La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a adopté jeudi le projet de loi de réforme des retraites, qui relève l'âge légal de 60 à 62 ans, avant l'examen en séance publique à partir du 6 ou du 7 septembre, et la journée syndicale du 7 septembre.

« C'est un succès, cela ne pouvait pas mieux se passer », s'est félicité le ministre du Travail, Eric Woerth, interrogé pendant trois jours par la presse à la fois sur les retraites et l'affaire Bettencourt. Le relèvement de l'âge légal de 60 à 62 ans, la pénibilité et l'épargne-retraite ont été les grands points d'accrochage majorité/opposition, a résumé le président de la commission, Pierre Méhaignerie (UMP). Au total, « 108 amendements ont été acceptés, dont 45 vrais amendements, un quart venant de l'opposition ».

Parole aux Français

« Le gouvernement n'a accepté aucune remise en cause de son projet de loi », a déploré la députée PS Marisol Touraine. « Rien n'est dit sur le financement de la retraite, les polypensionnés, la pénibilité ». Pour modifier le texte, la gauche souhaite une réussite de la journée intersyndicale du 7 septembre contre les principaux points de la réforme. Le député PCF Roland Muzeau veut « des millions et des millions de travailleurs dans les rues ». « Les Français diront au gouverment qu'ils n'ont pas confiance dans la politique qu'il propose pour sauvegarder leur retraite », a ajouté Mme Touraine.

En réponse, le ministre du Travail a estimé que la réforme des retraites ne devait pas faire l'objet de ce type de « rapport de force ». « Il y a une retraite pour pénibilité », s'est félicité M. Woerth, évoquant le maintien du départ à 60 ans pour les salariés ayant un taux d'incapacité de 20% du fait d'une usure professionnelle constatée. « On peut aller plus loin », a-t-il ajouté, évoquant « des facteurs de pénibilité » individuels « qui peuvent être pris en compte ». « Le débat se poursuit. Nous reverrons les syndicats à la fin de l'été. Je reverrai le président de la République et le Premier ministre pour obtenir des arbitrages », selon M. Woerth. Mercredi, la fin de la retraite à 60 ans avait été entérinée par la commission.

« Propos orduriers »

A moins de deux ans de la présidentielle de 2012, le PS a évoqué « une confrontation forte entre deux projets » sur ce texte majeur du quinquennat de Nicolas Sarkozy, alors que la majorité stigmatise régulièrement l'absence de propositions du PS. M. Woerth a reconnu que le PS avait des « propositions », « des propositions d'augmentation d'impôts et des taxes. C'est une possibilité, mais à côté de la plaque ».

Les débats ont été parasités par les propos du porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé (qui n'est pas député), envers le PS: « Que ceux qui viennent nous les briser menu avec des considérations honteuses se regardent avant de venir dans le débat ». Des députés PS ont immédiatement dénoncé « un vocabulaire de voyou » et des « propos orduriers ». Egalement présente en commission, la députée UMP Valérie Rosso-Debord a dénoncé des « propos outranciers » qui « n'ont pas forcément leur place dans le débat politique ». « Je n'ai pas entendu que des choses sympathiques de la part du PS ces dernières semaines », a répondu de son côté Eric Woerth - allusion voilée à l'affaire Bettencourt.