Assemblée nationale dissoute, élections législatives anticipées le 30 juin prochain... Le contexte politique actuel et surtout l'instabilité qui en découle pourrait bien faire grimper les taux de crédit immobilier à long terme. Explications.

Les élections législatives anticipées, prévues le 30 juin et le 7 juillet, pourraient impacter la note souveraine de la France. En effet, l'agence de notation Moody's a estimé que la dissolution de l'Assemblée nationale « accroît les risques » sur la maîtrise budgétaire de la France, et donc sur sa note, relatent Les Échos. Le parti vainqueur des élections anticipées « n'aura probablement pas de majorité absolue », analyse Moody's. Il faudrait à la majorité « une quarantaine de sièges supplémentaires », et au Rassemblement national « plus de 200 », relève encore l'agence de notation.

Moody's pointe les risques de multiplication des motions de censure après les résultats des élections législatives dans une quinzaine de jours. Moody's décèle « un risque accru d'instabilité politique, d'autant que l'Assemblée nationale ne peut pas être dissoute dans sa première année ». Une instabilité qui « engendre un risque de crédit », conclut l'agence de notation.

Quel impact sur les taux de crédit ?

La dissolution de l'Assemblée et l'incertitude politique qui en découle ont aussi fait grimper de 13 points de base le rendement de la dette française l'OAT 10 ans. Il atteint désormais 3,22%. « Le coût des crédits immobiliers est corrélé à celui de l'OAT. Pour gagner de l'argent, les banques achètent de la dette française contre des intérêts. Elles n'ont donc pas de raison de proposer des taux de crédit inférieurs à cette rémunération », analyse Patrick Artus, économiste et conseiller chez Natixis, cité par Capital. Résultat, toute hausse du rendement de l'OAT entraînerait une hausse des taux immobiliers.

La Banque Centrale Européenne (BCE) avait la semaine dernière annoncé la baisse de ses taux directeurs de 25 points de base, ramenant, le taux sur les dépôts de 4% à 3,75%. Les banques, en anticipation, avaient d'ores et déjà orientés leurs taux de crédit immobilier à la baisse.

La dissolution vient compliquer la lecture apaisante de l'annonce de la BCE, qui était un signal de normalisation des taux », analyse Pierre de Buhren, Directeur général du groupe Empruntis pour Les Échos. L'OAT, particulièrement sensible à « l'instabilité politique », devrait « poursuivre une hausse maîtrisée jusqu'à l'issue des élections », selon Pierre de Buhren. Une possible « mauvaise nouvelle pour les emprunteurs » sur le long terme, si la tendance haussière se confirme.

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Les mesures abandonnées suite à la dissolution

En plus de son impact sur la dette souveraine, la dissolution de l'Assemblée nationale a mis fin à plusieurs travaux en cours de la chambre basse. Frais bancaires de succession, projet de loi logement ou encore fiscalité Airbnb...Si le sort de ces textes n'est pas forcément leur disparition pure et simple, il faudra qu'ils soient réinscrits à l'ordre du jour après les élections. Et ce, si la nouvelle majorité et le gouvernement qui en émanera le souhaitent.

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