Le CAC a dévissé de plus de 6% cette semaine. Découvrez l'analyse de la séance boursière du vendredi 14 juin avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : La pire séance de l'année

Le CAC 40 vient de vivre sa pire séance de l'année. À deux titres. D'abord en termes d'amplitude : -2,66%, à 7 503 points, soit une perte de 6,23% sur la semaine. Mais aussi d'un point de vue symbolique. L'indice français ne revient pas seulement tester le seuil psychologique des 7 500 points, il efface surtout la totalité de ses gains de 2024 et cède désormais 0,53% depuis le 1er janvier.

Toutes les valeurs du CAC clôturent en pertes ce soir. En dehors d'Atos, la quasi-totalité du SBF est également rouge vif. Rude. La baisse est désormais contagieuse puisque les principales places européennes terminent également en forte baisse ce soir : -1,32% à Francfort, -2,85% à Milan et -1,91% pour l'Euro Stoxx 50 dont un grand nombre de composantes sont françaises.

Les raisons de cette panique sont désormais bien connues : dissolution de l'Assemblée et prise imminente de Matignon par le Rassemblement national ou le Front populaire. Dans ce contexte lourd, on assiste à un fly to quality (voir lexique), notamment vers les obligations allemandes. L'écart de rendement entre les dettes françaises et allemandes continue de se creuser, signe de l'inquiétude grandissante des opérateurs boursiers.

Les valeurs : Atos, Casino et Carmat

Atos Seule rescapée du SBF 120 ce soir, Atos gagne 14,58% à 0,88€ après l'annonce d'une offre de l'État français pour racheter ses activités stratégiques à hauteur de 700 millions d'euros. Ces activités incluent la cybersécurité et les systèmes critiques pour les secteurs de l'aéronautique, de l'espace et de la défense, ainsi que le développement de supercalculateurs. Malgré l'intérêt de l'État pour sécuriser ces activités essentielles à la souveraineté nationale, le prix fixé reste au bas de la fourchette estimative précédente, ce qui indique une position de négociation prudente de l'État dans un contexte où Atos a un besoin urgent de liquidités.

En parallèle, le groupe poursuit ses négociations pour une restructuration majeure avec un consortium mené par Onepoint, impliquant une conversion de 2,9 milliards d'euros de dette et une nouvelle injection de capital, ce qui entraînerait une dilution presque totale des actionnaires actuels. La complexité et l'étendue de cette restructuration soulignent les défis continuels d'Atos, malgré l'impulsion positive de l'offre de l'État. Le titre cède tout de même 88% en 2024.

Casino Ce soir, l'action Casino cède 10,11% à 3,2€ malgré son retour annoncé dans l'indice SBF 120. Cette forte baisse est principalement due à la récente recapitalisation massive du groupe pour mettre fin à sa dette colossale, entraînant une dilution significative pour les actionnaires. Malgré une hausse de la capitalisation boursière, plusieurs bureaux d'analyses restent sceptiques sur la capacité de Casino à regagner en compétitivité sur ses prix et à maintenir une gestion financière sans nouvelles mesures dilutives. Tous ces éléments font planer une incertitude sur sa reprise économique dans un contexte de consommation fragile. Le titre perd désormais plus de 95% depuis le début de l'année !

Carmat Le concepteur du cœur artificiel Aeson chute de 20,96% à 2,3€ en raison de l'annonce de « l'équitization » d'une partie de ses emprunts pour optimiser sa trésorerie. Ce terme barbare de financiers désigne la transformation de créances en titres financiers négociables. Cependant, l'opération risque de diluer la valeur des actions existantes.

Par ailleurs, Carmat a besoin de 30 millions d'euros supplémentaires dans les 12 prochains mois. À ce jour, l'entreprise a brûlé environ 400 millions d'euros en une décennie, avec peu de succès commerciaux pour son cœur artificiel, malgré plusieurs augmentations de capital. Le marché réagit négativement à cette nouvelle, anticipant une forte dilution et des incertitudes sur la viabilité du groupe éligible au PEA-PME. Carmat cède près de 60% en 2024.

Le monde d'après : Alerte rouge !

La cybersécurité en France est en pleine ébullition. Les menaces sont intensifiées par des cyberattaques persistantes, notamment les ransomwares qui continuent de menacer les entreprises de toutes tailles. Selon un rapport de la société britannique de logiciels Sophos, bien qu'il y ait une légère diminution des attaques de ransomware au niveau mondial, 74% des entreprises françaises sondées ont subi de telles intrusions ces derniers mois, positionnant la France parmi les pays les plus ciblés. Les Jeux Olympiques et les tensions géopolitiques accentuent ces risques, en particulier avec la Russie, faisant des secteurs gouvernementaux, de la santé et des industries des cibles privilégiées pour les assaillants.

La montée en puissance de l'intelligence artificielle dans le domaine de la cybersécurité offre certes des outils avancés pour détecter et répondre rapidement aux menaces, mais cette technologie sert également aux cybercriminels pour sophistiquer et automatiser leurs attaques. Les solutions d'IA peuvent en effet analyser des millions de données pour anticiper les attaques, mais elles présentent aussi des risques d'utilisation malveillante qui pourraient mener à des cyberattaques plus élaborées et dévastatrices.

Alors que la France s'efforce d'améliorer sa résilience face à ces menaces par des réglementations comme la NIS 2, qui améliorera la protection des PME dès le mois d'octobre, les entreprises doivent rester vigilantes et renforcer leurs systèmes de défense pour naviguer dans cet environnement numérique de plus en plus complexe et risqué.

Le lexique : Fly to quality

Le fly to quality désigne le déplacement de capitaux investis dans des actifs risqués comme les actions, vers des actifs jugés plus sûrs, comme les obligations d'État ou l'or, en période d'incertitude économique ou de turbulence sur les marchés financiers.

Littéralement, « l'argent s'envole » vers les actifs de qualité. Ce phénomène peut être provoqué par des crises ou des événements (géo)politiques, comme en ce moment, entraînant une hausse de la demande pour ces actifs sécurisés et une baisse des prix des actifs plus risqués. Ce concept aide les investisseurs à gérer les risques, diversifier leurs portefeuilles et identifier des opportunités d'achat selon l'évolution des marchés.