Arrivé en tête du second tour des élections législatives, le Nouveau Front Populaire est cependant loin de la majorité absolue. Parmi les mesures phares contenues dans le programme de la coalition de gauche figure le rétablissement de l'impôt sur la fortune.

C'est une thématique qui a fait son retour, dans le monde entier, avec la flambée d'inflation qui a suivi la pandémie de Covid : durcir la fiscalité qui s'applique aux plus riches pour permettre une meilleure redistribution de la richesse créée. De nombreux pays européens (l'Italie, l'Autriche, l'Irlande, etc.) ont, par exemple, mis en place de substantielles taxes sur les superprofits réalisés par les grandes entreprises (celles du secteur de l'énergie en particulier) grâce à la crise.

En France, dans le cadre de la campagne des législatives, la question s'est également posée d'un retour de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Cette contribution a disparu en 2017, au moment de l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, remplacée par un IFI centré sur les uniques biens immobiliers.

En France, les revenus des ménages figurant parmi les 0,1% les plus riches sont ainsi moins taxés, en proportion, que ceux du reste des ménages imposés, selon une note de l'Institut des Politiques Publiques (IPP) publiée en juin 2023. C'est notamment pour corriger ce paradoxe que le Nouveau Front Populaire, la force politique arrivée en tête aux élections législatives avec 182 députés, a annoncé son intention de rétablir un impôt fléché sur les plus riches.

Barème de l'impôt, retour de l'ISF, CSG... Ce que programme le Nouveau Front populaire

Le NFP veut un ISF élargi

Ce retour de l'ISF fait consensus au sein de la coalition de gauche, qui regroupe le Parti Socialiste, Les Ecologistes, le Parti Communiste Français et la France Insoumise. C'est aussi un des piliers de son programme fiscal. Ce n'est cependant pas l'ISF de 2017 que la gauche souhaite rétablir, mais un dispositif renforcé et accompagné d'un volet climatique. Objectif : multiplier par trois les recettes de cet impôt, qui rapportait à l'époque de 4 à 5 milliards d'euros par an.

Pour y parvenir, le NFP compte d'abord agir sur le barème. Celui de l'actuel IFI, hérité de l'ancien ISF, concerne les patrimoines immobiliers dont la valeur nette taxable dépasse 1,3 million d'euros. Les ménages concernés sont alors taxés à partir de 800 000 euros, à un taux progressant de 0,5%, de 800 000 à 1,3 million d'euros, à 1,5% au-delà de 10 millions d'euros.

Pour toucher les plus grandes fortunes, de nouvelles tranches pourraient être créées pour atteindre 3% au-delà de 100 millions d'euros. Le seuil d'entrée dans le dispositif, situé à 1,3 million d'euros, pourrait en revanche être relevé, pour cibler en priorité « les contribuables pour lesquels le système fiscal actuel présente des défaillances », ont expliqué les économistes Julia Cagé et Gabriel Zucma, lors d'un point presse consacré au programme économique et fiscal du NFP.

Concernant l'assiette, la coalition de gauche souhaite l'élargir pour réintégrer le patrimoine financier, mais également y inclure les biens professionnels, sauf pour les dirigeants de PME.