Les acteurs du marché de l'assurance vie ont offert de très belles performances en 2023 avec un taux moyen de 2,6%. Mais les écarts de performances entre les types d'acteurs sont importants. Le rendement moyen des fonds en euros des mutuelles a d'ailleurs atteint 3,19% en 2023. Comment expliquer ce succès ?
En 2023, le taux de rémunération moyen des fonds en euros de l'assurance vie a atteint 2,6%. Mais de fortes disparités ont été constatées entre les différents acteurs. Selon l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), « 50% des encours ont un taux de revalorisation compris entre 2,2% et 3% ». Malgré une très belle remontée des rendements des bancassureurs, ce sont toujours les mutuelles qui offrent les meilleures performances.
« Le rendement des mutuelles a lui atteint 3,19% en 2023, ce qui en fait cette année encore, les organismes « dont la hausse de la revalorisation est la plus forte (+82 points de base) », a ainsi expliqué l'ACPR dans son dernier rapport. Le taux de revalorisation des contrats bancaires d'assurance vie s'élève par ailleurs en moyenne à 2,66% et celui des assureurs traditionnels à 2,50%.
Taux assurance vie : le vrai top 5 des meilleurs rendements 2023
Comment les mutuelles peuvent-elles offrir des rendements supérieurs ?
Interrogé par les Échos, Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, estime que l'actif général de ces compagnies, où sont logés les fonds en euros, « rapporte bien davantage que celui des autres opérateurs. Il contient davantage d'actions et d'immobilier acquis de longue date », plus rémunérateurs que les vieilles obligations.
Une explication corroborée par la mutuelle La France Mutualiste qui a servi le meilleur rendement 2023, soit 3,70%. En hausse de 1,59 point par rapport à 2022, ce taux a été appliqué à tous les adhérents sans condition d'investissement en unités de compte (UC). Selon, Pierre Laly, responsable Taux et ISR à la France Mutualiste, le succès du fonds en euros repose sur une allocation diversifiée : « Au sein de notre fonds en euros, on retrouve notamment environ 20% d'actifs immobiliers, en grande majorité de l'immobilier résidentiel parisien dans les beaux quartiers. On a aussi 15% d'actions et ces actifs ont été achetés il y longtemps, ce qui nous permet d'avoir beaucoup de richesses latentes ».
Être une mutuelle et non un bancassureur semble être aussi un avantage. « Le fait d'être une mutuelle permet une capacité accrue d'allocation diversifiée mais aussi de ne pas avoir à reverser des dividendes à des actionnaires. Par conséquent, nous avons des fonds propres importants et un ratio de solvabilité très élevé, d'environ 300%. Cela nous permet une prise de risque maîtrisée », ajoute Pierre Laly. Par ailleurs, « nous avons une visibilité de long terme sur nos investissements, une très forte fidélité de nos adhérents et environ deux fois moins de rachat que le marché », précise encore le responsable Taux et ISR. A fin juin 2024, la France Mutualiste a investi 23% de ses actifs dans des investissements durables. Son fonds en euros est désormais labellisé « article 8 » et répond aux critères ESG.
Interrogé en février dernier par MoneyVox, Xavier Couratier, directeur technique risques et finance chez Garance expliquait que le fonds en euros de la mutuelle était composé « pour près de moitié d'obligations d'Etat, un gros quart d'obligations d'entreprises, 15% d'actions, 7% d'immobilier et 3% de monétaire ». Les obligations offrant à elles seules un taux de rendement « à plus de 4,5% sur des durées d'environ 12 ans ». « On a ce trésor de guerre qui nous assure entre 2,8% et 3% de rendement par an, auquel s'ajoutent les plus-values générées par les actions. C'est cette base solide qui nous permet d'avoir des performances durables », estimait Xavier Couratier. Garance a ainsi affiché un rendement de 3,5% pour l'année 2023, plaçant la mutuelle à la seconde place du palmarès des meilleurs contrats d'assurance vie.
Les banques obligées de piocher dans leurs réserves
De leur côté, les banques et les assurances ont dû piocher dans leurs réserves pour afficher une hausse de leur rémunération l'année passée. « Après avoir remonté leurs taux de 1,02% en moyenne en 2022, les bancassureurs les ont à nouveau remontés de 0,80% en 2023. Merci à la provision pour participation aux bénéfices (PPB) », explique le cabinet Facts & Figures dans son dernier baromètre. La hausse des taux a été permise « par la reprise partielle en 2023 de la provision pour participation aux bénéfices (PPB). Elle avait été en effet dotée pendant la période de taux bas jusqu'en 2021 pour faire face à une éventuelle remontée des taux, qui s'est matérialisée en 2022-2023 », précise l'ACPR dans son dernier rapport. La PPB moyenne s'élevait à 5,4% en 2021 et 2022 et est passée à 4,9% à fin 2023. Les mutuelles n'ont, quant à elles, pas eu (ou peu) à piocher dans leurs réserves l'an dernier.
En 2023, les banques ont donc tout fait pour ne pas se retrouver en bas du classement des rendements de l'assurance vie. Certaines ont servies des taux à hauteur de la moyenne à 2,6%, à l'image du CIC et du Crédit Mutuel. D'autres banques ont affiché des performances supérieures (et avant toute bonification) comme la Société Générale pour les contrats Sequoia et Erable Essentiel dont le rendement de base a atteint 2,85% ou encore BNP Paribas et son taux à 3% pour l'ensemble de ses contrats et notamment Multiplacements 2.
À quoi s'attendre en 2024 ?
Le cabinet Facts & figures estime que le taux moyen ne devrait pas dépasser les 2,5%. Une légère baisse qui s'explique d'abord par l'incapacité des assureurs à piocher à nouveau dans leurs réserves afin de servir de meilleurs rendements. Dans ce contexte, les mutuelles pourraient continuer à faire encore mieux que leurs concurrents cette année.
