Avoir une complémentaire santé permet d'être remboursé du reste à charge de certaines dépenses de santé. Pour les étudiants, elle n'est pas obligatoire, mais souvent recommandée. Quelle est la meilleure solution, rester sur celle de ses parents, opter pour une autre complémentaire ? Quel budget prévoir ? On fait le point.

Préparer une rentrée étudiante n'est pas de tout repos. En plus du logement, du matériel ou du transport, avez-vous pensé à souscrire à une complémentaire santé ? Cette assurance souvent appelée mutuelle n'est pas obligatoire pour les étudiants, mais elle permet d'éviter un reste à charge trop important en cas de pépin de santé, puisque la Sécurité sociale ne rembourse en général que 70% des frais. Voici quelques questions à se poser pour faire un choix.

Puis-je bénéficier de la mutuelle d'un parent ou d'un employeur ?

Vous bénéficiez actuellement de l'assurance santé d'un de vos parents ? C'est le cas de 43% des étudiants, selon la dernière étude de la DRESS sur les complémentaires. Si cela convient à votre famille, que vous êtes satisfait des garanties et du tarif, vous n'avez pas forcément besoin de changer.

Le rattachement n'est plus obligatoire après 16 ans, mais il n'est pas rare que des organismes permettent aux enfants de rester ayant droit sur la complémentaire santé d'un parent après 20 ans. Autre point positif : le coût est souvent réduit pour les enfants, c'est moins fréquent, mais cette protection est même parfois accordée gratuitement.

Thierry Mercier, directeur marketing et services d'Harmonie Mutuelle qui propose des offres de complémentaire santé à destination des étudiants y voit cependant un bémol : « La couverture de la mutuelle des parents est souvent très complète, avec des plafonds de remboursement intéressants. Toutefois, elle peut proposer des garanties pour des soins moins adaptés à un étudiant, comme le remboursement de cures thermales ou de soins liés à la maternité. Pour un meilleur équilibre entre le coût de la cotisation et le type de garanties attendu, il peut être préférable de choisir une complémentaire ajustée aux besoins de l'étudiant. »

Autre solution pour les étudiants qui ont un emploi, regarder du côté de la mutuelle de l'employeur. En effet, il a l'obligation de vous en proposer une si vous êtes salarié et de financer 50% du coût des cotisations.

Suis-je éligible à la Complémentaire santé solidaire (CSS) ?

La complémentaire santé solidaire (CSS ou C2S), qui est attribuée aux personnes ayant des ressources modestes, permet d'avoir accès à une complémentaire gratuitement ou à moindre coût (8 euros par mois pour les moins de 29 ans). Pour en bénéficier, il faut en faire la demande sur le site de la Sécurité sociale.

Pour les étudiants, il y a deux possibilités. Si vous avez moins de 25 ans et êtes considéré comme étant à la charge de vos parents, la demande doit être faite pour la famille. Si ce n'est pas le cas, vous devrez faire votre propre demande et seules vos ressources seront comptabilisées. 10% des étudiants sont couverts par la CSS, selon la DREES.

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Dois-je choisir une mutuelle spécialisée étudiants ou grand public ?

Si les solutions précédentes ne sont pas envisageables et que vous souhaitez souscrire à une complémentaire, vous devrez opter pour un contrat individuel. Vous pouvez vous tourner vers un organisme qui propose une complémentaire santé spécialement destinée aux étudiants. Il en existe plusieurs : la SMERRA, la LMDE, la SMENO, Heyme...

Ces acteurs proposent des services particuliers pour les étudiants. Par exemple, à la LDME, « le remboursement des premières consultations psychologiques et des conseils téléphoniques d'infirmières sont incluent pour toutes les formules et la plupart intègrent le remboursement des protections périodiques, des dispositifs pour arrêter le tabac, un forfait de remboursement pour un abonnement à une salle de sport ou pour un abonnement éVlib ou encore pour la contraception. Selon les formules, une assistance à l'international, ou en cas de perte des clefs est aussi possible », liste Ariane Suard, qui en est la directrice.

