Les Jeux olympiques de Paris 2024 se sont achevés dimanche soir, l'heure de faire le bilan comptable pour les Français. Les médaillés bénéficient d'une prime de 80 000 euros pour l'or, de 40 000 euros pour l'argent et de 20 000 euros pour le bronze. Des sommes théoriquement imposables, si une mesure exceptionnelle n'est pas mise dans le budget 2025.

16 en or, 26 en argent et 22 en bronze : de nombreux athlètes français sont repartis des Jeux olympiques de 2024 avec une ou plusieurs médailles. Ce précieux métal s'accompagne d'une prime allant de 20 000 euros pour une médaille de bronze à 80 000 euros pour une médaille d'or, des montants fixés par un décret ministériel du 30 janvier dernier. Ils ont fortement été revalorisés par rapport aux Jeux olympiques de Tokyo, en 2021, édition pour laquelle un médaillé d'or touchait 65 000 euros.

Mais depuis 2011, ces gains perçus sont imposables. Dans un rapport publié avant de rendre ces primes imposables, le Sénat précisait que « la réintégration dans l'assiette de l'impôt sur le revenu des primes accordées par l'État (notamment aux sportifs médaillés) n'a pas pour objet principal de préserver les recettes budgétaires mais elle a une valeur symbolique : tous les revenus doivent contribuer à l'effort contributif national ». Ainsi, en 2025, tous les athlètes médaillés aux Jeux olympiques et paralympiques devront intégrer cette somme à leurs revenus habituels de l'année 2024.

Primes étalées sur 4 ans

Selon les règles de droit commun, les primes versées aux athlètes sont imposées au barème progressif de l'impôt sur le revenu applicable aux traitements et salaires, après abattement de 10% ou déduction des frais réels. Concrètement, avec ses 80 000 euros de prime, un médaillé d'or « dont les autres revenus le positionnent déjà à un taux marginal d'imposition (celui s'appliquant à la tranche la plus élevée de ses revenus) de 30% devra tout de même verser 21 600 euros supplémentaires au fisc », calcule Le Parisien (1).

Il existe, néanmoins, des dérogations pour ne pas payer plein pot, notamment pour ceux qui ne perçoivent pas, habituellement, des revenus aussi conséquents. Les athlètes médaillés peuvent bénéficier du dispositif d'étalement des primes sur 4 ans, selon l'article 163-0 A Ter du Code général des impôts. En clair, le montant perçu est divisé en quatre parts égales à ajouter aux revenus de 2024, 2025, 2026 et 2027. Si un athlète opte pour cette solution, il doit en faire la demande par écrit lors de sa déclaration de revenus en 2024. Il ne pourra, ensuite, pas revenir en arrière, l'option étant irrévocable.

Pour reprendre l'exemple d'un médaillé d'or dans la tranche à 30%, avec l'étalement sur 4 ans, le surplus d'impôt serait alors ramené à 5 400 euros en 2025, avec probablement un surplus similaire lors des 3 années suivantes.

Tous nos dossiers sur les impôts

L'astuce du système du quotient

Les sportifs peuvent également choisir le système du quotient, qui « consiste à ajouter le quart du revenu exceptionnel au revenu habituel, puis à multiplier par quatre le supplément d'impôt correspondant », explique la DGFiP sur son site internet. Cette option, où l'impôt relatif au revenu exceptionnel est payé en une seule fois, « permet d'éviter qu'une partie de cette prime soit éventuellement imposée dans une tranche supérieure du barème de l'impôt ».

Exemple avec le système du quotient

Prenons une médaillée en or qui déclarerait chaque année 30 000 euros de revenu imposable. Elle paie en 2024 un impôt annuel de 1 637 euros selon le simulateur du fisc (tranche à 11%).

Sans l'astuce du quotient. Cette athlète, célibataire et sans enfant, verrait son impôt s'envoler à 24 819 euros (avec le barème 2024 sur les revenus 2023, le barème 2025 n'étant pas connu), puisqu'une partie de ses revenus grimperait jusqu'à la tranche à 41% du barème. Soit 23 182 euros d'impôt en plus à cause de sa prime de médaillée !

Avec l'astuce du quotient. En réalisant un calcul simplifié (le simulateur sur impots.gouv.fr ne permet pas de tester le système du quotient), l'impôt de cette championne serait de 9 557 euros, soit 7 920 euros en plus « à cause » de son succès aux JO.

Impôts 2024 : quelles tranches du barème s'appliquent à vos revenus ?

Une prime réduite de 15% pour les athlètes ne résidant pas en France

Ces choix ne s'offrent pas aux athlètes qui ne résident pas en France car ils ne sont (le plus souvent) pas fiscalisés en France mais dans leur pays de résidence. Selon l'arrêté ministériel du 30 janvier, les primes versées aux sportifs n'ayant pas leur résidence fiscale dans l'Hexagone sont minorées de 15% pour les Jeux olympiques et paralympiques à Paris.

Concrètement, Léon Marchand, avec ses quatre médailles d'or et sa médaille de bronze, aurait pu toucher la coquette somme de 340 000 euros. Mais le nageur réside aux États-Unis, ce qui ampute son gain de 51 000 euros. Il ne perçoit, en réalité, « que » 289 000 euros.

Une proposition dans le budget 2025 ?

Les sportifs vont-ils réellement payer des impôts sur leur gain ? Dans le passé, les primes des athlètes ayant gagné une ou plusieurs médailles aux Jeux d'été à Rio en 2016 et d'hiver à PyeongChang en 2018, avaient été exceptionnellement défiscalisées. Ces derniers jours, plusieurs voix se sont élevées pour que la mesure s'applique aussi pour les jeux de Paris, à commencer par David Douillet. Il a qualifié de « scandale » l'imposition des primes. « Pour certains athlètes, c'est de l'argent de poche, et pour d'autres, dans des petits sports, c'est immense. Fiscaliser ça ? Je trouve que c'est une honte », a-t-il asséné lundi dernier.

JO 2024 : pas d'impôt pour les primes des médaillés français ? Bruno Le Maire veut une mesure dans le budget 2025

« Je proposerai qu'elles soient défiscalisées dans le prochain budget 2025, a répondu Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l'Economie, jeudi, dans Le Figaro. C'est la prochaine majorité, le prochain gouvernement qui décidera, par un vote souverain, dans le budget 2025, s'ils suivent la proposition que je fais. » Le prochain budget sera débattu à l'automne par l'Assemblée nationale.

(1) Le calcul du Parisien se base sur le cas d'un médaillé dont la prime ne fait pas basculer son foyer fiscal dans une nouvelle tranche (72 000 euros de revenus supplémentaires, après abattement, imposés à 30%).