L'analyse de la séance du 6 septembre avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : -3,65% sur la semaine

Lourde chute hebdomadaire du CAC 40 qui abandonne 3,65% depuis lundi matin, au terme d'une quatrième séance consécutive baissière (-1,07% ce vendredi, à 7 352 points). Petit à petit, l'indice français s'éloigne de son seuil symbolique des 7 500 points et perd désormais 2% depuis le 1er janvier. Après les valeurs du luxe, ce sont désormais les technos et Renault qui plombent le CAC. Il faut dire que l'appétit pour le risque est toujours très faible au sein des investisseurs, préoccupés par les signes de ralentissement de l'économie mondiale...

Cet après-midi, le rapport mensuel sur l'emploi américain a été publié. Il ressort inférieur aux attentes du marché, avec 142 000 créations d'emplois privés en août, contre une attente fixée à 164 000. En revanche, le taux de chômage baisse légèrement, comme attendu, à 4,2% de la population active. Ces chiffres étaient attendus avec impatience, dans un contexte où les craintes de récession américaine ont déjà bien secoué le marché. Ils influencent également les décisions de la Fed qui devrait sans surprise procéder à sa première baisse de taux mercredi 18 septembre. Reste à savoir dans quelle ampleur... C'est le débat qui fait rage actuellement à Wall Street. Les plus optimistes espèrent une baisse de 0,50%, contre une baisse de 0,25% privilégiée par une légère majorité d'opérateurs boursiers. Dans le premier cas, ce serait une bonne surprise pour les marchés, et un levier haussier pour les marchés actions.

Dans ce contexte, Wall Street évolue dans le rouge dans ses premières heures d'échanges, avec une baisse toujours prononcée dans les technos : le Nasdaq chute de 2,18%, contre -1,41% pour le S&P 500 et “seulement” -0,81% pour le Dow Jones, majoritairement composé de valeurs industrielles. La rotation sectorielle (voir lexique) se poursuit... Pas simple de s'y retrouver dans un tel marché.

Les valeurs : Rubis, Elis et Carmat

Rubis Le groupe spécialisé dans la distribution d'énergie chute de 10,85% à 25,3€ ce soir, pénalisé par la publication de résultats semestriels décevants. Rubis voit son résultat opérationnel courant reculer de 20% à 257 millions d'euros, impacté par des éléments exceptionnels. L'entreprise avait notamment bénéficié l'an dernier d'un versement exceptionnel de 11 millions d'euros à Madagascar, ce qui rend la comparaison défavorable. Par ailleurs, Rubis a souffert de perturbations dans la distribution de carburants au Kenya, avec des manifestations et des conditions économiques difficiles. Malgré des revenus stables, le bénéfice net du groupe a chuté de 24%. La direction a toutefois confirmé ses objectifs pour 2024, visant un résultat brut d'exploitation compris entre 725 et 775 millions d'euros. Mais le manque de dynamisme de l'activité inquiète les analystes. Par exemple, Oddo BHF a abaissé son objectif de cours à 35 euros, tout en soulignant que la stratégie actuelle du groupe pourrait attirer une pression accrue de la part d'actionnaires activistes, en particulier après l'entrée de Vincent Bolloré au capital en mars dernier. Pour l'heure, le titre gagne 13% en 2024.

Elis Elis dégringole de 15,66% à 19,5€ ce vendredi après des rumeurs selon lesquelles le groupe de blanchisserie industrielle aurait approché la société américaine Vestis, valorisée à 2 milliards de dollars, pour une potentielle acquisition. Les investisseurs s'inquiètent d'une transaction qui pourrait être fortement dilutive, Vestis étant une cible importante et basée aux États-Unis, un marché où Elis n'est pas encore présent. Une telle acquisition serait la plus grande de l'histoire d'Elis et nécessiterait vraisemblablement une levée de capitaux, ce qui diluerait les actionnaires actuels. Cette situation rappelle l'acquisition de Berendsen en 2017, qui avait suscité des doutes sur le marché et avait contraint Elis à se concentrer sur son désendettement pendant plusieurs années. Le groupe français, qui avait réduit son levier d'endettement à 2,06 en juin, visait 1,8 pour fin 2024. L'acquisition de Vestis compromettrait clairement cette trajectoire de désendettement, malgré l'attractivité du marché américain.

Carmat L'action du spécialiste des cœurs artificiels chute de 3,33% à 2,32€ après avoir revu à la baisse ses prévisions de revenus pour 2024, désormais estimés entre 8 et 12 millions d'euros, contre 14 millions précédemment. Cette révision reflète la baisse de l'activité chirurgicale en été. Au premier semestre, la société a généré 3,3 millions d'euros de chiffre d'affaires, mais elle doit encore trouver 45 millions d'euros de financements pour assurer ses activités au-delà de septembre. Le manque de visibilité financière inquiète les investisseurs et pèse sur le titre,éligible au PEA-PME, qui cède près de 60% depuis le début de l'année.

Le monde d'après : Le retour des dividendes aux USA !

Alors que les marchés boursiers américains tanguent, une bonne nouvelle se profile à l'horizon : le retour en grâce des actions à dividendes. Face à une volatilité croissante et à la baisse des taux d'intérêt imminente de la Réserve fédérale, ces actions, longtemps délaissées par Wall Street au profit des géants technologiques, sont prêtes à regagner leur place de choix dans les portefeuilles des investisseurs. Historiquement, les actions à dividendes, souvent issues de secteurs défensifs comme les services publics ou les biens de consommation, offrent de la stabilité face aux fluctuations du marché. Avec une rotation des investissements vers des entreprises plus matures et des secteurs moins dépendants à la croissance technologique, ces actions pourraient redevenir aux États-Unis des cibles de choix.

De plus, plusieurs entreprises technologiques commencent à verser leurs premiers dividendes, comme Meta (Facebook / Instagram) et Alphabet (Google), élargissant ainsi le champ des opportunités pour les portefeuilles axés sur les dividendes. Pour ceux qui cherchent à renforcer leurs portefeuilles tout en profitant de cette rotation sectorielle, les fonds dédiés aux actions à dividendes offrent des opportunités prometteuses. Avec la baisse des taux à venir et la pression des investisseurs pour des rendements solides, les actions à dividendes devraient conserver leurs lettres de noblesse dans l'optimisation des portefeuilles à long terme.

Le lexique : La rotation sectorielle

En Bourse, la rotation sectorielle désigne le déplacement des investissements d'une catégorie d'actions à une autre. Par exemple des valeurs technologiques vers les industrielles. Cela se produit souvent en réponse à des changements dans les perspectives économiques, les taux d'intérêt, les politiques gouvernementales ou d'autres facteurs macroéconomiques. Les investisseurs peuvent se tourner vers les secteurs défensifs comme les services publics et les biens de consommation courante en période de récession, et vers les secteurs cycliques comme les technologies et les biens de consommation discrétionnaire en période de croissance économique. La rotation sectorielle est une stratégie visant à maximiser les rendements en capitalisant sur les prévisions de performances des différents secteurs au fil du temps.