Alors que l'été bat son plein, le ciel va-t-il s'assombrir à la rentrée pour les emprunteurs ? Une chose est sûre : après des mois de baisses continues, les taux de crédit semblent avoir atteint un palier. « Pour la première fois depuis le mois de septembre 2023, aucune banque n'a baissé ses taux, analyse Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer. Au mois d'août, quatre banques ont même décidé de remonter leurs barèmes. »
Les hausses restent mesurées : « Il n'y a pas d'ajustement massif en ce début de mois d'août, assure Laura Martino, directrice des partenariats bancaires chez CAFPI. Les ajustements vont de 3 à 10 points sur base ». Un ajustement estival qui s'explique par la volonté des banques de coller à leurs propres coûts de refinancement. « Aujourd'hui, le coût de refinancement pour les banque est autour de 3,5%, dévoile Laura Martino. Les taux moyens étant actuellement à 3,27%, les banques perdent actuellement de l'argent sur le crédit immobilier. »
Des banques plus attentives à la rentabilité
Peut-on alors s'attendre à des hausses plus soutenues à la rentrée, voire d'ici la fin de l'année ? « Le crédit immobilier reste un produit d'appel qui permet de capter de nouveaux clients, et les banques peuvent reconstruire leurs marges sur d'autres produits », tempère Laura Martino.
Pas question cependant pour les établissements bancaires de perdre trop d'argent. « Les banques sont de plus en plus attentives à la rentabilité des crédits qu'elles accordent », confirme Sandrine Allonier.
D'autant que contrairement aux années passées, le marché du crédit immobilier a repris des couleurs ces derniers mois. « Sur les 5 premiers mois de l'année, la production de crédit est en hausse de 48% par rapport à l'année dernière et cette tendance devrait se confirmer sur les mois d'été, rappelle la porte-parole de Vousfinancer. Les établissements bancaires peuvent décider de baisser leurs taux pour deux raisons : parce qu'elles en ont la possibilité, ce qui n'est donc pas le cas aujourd'hui, ou pour des raisons commerciales. Aujourd'hui, les banques n'ont pas d'obligation de baisser leurs taux pour capter absolument des emprunteurs, elles ne sont pas en retard sur leurs objectifs. »
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Une vision partagée par le courtier CAFPI, pour qui les dynamiques pourraient changer d'ici la fin de l'année. « Les banques mutualistes ont eu un premier semestre assez agressif et sont en avance sur leur objectif de production, on peut donc penser qu'elles le seront un peu moins sur le deuxième semestre. À l'inverse, on a des banques nationales qui ont temporisé sur le début d'année et qui devraient donc se repositionner sur la fin 2025. Quand les banques ont atteint leurs objectifs, elles peuvent avoir tendance à faire moins d'efforts ou à recentrer leurs efforts. »
Des taux qui ne devraient plus baisser
L'avenir est de plus assez incertain. « La BCE a décidé le 24 juillet de faire une pause après avoir baissé ses taux 8 fois de suite. Les banques anticipent donc une hausse dans les conditions de refinancement, explique Sandrine Allonier. La politique monétaire de Trump, comme les discussions autour du projet de loi de finances à l'automne, sont autant de dossiers qui peuvent également avoir un impact sur les taux de refinancement des banques. À court terme, selon moi, rien ne devrait inciter les banques à baisser à nouveau leurs taux. »
Concrètement, quels seront les taux dans les prochains mois ? « En septembre, il pourrait y avoir quelques hausses isolées mais les taux vont rester stables », anticipe Sandrine Allonier. De son côté, Laura Martino estime qu'il est possible de voir des taux à 3,30% à la rentrée (contre 3,27% aujourd'hui, NDLR) : « On n'envisage pas de hausse significative d'ici la fin de l'année, mais on peut envisager des taux autours de 3,5%. »
Tous les emprunteurs ne seront cependant pas logés à la même enseigne. « Au cas par cas, les banques sont encore capables de proposer des taux très avantageux, dévoile Sandrine Allonier. Si les taux de crédit ne baissent plus, on peut s'attendre à des décotes de taux au cas par cas. On risque donc d'avoir des écarts de taux encore plus importants entre les différents profils d'emprunteurs. »