par la suite à approbation parlementaire.
Problème : Emmanuel Macron n'ayant toujours pas émis de souhait, l'exécutif s'est mis « hors délai », notamment au regard de l'agenda parlementaire, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP. Selon les statuts de La Poste, il est alors possible dans ce cas de figure de faire une scission entre le poste de président et celui de directeur général.
Les deux actionnaires de La Poste, La Caisse des Dépôts à 66% et l'Etat à 34%, désigneront le 25 juin une partie des administrateurs dont le mandat arrive à échéance. S'ils désignent Philippe Wahl comme administrateur, ce dernier, étant le plus âgé du conseil d'administration, en deviendra automatiquement le président par intérim. Par ailleurs, dans le cadre d'un processus d'intérim, les statuts de La Poste prévoient qu'un ou plusieurs directeurs généraux délégués soient nommés par le conseil d'administration.
Suspense total
Dans l'attente qu'un nouveau PDG prenne officiellement ses fonctions, ce ou ces dirigeants assureront alors le pilotage opérationnel de l'entreprise aux 34,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires (en 2024), chroniquement confrontée à l'attrition du courrier et à la sous-compensation de ses missions de service public (distribution du courrier et de la presse, aménagement du territoire, accessibilité bancaire). La Poste devait communiquer à l'issue de son conseil d'administration du 25 juin.
La multinationale, qui emploie quelque 230 000 personnes dont 23% à l'étranger selon son dernier document d'enregistrement universel et qui est présente aussi dans la téléphonie mobile, les services de proximité, l'assurance, la banque et la livraison internationale de colis, a déjà quelques gros dossiers sur la table.
L'intérimaire devra-t-il d'ores et déjà défendre son projet pour renforcer la compensation des missions de service public, prévues dans le projet de loi de finances pour 2026 ? Et suivre très précautionneusement les différentes évolutions législatives et réglementaires visant à taxer les petits colis en provenance de Chine, représentant 22% des colis en France pris en charge par La Poste ?
Six candidats
A moins que ces épineux sujets soient rapidement abordés par le successeur officiel de M. Wahl. Car à la suite d'une longue campagne, six candidats avaient été auditionnés par le comité des nominations, selon des sources concordantes.
Deux internes : Nathalie Collin, la directrice de la branche Grand Public et numérique de La Poste ayant la charge, entre autres, des 50.000 employés des 17.000 bureaux de poste et points de contact en France. Et Stéphane Dedeyan, le président du directoire de la Banque postale qui, selon plusieurs médias, aurait fait grincer des dents en demandant à maintenir sa rémunération actuelle, bien au-dessus des 450.000 euros annuels du PDG de La Poste.
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Quatre externes avaient également été entendus : Jérôme Fournel, l'ancien directeur de cabinet de l'ex-Premier ministre Michel Barnier et ex-directeur général des Finances publiques; Sylvie Jéhanno, la PDG de Dalkia; Claire Waysand, la directrice générale adjointe d'Engie et Marie Cheval, PDG de Carmila, la foncière de Carrefour. Mais le président de la République étant libre de choisir en dehors de cette liste de six candidats, le suspense reste donc total.