Les trois quarts des escroqueries subies par les clients de Revolut en 2023 ont débuté sur un média social. Les plus jeunes y sont particulièrement exposés, même si les pertes qu'ils subissent sont moindres.

C'est un fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur et suscite désormais une mobilisation générale chez les teneurs de comptes : les arnaques financières. Pour mieux comprendre comment les cybercriminels parviennent à attirer leurs proies et leur dérober de l'argent, la néobanque Revolut a accepté de partager certaines des données recueillies auprès de ses usagers victimes d'arnaques financières (1).

Premier constat, qui n'étonnera personne : les médias sociaux sont bien le terrain de chasse favori des escrocs. Durant le second semestre 2023, 77% des cas d'escroquerie signalés par les clients de Revolut dans l'Espace Économique Européen (2) ont commencé sur des plateformes de réseaux sociaux. Celles du géant californien Meta, les plus populaires, sont logiquement les plus utilisées : Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger ont représenté 63% des cas d'escroqueries provenant des médias sociaux et 47% des montants volés.

C'est notamment sur ces médias sociaux que naissent le plus souvent les escroqueries à l'investissement, les plus pénalisantes. Rappel de leur principe : la victime est captée sur un réseau social par la promesse d'une opportunité pour s'enrichir rapidement. Elle est ensuite renvoyée vers un faux site, souvent aux couleurs d'une marque reconnue dans l'univers financier (Revolut, N26, BoursoBank, etc.). Bien qu'elles représentent seulement 12% des cas, ces arnaques sont à l'origine de 61% des montants des pertes financières, selon Revolut.

L'arnaque aux faux emplois, escroquerie en vogue

Le nombre de cas reportés à Revolut a augmenté de 1 200% en 2023 ! L'arnaque au faux emploi est bien l'escroquerie en vogue dans l'univers des cybercriminels. Ici, l'hameçon est une fausse offre d'emploi, envoyée via des applications de messagerie et annonçant des salaires et des primes élevées. Les fraudeurs demandent à leur victime, une fois ferrée, de verser de l'argent pour payer d'avance des frais de formation, d'administration ou d'installation. Les demandeurs d'emploi qui entrent sur le marché du travail après leurs études sont particulièrement exposés à ce risque.

Toutes les classes d'âges concernées...

L'usage intensif des réseaux sociaux par les cybercriminels a une conséquence logique, mais relativement inattendue : la majorité des victimes des arnaques financières sont jeunes, voire très jeunes. 39% d'entre elles appartiennent à la génération Z (18-27 ans), 20% sont des millenials (28-43 ans). « Cela montre que personne n'est à l'abri », confirme Jenny Radcliffe, ingénieure sociale spécialiste des arnaques en ligne, rémunérée par Revolut pour analyser ces chiffres. « Les jeunes utilisent sans arrêt leur téléphone, dans tous les aspects de leur vie. Or, plus nous utilisons ces appareils, plus nous sommes souvent en ligne, plus les occasions d'être exposés à des escroqueries augmente. »

... des pertes plus lourdes pour les boomers

Les 44 ans et plus ne représentent donc, de leur côté, « que » 41% des victimes. Moins présents sur les réseaux sociaux, ils sont plus souvent hameçonnés via des sites web frauduleux (22% des cas pour les 44-59 ans) ou à la suite d'appels téléphoniques (16% des cas pour les 60 ans et plus).

Quand ils se font avoir, en revanche, les sommes dérobées sont beaucoup plus importantes : 7 000 euros, en moyenne, pour les membres de la génération X (44-59 ans) et jusqu'à 37 000 euros pour les boomers (60 ans et plus), contre 924 euros pour la génération Z et 2 500 euros pour les millenials.

(1) Résultats provenant d'un échantillon de taille égale d'adultes de chaque génération dans 21 pays, dont le Royaume-Uni, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la France, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, Singapour, la Slovaquie et la Suisse. (2) L'EEE rassemble les 27 pays de l'Union européenne, auxquels s'ajoutent l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein.