La baisse des taux de la BCE aura des conséquences sur la rémunération de nombreux placements. Ainsi, le taux du Livret A va très probablement baisser à 2,6% au 1er février 2025 contre 3% aujourd'hui. Fonds euros de l'assurance vie, fonds obligataires datés, PEL, LEP... Vers quels placements se tourner pour limiter la casse et continuer à générer des intérêts tout en limitant les risques ?

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le 12 septembre une nouvelle baisse de ses taux directeurs d'un quart de point, après celle décidée le 12 juin dernier. Dans ce contexte, quels placements (plus ou moins sécurisés) sont à privilégier ?

Le taux du Livret A en sursis

Les taux directeurs de la BCE ont un impact direct sur le niveau du taux interbancaire €ster utilisé dans la formule de calcul du Livret A. « Cette baisse des taux directeurs se répercutera directement sur la rémunération des produits d'épargne bancaire classiques comme le Livret A. Malgré un taux fixé à 3% jusqu'en février 2025, une révision à la baisse à cette date est probable », explique Marc Tempelman, co-fondateur de la solution d'épargne Cashbee. Selon les prévisions, le taux du Livret A devrait passer à 2,6% au 1er février. Une mauvaise nouvelle qui pourrait pousser les épargnants à se tourner vers d'autres produits d'épargne.

Le LEP : un taux toujours supérieur au Livret A

La baisse des taux ne concerne pas uniquement le Livret A. En effet, le livret d'épargne populaire (LEP) risque bien lui aussi de voir son taux baisser à 3,10% contre 4% aujourd'hui, et ce en raison du recul de l'inflation. Malgré cette baisse annoncée, ce livret d'épargne réglementé complètement défiscalisé et garanti en capital reste le mieux rémunéré à ce jour. Malheureusement le LEP, plafonné à 10 000 euros, n'est pas accessible à tous les épargnants. Contrairement aux Livret A et LDDS, il est soumis à des règles d'éligibilité et est donc réservé aux personnes aux revenus modestes. Ainsi une personne seule ne devra pas dépasser 22 419 euros de revenus annuels (et 34 393 euros pour un couple) pour pouvoir ouvrir un LEP.

Les fonds euros de l'assurance vie : une alternative à long terme

Garantis en capital, les fonds en euros sont le produit financier sécurisé au sein d'un contrat d'assurance vie. En 2023, le taux moyen de ce placement a atteint 2,6%. Les meilleurs contrats ont affiché des performances supérieures, allant jusqu'à 3,70% pour La France Mutualiste. Une fois les cotisations sociales de 17,2% déduites, le taux de ce fonds euros est de 3,10% qui reste donc plus élevé que le Livret A. Certains contrats très récents, créés en 2023, ont même affichés des performances supérieures. C'est le cas notamment du contrat monosupport Placement-direct Euro+ dont la rémunération annualisée a atteint 4,10%.

S'il est impossible de savoir avec certitude quel sera le rendement des fonds euros de l'assurance vie en 2024, les experts estiment que la performance moyenne de ces fonds pourrait atteindre 2,5%. Et bonne nouvelle, l'épargnant a également la possibilité d'augmenter la rémunération du fonds euros de son contrat d'assurance vie en plaçant une part de son épargne sur des unités de compte (Attention toutefois, ces actifs présentent un risque de perte en capital). Certains assureurs proposent pour cette année et parfois même pour l'année 2025, des taux bonifiés assujettis à deux conditions : un nouveau versement et/ou un investissement minimum en unités de compte (UC). Ces taux bonifiés peuvent rapporter jusqu'à 2,40% de plus sur la rémunération du fonds euros.

« Selon nos projections, les multiples promotions des assureurs pour attirer les dépôts sur les fonds euros devraient leur permettre de servir en moyenne un taux de 2,6% environ. Selon nous, il faudra attendre 2026 pour que la rémunération de l'assurance vie dépasse celle de l'épargne réglementée », analyse Cyril Blesson, associé de Pair Conseil, un cabinet d'analyses économiques.

