La baisse des taux de la Banque centrale européenne est attendue pour le 6 juin. Quelles vont-être les conséquences pour la rémunération des différents produits d'épargne ?
La messe est dite, ou presque. Avec le ralentissement confirmé de l'inflation, +2,2% en avril sur un an en France par exemple, la Banque centrale européenne (BCE) prépare le terrain à une première baisse de ses taux d'intérêts le 6 juin. Les marchés anticipent même jusqu'à trois baisses de taux cette année, aujourd'hui à un niveau record.
Dans ce contexte, de nombreux épargnants, comme ici sur le forum de MoneyVox, s'interrogent sur l'évolution de la rémunération de leurs placements en 2024. Voici quelques éléments de réponse selon le type de produit.
Le Livret A protégé
C'est un cas exceptionnel. La formule de calcul du taux du Livret A est liée à l'évolution de l'inflation hors tabac et de l'€STR, un indice qui reflète les taux d'intérêt des prêts en euros contractés à court terme par les banques de la zone euro. En théorie, une baisse des taux de la BCE devrait, à terme, faire reculer l'€STR. Et si l'on ajoute le recul de l'inflation, le taux du Livret A devrait lui aussi mécaniquement être sous pression.
Sauf que le gouvernement a décidé l'été dernier de geler le taux du Livret A à 3% jusqu'en janvier 2025. Une bonne nouvelle désormais pour les 55 millions de particuliers qui en ont un, car à 3%, le taux du Livret A est supérieur à l'inflation, aujourd'hui à 2,2%. Le placement préféré des Français vous fait à nouveau gagner du pouvoir d'achat ! ll fallait remonter en 2020 pour voir le rendement du Livret A faire jeu égal avec l'évolution des prix.
Le LEP sous pression
Depuis le 1er février, le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) est fixé à 5% après un pic à 6%. Son rôle étant de protéger l'épargne des Français de l'inflation, sa rémunération suit l'évolution des prix au cours du semestre précédent la révision de son taux. Celle-ci étant attendue à 2,5% sur les six premiers mois de l'année, le taux du LEP à compter du 1er août devrait, a priori, passer lui aussi à 2,5%. Sauf qu'il ne peut pas être inférieur au taux du Livret A, majoré de 0,5 point.
Selon l'économiste Philippe Crevel, le prochain taux du LEP devrait être compris entre 3,5% et 4%. En effet, le gouvernement pourrait décider de freiner sa chute à 4% afin de donner un coup de pouce à l'épargne populaire et inciter les millions d'épargnants éligibles à ce produit d'en ouvrir un. Sur les 19 millions de bénéficiaires potentiels, 7,5 millions ont oublié d'ouvrir un LEP.
Les fonds euros de l'assurance vie au beau fixe
L'année 2023 a été marquée par un net rebond de la rémunération des fonds euros de l'assurance vie passant de 1,9% en 2022 à 2,6%. « Avec la remontée des taux des banques centrales, les assureurs ont pu réinvestir sur des obligations avec des rendements élevés, même si les fonds euros ont une certaine inertie liée aux investissements sur des obligations à faibles rendements lors des années précédentes. Les assureurs ont également puisé dans leurs réserves pour augmenter la rémunération », analyse Gildas Robert, directeur exécutif d'Accenture.
Une stratégie payante puisque pour la première fois depuis 2021, la collecte nette a été positive sur les fonds en euros au premier trimestre.
« Un afflux de liquidités qui va être investi sur des obligations plus rémunératrices. C'est ce qui devrait permettre aux assureurs de redresser le taux de rendement des actifs et les conduire à attribuer pour 2024 une rémunération moyenne au moins égale à celle de 2023, voire même un peu supérieure jusqu'à 2,8% par exemple », estime Gildas Robert.
(*) il s'agit des taux moyens de rémunération des fonds en euros calculés chaque année par l'ACPR.
© MoneyVoxEt ce malgré la baisse des taux d'intérêt par la BCE anticipée par les marchés. Ce possible assouplissement de la politique monétaire « aura un impact limité car celle-ci va rester modérée et les fonds en euros sont soumis à l'inertie liée aux investissements passés. Cette baisse des taux pourrait par ailleurs profiter aux marchés actions. J'anticipe enfin que les assureurs qui le peuvent vont encore une fois puiser dans leurs réserves pour améliorer le taux servi en 2024 », souligne le directeur exécutif d'Accenture.
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Les livrets bancaires
225 milliards d'euros. Voici le montant de l'épargne placée par les Français sur les livrets bancaires, ces livrets commercialisés par les banques et utilisés pour mettre son épargne de précaution à court terme une fois que le Livret A et le LDDS ont fait le plein.
Une épargne mal rémunérée, malgré les hausses de taux répétées par la BCE ces dernières années. En moyenne, les livrets dits ordinaires avaient une rémunération brute de 0,91% en mars, selon les derniers chiffres de la Banque de France. La baisse des taux de la BCE de 0,25 point qui se profile en juin devrait donc avoir un impact limité.
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« Nous n'avons pas vocation à concurrencer le taux des livrets réglementés, mais souhaitons en rester proches en termes de rémunération »
En revanche, à côté des livrets ordinaires, plusieurs établissements spécialisés proposent des taux boostés. C'est le cas de certaines banques en ligne comme Fortuneo et Monabanq avec un taux à 5% pendant 3 mois ou encore les banques des constructeurs automobiles comme Renault Bank. Son livret Zesto passe à 4,5% brut sur 3 mois, pour revenir ensuite à 3%.
De son côté, le livret de Distingo Bank, adossée au constructeur Stellantis, propose du 3% brut. « En ce qui concerne l'évolution des taux, nous attendons comme les autres la décision de la BCE, le 6 juin mais nous prenons également en compte notre besoin en liquidité, ainsi que le niveau de rémunération des livrets règlementés pour répondre au mieux aux attentes de nos clients. Le livret Distingo est une offre complémentaire à celle du Livret A qui va rester à 3% d'ici janvier 2025. Nous n'avons pas vocation à concurrencer le taux des livrets réglementés, mais souhaitons en rester proches en termes de rémunération et de simplicité », explique Sarah Zamoun, responsable de l'activité de Distingo Bank. Dans ce contexte, les taux des livrets bancaires sont amenés à se stabiliser ou légèrement baisser selon elle.
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Les comptes à terme
Le succès des comptes à terme ne se dément pas. L'encours est passé de 80 milliards d'euros en janvier 2023 à 171 milliards d'euros en mars 2024. En un an, le taux moyen sur les comptes à terme inférieur à 2 ans est passé de 2,48% à 3,61%. Mais cette rémunération est déjà inférieure au pic de 3,92% enregistré en décembre. Depuis, le début de l'année les offres sont (un peu) moins alléchantes.
La banque en ligne Monabanq a baissé ses taux passant de 4,40% à 3,60% pour le CAT 2 ans et de 4,80% à 3,80% pour le CAT 5 ans, par exemple. De son côté, Sarah Zamoun n'anticipe pas de fortes évolutions à venir quant à la rémunération des comptes à terme proposés par Distingo.
Pour sa part, Placement-Direct vient d'annoncer une hausse des taux de rendement de ses comptes à terme jusqu'à 0,40 point. Une stratégie à rebours de celle d'autres établissements qui baissent leurs taux donc.
Malgré tout, la rémunération moyenne des comptes à terme devrait se réduire au cours des prochains mois, au fur et à mesure des baisses de taux directeurs de la BCE. Philippe Crevel anticipe d'ici un an, un taux moyen de 2,5% pour les comptes à terme sur une durée de 12 mois.
