Ils ont acheté un ordinateur ou un téléphone et se sont fait ponctionner plusieurs milliers d'euros sur leur compte : une dizaine de parties civiles ont témoigné jeudi au procès de six sociétés du groupe Indexia poursuivies pour pratiques commerciales trompeuses. 

Certains sont las, d'autres préfèrent l'ironie. Lucile, elle, se sent « naïve », aujourd'hui criblée de dettes et sous la menace d'une société de recouvrement depuis l'achat d'un ordinateur au sein d'un magasin du groupe Fnac-Darty. Elle estime son préjudice à 5 038 euros.

Pendant trois heures, ils sont une dizaine à avoir conté leur histoire à la barre, toutes quasiment identiques : quelques mois après avoir acheté un appareil multimédia dans une grande enseigne, des prélèvements aux montants et aux libellés aléatoires ont commencé à se multiplier, atteignant parfois plusieurs dizaines de milliers d'euros.

A l'origine de ces prélèvements, les sociétés SARL SFK Group, SFAM Celside Insurance, Foriou, Cyrana, Hubside et Serena du groupe Indexia, spécialisé dans les assurances pour téléphones et produits multimédia. Toutes sont jugées depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris aux côtés de leur dirigeant Sadri Fegaier.

Il leur est reproché d'avoir fait souscrire à des centaines de consommateurs des contrats d'assurance pour leurs appareils multimédia et d'avoir élaboré une procédure complexe ayant pour objectif de les décourager dans leurs demandes de résiliation ou de remboursements, entre 2014 et 2022.

Plus de 1 600 personnes se sont constituées partie civile dans cette affaire. Parmi eux, Hans, venu témoigner pour sa femme, affirme avoir « découvert l'horreur » à son retour de vacances. Après avoir acheté plusieurs équipements dans un magasin Fnac, le couple constate que d'importantes sommes d'argent ont été ponctionnées sur leur compte. Le créancier ? La SFAM.

Le couple tente alors de résilier les contrats, et de récupérer son dû. « Nous avons multiplié les appels », assure l'homme d'une cinquantaine d'années. « On nous a proposé trois iPhone neufs quand on a commencé à s'énerver ». Malgré un changement d'établissement bancaire, et les demandes répétées d'annulation et de résiliation, les prélèvements perdurent. L'addition s'élève à plus de 40 000 euros.

« Système opaque »

Même refrain pour Coraline, qui a passé « 69 appels téléphoniques » afin d'essayer de mettre un terme aux multiples prélèvements, et d'obtenir une copie des contrats signés auprès de la SFAM et Foriou en 2017. Au mois d'avril 2023, 300 euros sont débités sur son compte en seulement 10 jours.

Au téléphone, « les conseillers se montraient empathiques, mais sans réponse concrète », affirme la jeune femme. « On me disait que la résiliation n'était pas possible si j'espérais un remboursement ».

Sylvain ignorait quant à lui avoir souscrit des contrats d'assurance quand, au moment du Black Friday de novembre 2018, le père de famille achète deux ordinateurs pour ses filles. En janvier suivant, il constate deux prélèvements bancaires, de 6,99 euros et 15,99 euros, des sommes qu'il impute alors à des forfaits téléphoniques.

Rapidement toutefois, les « petits montants, qui passaient inaperçus » explosent, et atteignent plus de 2 800 euros sur un seul mois, au travers d'une cinquantaine de prélèvements de la SFAM. Il découvre alors « un système de contractualisation très opaque ».

Au téléphone, le téléconseiller lui indique qu'au moment de l'achat, le couple a souscrit un contrat d'assurance et que plusieurs mails leur ont été adressés. « Je découvre dans mes spams ce contrat initial. Il porte mon nom, mais pas ma signature. En regardant plus près, je constate qu'il porte le paraphe du contrat Fnac, qui a été copié sur ce document. C'est un faux », relate-t-il.

Ici aussi, les demandes de résiliation et de remboursements restent sans réponse. Au total, plus de 500 prélèvements, pour un montant total dépassant les 25 000 euros. L'audience a été suspendue et reprendra lundi avec l'audition de Sadri Fegaier, unique personne physique parmi les prévenus.