Le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, a appelé mardi à un « effort collectif » face à la situation économique, exhortant la macronie comme la droite, sa famille politique, à « faire un pas l'une vers l'autre » sur l'hypothèse d'une hausse d'impôts, qui divise les partis.

« Il faut regarder la situation tendue et inédite de nos finances. On ne peut pas jouer avec le feu. Si on arrive tous en avançant des lignes rouges, cela forme un Mikado qui s'effondre immédiatement. C'est malheureusement ce qui est en train de se passer », a regretté auprès de l'AFP le sénateur de Meurthe-et-Moselle, membre du groupe Les Républicains à la chambre haute.

Après sept années de baisses d'impôts, Michel Barnier a fait sursauter certains de ses interlocuteurs macronistes et LR en évoquant une hausse des prélèvements, aux contours encore très embryonnaires mais envisagée au nom d'une situation budgétaire étouffante.

Mais selon Jean-François Husson, dont le rôle de rapporteur général est stratégique au Sénat dans la construction du budget 2025, « la configuration politique nous oblige à dépasser les attendus et les périmètres préconçus ».

« Mes convictions n'ont pas changé: je pense qu'on est trop taxés. Mais quand on est dans le rouge, il faut redresser la situation. Il faut tout regarder », y compris le sujet de fiscalité, concède le parlementaire qui estime « à titre personnel » qu'il faudra « peut-être accepter quelques efforts supplémentaires inédits et temporaires » face à la « bérézina dans les comptes publics ».

« Le chiffon rouge, il doit être dans la poche, car si vous acceptez d'être au gouvernement, vous vous mettez en ordre de marche et vous avancez. On a besoin de commandos qui vont aller à la bagarre et dire aux Français qu'on a un effort collectif à faire à juste proportion des capacités contributives de chacun », poursuit Jean-François Husson, qui a pris ses distances avec LR ces derniers mois en réaction au ralliement d'Eric Ciotti au Rassemblement national.

Michel Barnier a jugé mardi « très grave » la situation budgétaire du pays et « demandé tous les éléments pour en apprécier l'exacte réalité », a-t-il dit dans une déclaration à l'AFP, affirmant que la période exigeait « de la responsabilité » et méritait « mieux que des petites phrases ».

Sur le même ton, Jean-François Husson a lui aussi appelé la commission des finances du Sénat à un « esprit de responsabilité et d'ouverture ». « Et pour ça, il ne faut pas faire de marketing politique ou économique, il ne faut pas mettre les Français les uns contre les autres », a-t-il exhorté.