Les actifs sous gestion en France ont atteint un record en 2013, car la bonne santé de la Bourse a compensé la panne de l'épargne financière des particuliers et des investisseurs institutionnels nationaux, a indiqué mardi l'Association française de gestion financière (AFG).

L'an dernier, l'encours des sociétés de gestion françaises a atteint 3.023 milliards d'encours globaux, soit 3,1% de plus qu'en 2012, selon le bilan annuel de l'AFG, qui fédère ces entreprises. « Nous passons pour la première fois la barre des 3.000 milliards d'euros », a commenté le délégué général de l'association, Pierre Bollon, lors d'une conférence de presse.

Ce record masque toutefois un bilan plus contrasté pour la gestion française. Les encours ont été propulsés par l'épargne étrangère et la bonne santé de la Bourse en 2013. Mais l'épargne financière des particuliers et celle des investisseurs institutionnels hexagonaux reste elle atone : ils privilégient l'épargne réglementée, sans risque, comme le livret A.

+15% pour les fonds orientés action

« L'industrie française de la gestion d'actifs et ses clients ont bénéficié en 2013 d'effets marché largement positifs pour les produits orientés actions », résume l'AFG dans un communiqué. Les actifs gérés sous mandat (produits financiers individualisés) et les fonds de droit étranger gérés en France, ont ainsi progressé de 5,2% l'an dernier. Pour les seuls fonds (organismes de placements collectifs ou OPC) de droit étranger gérés en France, ils progressent de 4%, et dépassent les 200 milliards d'euros.

Dans le même temps, les fonds de droit français ont augmenté de 1,2%, à un rythme moindre. « L'embellie boursière de 2013 a largement bénéficié aux fonds orientés actions », qui voient leurs encours augmenter de 14,9%, souligne l'AFG. Elle profite aussi aux fonds diversifiés (+7,1%). Alors que les actions offrent un fort rendement, les placements investis sur d'autres produits financiers ont connu une baisse de leur encours. Les fonds obligataires et les fonds monétaires sont respectivement en baisse de 2,3% et de 13,1%.

Concurrence du Livret A et de l'assurance-vie

Si les performances des marchés actions ont retenu l'attention, elles n'ont pas suffi à enrayer la frilosité des Français en matière d'épargne. « Les deux moteurs de la gestion, la demande des particuliers et celles des investisseurs institutionnels, sont tous les deux en panne », constate Pierre Bollon.

Les sociétés de gestion sont ainsi confrontées à « l'attrition des réserves de nombreux investisseurs institutionnels » et à la « baisse des placements financiers des ménages », pointe l'AFG. Auprès de ces acteurs, l'épargne financière souffre notamment de « la forte concurrence de l'épargne réglementée (...) et du retour des souscriptions nettes positives de l'assurance vie » en 2013, observe-t-elle.

La France sur le podium européen

Dans ce contexte défavorable, le nombre de sociétés de gestion de portefeuille (SGP) continue pourtant de croître, avec 613 entreprises. 38 nouveaux acteurs ont vu le jour en 2013.

« Les sociétés sont allées chercher leur marché là où il est. L'épargne financière ne se développe plus en France, mais elle est très vigoureuse dans le reste du monde », conclut le président de l'AFG, Paul-Henri de La Porte du Theil. Selon lui, « la France devient réputée pour sa gestion action, ce qui n'était pas le cas il y a 10 ans ».

En Europe, la France est le troisième pays d'implantation des équipes gestionnaires de fonds d'investissements, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne.