Ce qu'il faut retenir de la journée en bourse, avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Luxe : Les montagnes russes

L'édition de ce soir est largement dédiée au secteur du luxe. Il fait clairement la pluie et le beau temps en ce moment à la Bourse de Paris. Après sa forte progression hier, c'est la douche froide ce soir. En cause, la Chine ! Encore une fois.

C'est un véritable bras de fer qui se joue actuellement entre Pékin et Bruxelles, provoquant une forte volatilité en Bourse sur les groupes de luxe et de spiritueux. De quoi rappeler aux investisseurs la guerre commerciale de 2018... L'Union européenne va saisir l'Organisation mondiale du commerce pour contester les mesures antidumping annoncées aujourd'hui par la Chine sur les importations de cognac. Le tacle de Pékin fait suite à la décision de l'UE d'augmenter ses taxes sur les voitures électriques chinoises. Le Bureau national interprofessionnel du cognac appelle à une désescalade, alertant sur les conséquences catastrophiques de ces mesures pour les producteurs français, dépendant en partie de la consommation chinoise. Bruxelles défend ses sanctions contre les constructeurs chinois comme étant « appropriées et proportionnées » et visant à rétablir une concurrence équitable face aux subventions massives dont ils bénéficient.

Dans ce contexte, les sanctions boursières sont particulièrement lourdes, on en reparle dans la suite du Journal. Ce soir, le CAC 40 cède 0,72% à 7 521 points et revient en territoire négatif sur l'ensemble de l'année. Côté américain, Wall Street semble bien loin de ces considérations ! Ses indices sont faiblement pondérés sur les valeurs du luxe. Le S&P 500 et le Nasdaq progressent pour le moment de 0,74% et 1,12%, tout près de leurs plus hauts niveaux historiques.

Les valeurs : Les valeurs du luxe, Renault et Novacyt

Les valeurs du luxe - Le secteur du luxe prend une grosse claque aujourd'hui. Ou plutôt, deux claques. Kering dévisse de 4,45%, LVMH perd 3,57% et Hermès cède 0,6%. D'une part, les investisseurs digèrent l'absence de nouvelles mesures de soutien économique de Pékin, après les rumeurs d'hier. La déception est d'autant plus forte que le marché attendait des annonces concrètes pour relancer la consommation chinoise, moteur crucial pour la croissance des entreprises du luxe. Mais ce n'est pas tout. La Chine impose d'autre part un dépôt de caution sur les importations d'eaux-de-vie européennes, comme le cognac. Résultat, les groupes de spiritueux trinquent : Rémy Cointreau (-6,37%) et Pernod Ricard (-4,18%) clôturent dans les bas-fonds du SBF, redoutant de lourdes taxes douanières en réponse aux mesures européennes contre les véhicules chinois. Une séance noire pour les valeurs dépendantes de la Chine...

Renault - Renault reprend des couleurs en Bourse avec une hausse de 2,95% à 38,09€, après un briefing jugé rassurant par les analystes de Bernstein. Alors que ses rivaux Volkswagen, Stellantis et Mercedes-Benz ont récemment abaissé leurs perspectives, le groupe au losange a réitéré ses objectifs pour 2024, apaisant ainsi les inquiétudes des investisseurs. Renault maintient sa prévision de marge opérationnelle à 7,5% et vise un flux de trésorerie libre d'au moins 2,5 milliards d'euros. De plus, le lancement de la R5 électrique suscite l'enthousiasme, avec des premières commandes supérieures aux attentes, augurant un potentiel succès pour 2025. Le titre gagne désormais près de 3% depuis le début de l'année.

Novacyt - Le spécialiste des solutions de diagnostic moléculaire, éligible au PEA-PME, recule de 6,98% à 0,69€ après l'annonce de la fermeture de sa filiale IT-IS International Limited, achetée en 2020 pour répondre à la demande liée au Covid-19. Le marché des instruments PCR est désormais saturé et la filiale a accumulé des pertes, incitant Novacyt à fermer cette entité afin d'améliorer ses bénéfices. L'entreprise conserve toutefois les droits de propriété intellectuelle pour poursuivre un litige en cours avec Roche Diagnostics. Depuis le début de l'année, le titre cède 1%.

Demain à la Une : luxe, le calendrier boursier

Demain, la Fed dévoilera le compte-rendu de sa dernière réunion de politique monétaire, à 20h, heure française. L'évènement est assez attendu mais pas autant que les chiffres de l'inflation américaine qui seront dévoilés jeudi.

En parallèle, les investisseurs continueront de surveiller de près trois sujets dans les prochaines séances : le bras de fer avec la Chine, l'évolution géopolitique au Moyen-Orient et la saison des résultats du troisième trimestre. Vendredi, les financières américaines ouvriront le bal. LVMH publiera ses résultats le 15 octobre. L'Oréal le 22, Kering le 23 et Hermès le 24.

Le monde d'après : Luxe et pétrole, même combat !

Le marché pétrolier et le secteur du luxe subissent de plein fouet les conséquences des nouvelles décevantes en provenance de Chine. Ce mardi, les cours du pétrole dévissent de plus de 5%, avec un Brent qui a brièvement chuté sous les 77$ le baril. La Chine, premier importateur mondial de pétrole, n'a rien annoncé de concret pour relancer son économie, et ça se voit !

Du côté du luxe, c'est la même histoire : la faiblesse de la demande chinoise continue d'éroder la performance du secteur... Pire encore, l'abondance de la production pétrolière, notamment en Libye, et la capacité inutilisée de l'OPEP+ ajoutent de la pression à la baisse sur les prix du brut.

Le luxe et le pétrole sont donc liés dans une danse qui dépend en grande partie de la situation économique chinoise. Quand Pékin tousse, ces deux secteurs attrapent un rhume. Malgré ce contexte, nous restons confiants sur Total, le fleuron français incontournable. Nous vous détaillons notre analyse à court et long terme.

Le lexique : Le pricing power

Le pricing power des valeurs du luxe désigne leur capacité à fixer des prix élevés tout en maintenant une forte demande pour leurs produits. Les grandes maisons de luxe, comme LVMH, Hermès et Kering, bénéficient de cette force en raison de la rareté, de la qualité exceptionnelle et du prestige associés à leurs marques.

Ce pouvoir leur permet d'augmenter régulièrement leurs prix sans affecter significativement leur base de clients, souvent très fidèle et peu sensible aux fluctuations économiques. Le pricing power protège ainsi ces entreprises de l'érosion des marges face à l'inflation ou aux coûts de production, et renforce leur rentabilité à long terme. C'est un élément clé qui explique la résilience remarquable des valeurs du luxe sur le long terme.