La crise sanitaire a-t-elle bousculé les habitudes des Français en matière de placements ? Peut-être... D'une part quelques centaines de milliers de nouveaux boursicoteurs ont « passé le cap » suite au premier confinement. D'autre part l'AMF constate que la proportion de Français acceptant de prendre des risques devient majoritaire. Une première.

Etude après étude, année après année, le gendarme boursier constate - et regrette - qu'une nette majorité de Français sont « risquophobes », appeurés par toute prise de risque financière, ou a minima réticents à cette idée. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a publié mardi 7 décembre son baromètre de l'épargne et de l'investissement 2021, réalisé avec l'aide d'Audirep (1) auprès d'un panel de 2 000 Français.

Y apparaît une évolution franche concernant l'acceptation du risque en matière d'épargne. Ou plutôt concernant ces Français totalement réticents à l'idée de placer une partie de leur argent sur un support risqué. Plus précisément ceux qui se reconnaissent à la ligne « Vous refusez tout risque sur vos placements tout en sachant que la rémunération restera faible » étaient majoritaires jusqu'à présent : jusqu'à 54% en 2019, encore 50% en 2020 et... « seulement » 43% en 2021 !

Attention : cette évolution franche ne signifie pas pour autant que tous les Français vont d'un coup se jeter sur les sites boursiers ou confier leur argent à un robot de trading. Le nombre d'indécis (13% « ne savent pas » s'ils acceptent une part de risque) reste importante. Et seuls 5% acceptent une « grande part de risque dans l'espoir d'avoir la meilleure rémunération possible ». En bref : être prêt à perdre beaucoup pour gagner beaucoup reste l'apanage d'une poignée de boursicoteurs.

Mais 39% (contre 34% ces quatre dernières années) de personnes interrogées se disent effectivement ouverts à « un peu de risque dans l'espoir d'avoir une meilleure rémunération ». Plus concrètement : une part de supports en unités de compte (UC) sur une assurance vie, quelques deniers sur un Plan d'épargne en actions à côté de placements classiques et sécurisés (Livret A, PEL, etc.), voire peut-être se laisser tenter - avec modération - par une mise sur les crypto-actifs ou encore sur une plateforme d'investissement en crowdfunding.

La bourse est-elle réservée aux riches ?

Plus généralement, l'AMF relève une évolution de la perception des placements en actions. Les jeunes se penchent sur le sujet, et près d'un tiers des Français (29%, plus souvent des hommes jeunes) a déjà entendu parler des néo-brockers, ces plateformes en ligne qui cassent les prix de l'investissement en bourse.

« Une majorité de Français continue de penser que les placements en actions sont réservés à ceux qui s'y connaissent suffisamment, qu'il est nécessaire d'y consacrer beaucoup de temps ou qu'ils sont trop risqués », analyse l'AMF, avant de souligner cette double évolution récente : la part de Français estimant que la bourse est réservée aux riches est tombée de 58% à 49% en l'espace de 4 ans, et la part de Français considérant que les actions « ne rapportent rien au final » est passée de 30 à 20%.

Bourse en ligne : quelle banque ou courtier choisir ?

(1) Sondage réalisé par Audirep à la demande de l'AMF sur la base d'un questionnaire en ligne, du 24 septembre au 8 octobre 2021, auprès d'un panel représentatif de 2 000 personnes majeures.