Les distinctions boostent-elles les résultats des entreprises lorsqu'elles sont remises à leur dirigeant ? Quelles sont les conséquences sur la bourse ? En fonction des récompenses obtenues, les effets peuvent être positifs comme négatifs, révèle une enquête de deux professeurs de finance à l'université Paris-Dauphine. Explications.

Chaque année en moyenne, 2 000 Français et 300 étrangers sont décorés de la Légion d'honneur. « La Légion d'honneur ne s'accompagne d'aucun avantage matériel ou financier réels. En revanche, c'est une source de fierté inestimable pour les récipiendaires et leurs proches et un exemple de civisme rendu public », décrit son site officiel.

Quels effets sur les entreprises lorsque leurs dirigeants sont récompensés ? François Belot et Timothée Waxin, deux professeurs de finance à l'université Paris-Dauphine, ont cherché à le savoir en comparant l'indice boursier SBF120 sur la période 1998-2019 de plusieurs sociétés concernées.

Faut-il investir sur une entreprise dont le dirigeant vient d'être distingué ? Peut-être, car leur enquête repérée par Les Echos montre que cette distinction booste la cotation de l'entreprise « à très court terme ». Le jour même, une hausse de 0,6% est observée en moyenne, par rapport à l'évolution « normale ».

Renforcer les liens avec l'Etat

La hausse peut aller au-delà. Par exemple, en 2015, après la nomination au grade de chevalier de Patrick Pouyanné, directeur général de TotalEnergies, le titre avait grimpé de 3,82% dans la journée. La même année après la nomination de Arnaud de Puyfontaine, directeur général de Vivendi, le titre avait gagné 4,75%. En 2016, Arkema avait vu son action augmenter de 3% en deux jours à la suite de la nomination de Thierry Le Hénaff, président et DG.

Un effet qui s'explique par le fait que « l'entrée d'un dirigeant dans l'ordre national de la légion d'honneur renforce les liens de sa société avec l'Etat » d'après François Belot. « Des études antérieures suggèrent que les entreprises politiquement connectées sont plus susceptibles d'être soutenues par l'État en période de difficultés », détaille d'ailleurs l'enquête.

Attention aux effets négatifs

Attention tout de même, car les auteurs notent aussi que « les patrons ont plus de chances d'être remerciés par leurs conseils d'administration s'ils ont de mauvais résultats » après la remise de cette récompense.

Autre distinction abordée avec cette fois, un effet moins positif : les medias awards, des récompenses décernées la plupart du temps par la presse économique. Les auteurs mettent en avant des études qui montrent que ces distinctions entraînent « un effet superstar » avec un impact négatif sur les entreprises de ceux qui en ont reçu.

Pour quelle raison ? Notamment à cause d'un biais d'excès de confiance, ou encore parce qu'après une telle récompense, les PDG reçoivent une rémunération plus élevée, mais « s'engagent davantage dans des activités qui ne maximisent pas la valeur (de leur entreprise) ».