Si les complémentaires étudiantes sont les plus visibles dans les établissements scolaires, vous pouvez tout aussi bien souscrire auprès d'un organisme « grand public ». Il est d'ailleurs parfois possible d'obtenir des réductions en faisant appel à la même mutuelle que vos parents ou qu'un proche.

Quels sont mes besoins et quel est mon budget ?

Deux paramètres importants pour faire un choix : vos besoins et votre budget. Il est d'abord conseillé de faire le point sur sa situation. Si vous n'avez pas de problèmes de santé, vous pouvez parfois vous contenter des formules moins onéreuses. En revanche, si vous avez des problèmes de vue ou dentaires, dans la mesure du possible, il est préférable de regarder les offres (souvent plus onéreuses) qui remboursent le mieux ces postes de soin pour éviter un reste à charge trop important.

Il est souvent très difficile de s'y retrouver dans les barèmes de remboursement des différentes complémentaires santé. Parfois, un simulateur est proposé en fonction des différentes formules, comme sur le site de la LDME ou des exemples de remboursements, chez la SMERRA.

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Quels sont les tarifs ?

Voici quelques exemples de tarifs. Les complémentaires santé sont parfois proposées sous forme de forfaits. La LMDE propose quatre formules. Une à 4,90 euros par mois, uniquement pour les remboursements en cas d'hospitalisation. Pour 16 euros par mois, une formule inclut un remboursement à 100% des consultations chez le généraliste et les médicaments. Les dernières formules (27,50 et 41,50 euros par mois) donnent accès aux remboursements du 100% santé, à des remboursements pour les soins paramédicaux et à des plafonds de remboursement plus ou moins élevés pour le dentaire, l'optique...

Le système est souvent similaire, même si les tarifs et garanties varient, dans les autres mutuelles étudiantes. La SMERRA propose aussi 4 formules (4,50 euros, 12,50 euros, 23 euros et 37 euros par mois), tout comme la SMENO (9,90 euros, 16,99 euros, 28,41 euros, ou 39,87 euros par mois).

D'autres acteurs commercialisent des offres modulables, comme Yvon Assur (Harmonie mutuelle). A partir de 15 euros par mois, « elle permet de bénéficier de remboursements adaptés à ses besoins (consultation chez le médecin, autotest VIH, forfaits contraception, etc.) », précise Thierry Mercier. Une deuxième formule à 31 euros par mois donne accès à des garanties en cas d'étude ou de stage à l'étranger.

L'outil Moneyvox market intelligence, qui analyse les données de Meilleurtaux, permet de voir les prix moyens chez plusieurs dizaines d'assureurs santé et mutuelles. Résultat, en août 2024, pour un étudiant de 20 ans, une protection faible coûtait en moyenne 25 euros par mois, une couverture moyenne 30 euros et une couverture forte 60 euros. Les tarifs augmentent avec l'âge. A 25 ans, une protection faible coûtait en moyenne près de 30 euros par mois, une protection moyenne 36 euros et une protection forte 73 euros.

Quelles sont les différentes aides ?

Vous pouvez peut-être bénéficier d'aides réservées aux étudiants. Elles peuvent venir des mutuelles elles-mêmes. A la LMDE, par exemple, sous condition de ressources, un fonds est prévu pour les étudiants ayant « des frais médicaux occasionnés par une maladie, un accident ou un traitement médical. Elle ne peut être, en aucun cas, un fonds d'assistance. C'est une prestation individuelle dont le montant est variable selon le caractère des soins subis ». Il y a également un fonds d'aide à la compensation d'un handicap.

Les écoles, communes, régions ou départements proposent aussi parfois des aides pour payer une complémentaire santé. C'est par exemple le cas de la région Occitanie qui donne accès à un « Pass mutuelle » d'un montant de 100 euros par an, pour les étudiants boursiers qui ont une mutuelle et qui ne sont pas éligibles à la CSS. Il est également possible d'obtenir des réductions en passant par un BDE.

Enfin, les Centres communaux d'action sociale (CCAS) peuvent soutenir financièrement et / ou accompagner pour demander et comparer des devis. C'est le cas à Nantes, où l'aide, attribuée sous conditions de ressources, peut atteindre 200 euros par an.

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