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Le PEL, l'épargne à taux fixe

Même s'il n'offre pas de rémunération équivalente au Livret A ou au LEP, le Plan épargne logement (PEL) offre lui aussi une garantie en capital. Rémunéré à hauteur de 2,25% pour les nouveaux plans ouverts cette année, le PEL est soumis depuis 2018 à la flat tax de 30% (12,8% d'impôt et 17,2% de cotisations sociales). Mais contrairement au LEP, Livret A ou LDDS, le taux du PEL n'est pas revalorisé deux fois par an (en février et en août) : le taux fixé à l'ouverture reste identique pendant toute la durée de vie du contrat. Par ailleurs, plafonné à 61 200 euros, le PEL ne peut être alimenté que pendant 10 ans par le biais de versements obligatoires soit à des échéances mensuelles (45 euros minimum), trimestrielles (135 euros minimum) ou encore semestrielles (270 euros minimum). Le PEL permet d'obtenir un prêt pour l'achat, la construction ou la rénovation de sa résidence principale. Cependant s'il reste un placement à envisager, le PEL subira vraisemblablement lui aussi une baisse de son taux en 2025.

Le CEL pour ceux qui préfèrent les versements libres

Le Compte épargne logement (CEL) est aussi un produit d'épargne réglementé. À l'image du PEL, le CEL est imposable. Sa rémunération correspond à deux tiers du taux du Livret A, arrondi au quart de point le plus proche. Ainsi en 2023, le taux de ce livret s'élève à 2%. Plafonné à 15 300 euros, le CEL est accessible à partir de 300 euros. L'épargnant peut y effectuer des versements libres d'un montant minimum de 75 euros. A l'issue d'un délai de 18 mois, l'épargne détenue sur un Compte épargne logement donne des droits à prêts ainsi que, pour les CEL ouverts avant 2018, d'une prime d'Etat. Avec la baisse du taux du Livret A en février, le taux du CEL va lui aussi mécaniquement baisser. Le CEL est, comme le PEL, soumis à la flat tax.

Les livrets bancaires grâce aux taux boostés

Selon les derniers chiffres de la Banque de France, la rémunération moyenne des livrets bancaires était de 0,93% en juillet, contre 0,71% un an auparavant. Pour attirer de nouveaux clients, certains acteurs proposent des offres promotionnelles. C'est le cas de Cashbee, qui offre un taux boosté à 4% pendant 2 mois. Après deux mois, le taux servi repasse à 2,5%. Le super livret de Fortuneo offre lui un taux boosté 4% pendant 4 mois, avant de repasser à 2%. Chez BforBank, le taux s'élève à 4,5% pendant 3 mois puis passe à 2%. Contrairement au Livret A ou au LEP, les livrets bancaires sont fiscalisés et donc soumis à la flat tax de 30%. Malgré une baisse de la rémunération de base des super livrets bancaires due notamment à la baisse des taux directeurs de la BCE, ces produits offrent une garantie en capital et restent intéressants grâce aux taux boostés une fois que l'on a rempli ces livrets d'épargne réglementée.

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Les comptes à terme... à courte échéance

Les comptes à terme (CAT) ont été longtemps boudés tant par les épargnants que par les banques qui les proposent. Mais depuis quelques mois, ce placement a fait son grand retour. Le CAT permet de placer son épargne pour une durée le plus souvent comprise entre 3 mois et 5 ans. La rémunération proposée varie en fonction de la durée de placement. Selon la Banque de France, la rémunération moyenne atteint 3,98% brut en juillet pour les CAT inférieurs à 2 ans. L'épargnant a donc tout intérêt à en ouvrir un aujourd'hui tant que les taux sont encore élevés. Et pour cause : le taux de rendement est fixé à l'ouverture et reste bloqué jusqu'à échéance. Chez Monabanq par exemple, le taux atteint 3,80% pour un placement sur 5 ans.

