La société de gestion d'actifs H2O a annoncé mercredi proposer une porte de sortie pour les épargnants dont les fonds sont bloqués depuis 2020, en rachetant leurs parts pour 250 millions d'euros.

Cette offre est possible grâce à un accord conclu avec le régulateur britannique des marchés financiers(FCA), qui a indiqué mercredi avoir constaté de « sérieuses violations » qui auraient pu donner lieu à « une amende importante » contre H2O. Mais le régulateur « a accepté que l'entreprise mette 250 millions d'euros à disposition de tous ceux dont les investissements sont restés bloqués », selon un communiqué publié mercredi.

Depuis août 2020, sept fonds gérés par H2O, représentant plus de 1,6 milliard d'euros, sont bloqués dans des fonds cantonnés dits « side pockets », en raison d'une part trop importante investie dans des titres de dette de Tennor, la holding de Lars Windhorst, des actifs difficiles à évaluer et à échanger.

H2O affirme dans son communiqué mercredi que « cette offre de 250 millions d'euros permettra une sortie accélérée et définitive des fonds cantonnés et s´ajoutera aux 229 millions d'euros déjà remboursés ». La somme de 250 millions sera distribuée de « manière égalitaire » aux investisseurs qui accepteront de vendre leur part dans les fonds cantonnés à la branche britannique de H2O.

L'offre de H2O prévoit également qu'ils « renonceront à toute action contre le Groupe H2O AM et contre tout tiers en relation aux investissements relatifs aux entités liées à Tennor Holding BV et à leur gestion ».

Un préjudice total de plus de 800 millions d'euros

L'association Collectif Porteurs H2O, qui représente plus de 9 000 investisseurs de H2O, avait déposé une assignation contre H2O Asset Management, Natixis Investment Managers, qui détient encore une partie de la société britannique, la filiale de Crédit Agricole Caceis ainsi que le cabinet d'audit KPMG, afin de réclamer réparation.

Le « préjudice total », qui inclut les pertes de fonds investis, les dommages et les frais de justice, s'élève à 806,4 millions d'euros selon l'association.

L'accord signé entre la FCA et H2O « ne concerne que les deux parties qui l'ont signé », a réagi mercredi dans un communiqué le Collectif Porteurs H2O, ajoutant que l'accord n'a été « ni présenté, ni discuté » avec des porteurs de parts. Le collectif dénonce quand même comme « choquant » le « faible montant » du remboursement estimant que « seule l'action judiciaire qu'elle a engagée » permettrait aux investisseurs de récupérer « l'intégralité de leurs pertes ».

H2O et ses deux fondateurs ont été condamnés à une amende totale de 93 millions d'euros par l'Autorité des marchés financiers pour cette affaire en 2023. Dans son communiqué de mercredi, le gendarme britannique a estimé que H2O « a échoué » dans sa « mission de gérer correctement ses fonds et de protéger les investisseurs » et n'avait pas de procédures adéquates de gestion des conflits d'intérêt.

« Pour aggraver les choses, [H2O] a fourni à plusieurs reprises des informations trompeuses à la FCA », dont « des archives et comptes-rendus de réunions fabriqués de toutes pièces ». La société indique mercredi que sa branche britannique « n'est désormais plus sujette à une enquête de la FCA » et va renoncer à ses agréments au Royaume-Uni.