Elle reste présente au verso de la plupart de nos cartes bancaires. Pourtant, elle n'est plus utilisée, ou presque. La piste magnétique va-t-elle finir par disparaître, et quand ? On vous explique.

Un demi-siècle : c'est le grand bond en arrière qu'il faut accomplir pour revenir aux origines de la piste magnétique en France. La fine bande noire commence à faire son apparition au début des années 1970, au dos de la Carte Bleue, distribuée par les principales banques commerciales françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Lyonnais, etc.). A l'époque, c'est une petite révolution. Elle permet, en effet, d'embarquer des informations d'authentification et de les échanger avec les terminaux de paiement, en y faisant glisser la carte. Elle ouvre ainsi la porte à « l'utilisation d'un code confidentiel et [évite] aux commerçants de devoir transmettre aux banques les bordereaux d'opérations. Un véritable gain de temps lors des transactions », explique un article publié par le site web de BNP Paribas.

Avant la piste, en effet, les commerçants devaient utiliser les fameux « fers à repasser », ces machines permettant d'imprimer au carbone les chiffres embossés sur la carte sur un formulaire faisant office de preuve de paiement. A leurs risques et périls : impossible de savoir en temps réel si la carte était bloquée ou volée.

Obsolète en France depuis 20 ans

La domination de la piste magnétique dure une trentaine d'années. Au début des années 1990, une nouvelle technologie vient la concurrencer, puis définitivement la supplanter au cours des années 2000 : la puce électronique.

Cette dernière a un énorme atout : elle est beaucoup plus sûre. « Les cartes à piste magnétique étaient sujettes à la fraude, car très facile à cloner », détaille Amaanie Hakim, VP Innovation pour IDEMIA Secure Transactions. « Le secret stocké était toujours le même. Les cartes à puce, elles, sont impossibles à cloner. Elles sont même réputées inviolables. » La puce permet en effet d'embarquer beaucoup plus de données, et notamment des clés complexes permettant de crypter les informations sensibles (identifiants bancaires, codes secrets, état civil du porteur, historique des opérations récentes, etc.).

En clair, la piste magnétique est obsolète depuis près de 20 ans. Elle va pourtant cohabiter avec la puce et reste aujourd'hui présente au verso de toutes les cartes bancaires. Pourquoi ?

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Quelques cas d'usage qui ont perduré

La réponse est simple : les cas où cette piste reste utile pour payer n'ont pas complètement disparu. La transition de la piste à la puce, en effet, ne s'est pas effectué du jour au lendemain, et pas au même rythme partout.

En Europe, elle s'est achevée au milieu des années 2000, quand les banques ont généralisé l'usage de la puce. Mais elle est beaucoup plus récente dans un pays comme les Etats-Unis. Il a fallu attendre 2014, et un vol des données ayant entraîné une fraude gigantesque, pour que le recours à la puce s'impose, sous pression des banques : depuis octobre 2015, les commerçants américains n'acceptant pas la carte à puce sont tenus responsables en cas de fraude. Cela n'empêche pas certains d'en rester à la piste, comme c'est le cas aussi dans certains pays asiatiques. C'est donc pour éviter que des porteurs de carte français en voyage à l'étranger se retrouvent incapables de payer par carte que les banques ont continué d'équiper leurs cartes.

Car en France, elle n'est plus d'aucune utilité. Parfois encore utilisée, il y a quelques années, dans certains cas particuliers, par exemple aux péages autoroutiers ou aux automates de parkings pour permettre un paiement par carte le plus rapide possible, elle a été totalement remplacée par le paiement sans contact NFC.

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Une disparition programmée

Le temps de la piste magnétique est-il compté ? Depuis l'an passé déjà, Mastercard a levé, en Europe, l'obligation pour les banques de l'ajouter sur leurs cartes. Et « d'ici 2029, aucune nouvelle carte de crédit ou de débit Mastercard ne sera émise avec une bande magnétique », détaille un billet (en anglais) publié sur le site web du réseau d'acceptation états-unien.

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La tonalité est différente du côté de Visa. « La bande magnétique reste une exigence des règles et des normes de Visa et, à l'heure actuelle, il n'est pas prévu d'y apporter des changements dans l'immédiat », explique la communication de l'autre grand réseau d'acceptation international.

En attendant, certaines banques ont mis en place des garde-fous pour combler la brèche de sécurité que peut constituer la piste magnétique. Elles sont de plus en plus nombreuses à permettre à leurs usagers d'interdire, d'un clic, les paiements effectués à l'étranger, voire pour certaines (Fortuneo, N26, Revolut, etc.) de désactiver spécifiquement les paiements par piste magnétique.