Même sur une courte durée, le CAT n'est pas un placement à négliger. Chez Hello Bank ! le CAT sur 6 mois est rémunéré à 3,35% brut. Pour Cyril Blesson, fondateur des Cahiers de l'épargne-Pair Conseil, « le niveau actuel de la rémunération incite certains épargnants à ouvrir un compte à terme pour bloquer le taux de rémunération tout au long de la durée du contrat. Les CAT sont en moyenne, quatre fois mieux rémunérés que les livrets ». Seul bémol, les comptes à terme sont soumis à la flat tax de 30%.

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Les SCPI à long terme

Parmi les placements au risque faible, on retrouve les Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Malgré une absence de garantie en capital, les SCPI ont maintenu leur attractivité, selon une étude réalisée par la plateforme RockNData dédiée à l'épargne immobilière. Le rendement moyen de ces actifs s'établit à 4,44% à la fin de ce second trimestre 2024.

Assurance vie : que faire des SCPI dans votre contrat ?

« Le marché des SCPI est complexe et en constante évolution. Les stratégies d'investissement doivent être adaptées pour tirer parti des conditions actuelles, tout en tenant compte des risques spécifiques à chaque type d'actif et de localisation », précisait récemment Jonathan Dhiver, fondateur de meilleuresscpi.com.

Les parts de SCPI peuvent être achetées en direct ou par le biais de votre contrat d'assurance vie. Mais ces actifs ne sont pas à considérer comme une épargne à court terme : l'investissement dans la pierre-papier est un pari à moyen voire à long terme. Pour investir dans une SCPI, il est conseillé d'avoir a minima 8 ans devant vous. « Cela doit rester un placement parmi d'autres. On ne doit pas mettre tout son patrimoine financier sur des SCPI, comme sur n'importe quelle autre classe d'actif », met également en garde Gildas Robert, directeur exécutif d'Accenture.

La hausse des taux directeurs de la BCE en 2022 et 2023 avait provoqué une augmentation des taux de crédit immobilier mais aussi conduit à une dévaluation de certains actifs immobilier en 2023. Résultat, pas moins de 24 SCPI (sur environ 220) ont dévalorisé leurs actifs l'année dernière. « La hausse des taux a impacté la prime de risque de l'immobilier », a ajouté Jonathan Dhiver. Les récentes baisses de taux de la BCE en juin et septembre devraient donc être bénéfiques au marché de l'immobilier locatif et de la pierre-papier. Certains experts estiment en effet que les SCPI devraient pouvoir profiter de cette nouvelle donne pour saisir des opportunités d'investissement.

Les produits obligataires

Les SCPI et les fonds en euros ne sont pas les seuls actifs accessibles au sein des contrats d'assurance vie. Il est en effet possible d'investir dans des fonds obligataires datés aussi appelés aussi fonds obligataires à échéance. La particularité de ces fonds c'est qu'ils ont une durée de vie connue à l'avance (4 à 7 ans en général). Les fonds sont investis dans des obligations émises par des entreprises privées (c'est-à-dire des titres de dette) et dont la date de remboursement est proche de l'échéance du fonds.

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Ces fonds sont composés d'obligations qui proviennent d'entreprises « bien notées » (entre AAA et BBB selon le classement de Standard & Poor's) et d'entreprises à haut rendement (High yield) mais plus risquées (notées de BB+ à D). À l'image des SCPI et autres unités de compte, les fonds obligataires représentent un risque de perte en capital. Pour limiter ce risque, les obligations proviennent de secteurs d'activité et de pays différents.

Concrètement plus l'émetteur est considéré comme risqué, plus le rendement offert est élevé. Selon Maud Bert, responsable de la gestion High Yield Chez OFI Invest, on peut actuellement profiter d'« une rémunération annuelle supérieur à 6% sur le marché européen », ce qui représente une rentabilité additionnelle de plus de 3% par an par rapport à un emprunt d'Etat français (OAT) à 10 ans par exemple.

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