La majorité UMP a été mise en minorité mardi sur la réforme des retraites avec l'adoption par la commission des Finances, saisie seulement pour avis, d'un amendement maintenant à 65 ans l'âge pour une retraite à taux plein pour les mères d'au moins deux enfants.

Un amendement en ce sens de Chantal Brunel (UMP), responsable de l'Observatoire de la parité hommes-femmes, a été adopté contre l'avis du rapporteur UMP et avec les voix du PS, du Nouveau Centre et des députés UMP villepinistes, selon une source parlementaire. Le gouvernement, qui n'était pas présent à la réunion de la commission, est lui aussi défavorable à cet amendement. « Il crée une inégalité flagrante et de nombreux problèmes juridiques », indique-t-on dans l'entourage du ministre du Travail, Eric Woerth. Il ne devrait donc pas, selon une source UMP, être adopté par la commission des Affaires sociales, qui est elle saisie sur le fond.

Alors que le projet de loi sur la réforme des retraites prévoit le passage de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour une retraite sans décote, cet amendement maintient à 65 ans l'âge permettant de bénéficier d'une pension à taux plein pour les femmes ayant deux enfants ou plus.

Discontinuité des carrières

A gauche comme à droite, nombre de voix s'élèvent pour estimer que la réforme du gouvernement va creuser les inégalités hommes-femmes, les femmes étant pénalisées par des interruptions de carrière liées à leur maternité. Le rapporteur UMP de la commission des Finances, Laurent Hénart, s'est de son côté opposé à l'amendement Brunel, en soulignant, à l'unisson du gouvernement, que « le recul des âges constitue la philosophie même de la réforme ».

Selon l'exposé des motifs de l'amendement de Mme Brunel, « de nombreuses études montrent que la retraite des femmes qui ont un seul enfant ou pas d'enfant du tout est de 25% supérieure en moyenne à celle des femmes qui ont deux enfants ou plus ». La carrière professionnelle de ces dernières « souffre d'une certaine discontinuité ainsi que d'un moindre accès aux promotions », ce qui constitue « une discrimination indirecte ». L'amendement de Mme Brunel, qui a « vocation à être limité dans le temps, tant que durent les inégalités », vise donc à « introduire, pour le cas spécifique de ces mères, une action positive et non discriminatoire afin de rétablir l'égalité ».