L'année 2024 a été bien décevante pour la Bourse de Paris, avec un indice CAC 40 abandonnant 3%, « plombé par la forte sous-performance du secteur du luxe et des flux sortants au deuxième semestre liés à l'instabilité politique dans le pays », comme le précise Michel Douin, gérant de portefeuille chez Cholet Dupont Oudart.
Pourtant, l'an dernier, les principaux indices boursiers mondiaux ont affiché des gains à deux chiffres, notamment aux Etats-Unis, grâce à l'engouement pour les valeurs du secteur technologique, avec une progression de 24% pour le S&P 500, 31% pour le Nasdaq 100 et 13% pour le Dow Jones. Et, l'Europe n'a pas été en reste puisque les cours de l'indice Euro Stoxx 50 ont augmenté de 8,5% dans le même temps, avec un Dax allemand en hausse de près de 20%, expliqué notamment par le très beau parcours de l'éditeur de logiciel SAP en 2024 (+71,71%).
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Pénalisé par les valeurs du luxe et l'instabilité politique
A l'inverse, le CAC 40 a été pénalisé l'an dernier par la contre-performance significative des valeurs du luxe qui représentent les principales pondérations de l'indice phare de la place de Paris : LVMH (-15%), L'Oréal (-26%) et Kering (-42%). Pour les professionnels, la principale explication à cette contre-performance tient au ralentissement économique en Chine qui pèse actuellement sur la confiance des ménages, avec la crainte que cette morosité ambiante conduise à un moindre appétit pour les produits de luxe tricolores.
Mais, le recul du CAC 40 est également la conséquence de l'instabilité politique constatée en France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale du mois de juin 2024. De quoi provoquer un sentiment de défiance de la part des investisseurs face aux incertitudes liées à la stabilité du gouvernement mais aussi à l'absence actuelle de budget pour l'année 2025.
Des facteurs de soutien
Pourtant, les perspectives de la Bourse de Paris sont loin d'être moroses. En effet, d'après le consensus Factset, les analystes prévoient que les bénéfices des sociétés composant l'indice CAC 40 progresseront de près de 9% cette année. De plus, la poursuite du mouvement de baisse des taux directeurs engagé par la Banque centrale européenne (BCE) devrait soutenir l'activité économique dans les mois à venir et aider ainsi les mastodontes de la place parisienne à voir leur profit progresser.
Autre point positif comme le rappelle les experts de la société de gestion Edmond de Rothschild, « le marché des actions européennes, et notamment français reste historiquement bon marché, notamment par rapport aux Etats-Unis ». Dans ce contexte, selon eux, « il n'est pas impossible que l'on assiste l'an prochain à une changement du sentiment des investisseurs qui pourrait conduire à une revalorisation des actions françaises ».
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Même si la prudence s'impose
Parmi, les secteurs qui pourraient bénéficier d'une tendance positive en 2025, Alexandre Hezez, stratégiste et allocataire au sein du Groupe Richelieu, recommande notamment de suivre de près les titres du secteur de la défense, qui pourraient « tirer profit d'une éventuelle hausse des dépenses militaires des grandes puissances européennes ».
Il n'en reste pas moins que ce dernier est moins optimiste en revanche pour le secteur du luxe qui pourrait pâtir du relèvement prochain des tarifs douaniers aux Etats-Unis, annoncé récemment par Donald Trump, fraichement élu à la Maison Blanche. C'est sans doute ce qui explique qu'il convient de rester prudent sur le marché boursier européen et français en 2025 selon lui. D'autant plus qu'à cela, « il convient d'ajouter le risque politique qui pèse actuellement sur la France », ajoute-t-il.
Pour ne rien arranger, une récente étude publiée par le Cercle des économistes rappelle qu'en France, « le moral des chefs d'entreprise est au plus bas, tandis que les perspectives économiques et d'emploi restent incertaines ». Du reste, les spécialistes conseillent aux épargnants de conserver des liquidités afin de profiter d'éventuels achats à bon compte en cas de correction boursière. Et pour éviter toute déconvenue, ces derniers rappellent que tout investissement en Bourse, en France, comme ailleurs, présente un risque de perte en capital et ne doit s'envisager que dans une perspective à long terme.