« Sur 85 milliards d'euros d'investissement nécessaires » à la transition climatique chaque année entre 2024 et 2030 dans le bâtiment et le transport routier, seul « un tiers » sera « rentable sans intervention publique », selon une note d'analyse de France Stratégie publiée lundi.

Cette rentabilité, pour les ménages, les entreprises et les collectivités, a été calculée en faisant l'hypothèse que « les prix de l'énergie restent à leur niveau de 2024 », précise le rapport de l'institut. « Pour rendre rentables les investissements non rentables, des transferts », via des systèmes de bonus/malus, « d'environ 19 milliards d'euros par an seraient nécessaires entre 2024 et 2030 », calcule France Stratégie.

L'atteinte de la neutralité carbone d'ici 2050 promise par le Pacte vert pour l'Europe, a imposé des efforts de plus en plus soutenus en matière d'investissement pour atteindre la première étape d'objectif climatique pour 2030 d'une réduction de 55% des émissions carbone.

Investissements « généralement pas rentables »

Pour les secteurs du bâtiment et de la rénovation énergétique, « et en particulier l'isolation thermique », France Stratégie estime que les investissements ne seront « généralement pas rentables (...) sauf intervention significative du secteur public », notamment pour que les ménages puissent changer leurs systèmes de chauffage du fioul ou du gaz par des pompes à chaleur, seul domaine qui « offrirait une rentabilité notable ».

Pour le secteur du transport routier, les avancées technologiques des véhicules électriques annoncent une rentabilité qui « s'améliorerait dans le temps », selon cette note.

« 66 milliards d'euros par an d'investissements supplémentaires »

Le rapport Pisani-Ferry et Mahfouz publié par le même institut, en mai 2023, sur demande de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne, avait déjà estimé les fonds publics et privés nécessaires à la transition climatique.

La somme nécessaire y était évaluée « à 66 milliards d'euros par an d'investissements supplémentaires par rapport à un scénario tendanciel entre 2023 et 2030 ». Le rapport suggérait que 50% des investissements totaux soient financés par l'État. « Certains investissements verts généreront des économies d'énergie » mais « d'autres nécessiteront une intervention publique pour devenir viables » et encourager les acteurs à investir plus rapidement.