Le remboursement des consultations médicales moins pris en charge par la Sécurité sociale mais davantage par les complémentaires santé ? Ce scénario a resurgi avant la présentation du budget de la Sécurité sociale, et les complémentaires s'y préparent.

Selon une information mercredi du quotidien Les Echos, le gouvernement envisage de baisser la part de l'Assurance maladie dans le remboursement des consultations chez le médecin, en augmentant celle des complémentaires. Aujourd'hui de 30%, la part des complémentaires pourrait grimper jusqu'à 40%, selon le quotidien. En France, 96% de la population est couverte par une complémentaire santé.

Le ministère de la Santé n'a pas voulu confirmer l'information, et les grandes familles de complémentaires - mutuelles, assureurs privés et organismes paritaires - ont indiqué à l'AFP ne pas avoir été informées de ce projet gouvernemental. Mais un nouveau transfert de remboursement vers les complémentaires santé n'est pas surprenant, compte tenu du creusement inexorable du déficit de la Sécurité sociale (qui atteindrait 17 milliards en 2024, contre une prévision à 16,6 milliards en mai).

« C'est considérable, c'est sans précédent, un transfert à cette hauteur-là en une seule année »

« Nous n'étions pas au courant », a dit à l'AFP Thomas Colin, directeur des marchés produits chez la complémentaire santé paritaire Malakoff Humanis. Mais « on anticipait bien que compte tenu des quelques impasses budgétaires de l'Etat et de la Sécurité sociale, pires encore que ce qui était prévu, d'une manière ou d'une autre les complémentaires santé seraient mises à contribution », a-t-il ajouté.

Selon Thomas Colin, la hausse à 40% du taux de prise en charge par les mutuelles coûterait à celles-ci « probablement de l'ordre d'un milliard d'euros ». L'estimation est corroborée par le président de la Mutualité Française, Eric Chenut, qui a lui chiffré la mesure à « plus d'un 1,2 milliard d'euros », jeudi matin sur Radio Classique. « C'est considérable, c'est sans précédent, un transfert à cette hauteur-là en une seule année », a-t-il regretté.

« Ça sera forcément répercuté sur les cotisations (...) car ça sera totalement impossible (pour les mutuelles) d'absorber cette charge », a prévenu Eric Chenut. Selon Thomas Colin, la mesure envisagée par le gouvernement augmenterait les remboursements des complémentaires de « 2 à 2,5% », et donc nécessiterait en théorie une hausse de la même ampleur de leurs cotisations.

« Est ce qu'on appliquera 2,5%, non, mais il faudra qu'il y ait un rattrapage à un moment donné », a-t-il estimé. En 2023, le gouvernement avait déjà décidé de faire passer à 40% la part des complémentaires santé pour les remboursements de soins dentaires, soit un transfert de charges de 500 millions d'euros.