Les syndicats, marqués par la bataille des retraites, la dernière conférence sociale qui « n'a rien donné » ou les projets de durcissement de l'assurance chômage, attendent de la nouvelle ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet davantage de dialogue social et des mesures fortes. 

Tour d'horizon des sujets à venir et de l'état des relations, au lendemain de la nomination de la nouvelle ministre.

Les syndicats, ces mal-aimés

« Au travail et au Travail, dans le respect, dans l'écoute »: Astrid Panosyan-Bouvet a joué l'humilité dans ses premiers mots, sur X, après sa nomination.

Mais les organisations syndicales n'oublient rien : ni l'absence de dialogue avec l'Elysée pendant la longue mobilisation contre la réforme des retraites, ni la volonté de mettre la main sur la réserve des retraites complémentaires ou encore le durcissement annoncé des conditions des chômeurs.

Va-t-on assister à un changement de braquet ? Michel Barnier l'a assuré en arrivant à Matignon : il faut « respecter et prendre en compte les partenaires sociaux ». Il doit rencontrer les syndicats prochainement, selon des sources syndicales.

La nouvelle ministre macroniste du Travail, qui revendique une fibre sociale, « a beaucoup travaillé les questions de travail et nous a régulièrement consultés, c'est donc quelqu'un de connu qui sait travailler avec les partenaires sociaux. Ceci étant dit, tout dépendra des marges de manœuvre et budgétaires qu'elle aura », a réagi la CFDT après sa nomination.

Pour Cyril Chabanier (CFTC), sa nomination est « une bonne nouvelle pour le dialogue social » mais s'interroge aussi sur « ses marges de manœuvre ». Il estime que sa prédécesseure Catherine Vautrin, était « à l'écoute » mais regrette il n'y ait eu « aucune » discussion terminée sur le travail.

Le boulet des retraites

Le dossier de la réforme des retraites, toujours très contestée, devrait échoir à la nouvelle ministre du Travail. Plus d'un an après la forte mobilisation dans les rues, le sujet est loin d'être clos. Un texte RN d'abrogation doit être examiné à l'Assemblée le 31 octobre.

M. Barnier s'est dit prêt début septembre à « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de la réforme controversée sans pour autant « tout remettre en cause ».

Mme Panosyan s'était montrée en 2022 soucieuse que la réforme puisse aboutir à une « acceptabilité sociale », estimant notamment que la majorité était « allée trop loin entre 2017 et 2022 sur la volonté de simplification » des critères de pénibilité mise en place sous le quinquennat Hollande.

Dans les rangs syndicaux, Marylise Léon (CFDT) plaide pour qu'« a minima on suspend(e) la réforme » pour rediscuter quand la leader de la CGT Sophie Binet ne veut entendre parler que d'abrogation : « Rien ne va dans cette réforme, on ne peut pas l'aménager », a-t-elle dit dimanche sur BFMTV.

Tic tac sur l'assurance chômage

Après la suspension de la réforme de l'assurance chômage durcissant les conditions d'accès et les règles d'indemnisation, au soir du premier tour des législatives, les règles actuellement en vigueur ont été prolongées deux fois. Elles arrivent à échéance le 31 octobre.

La nouvelle ministre du Travail devra rapidement reprendre ce dossier. Au printemps, elle plaidait que l'urgence n'était pas de réformer l'assurance chômage mais « de rendre attractifs les métiers qui ne le sont pas ».

Les syndicats avaient dénoncé « la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue ». Certains demandent à reprendre les négociations tandis que d'autres ainsi que le Medef souhaitent que s'applique l'accord, négocié en 2023 mais non validé.

« Elle s'était positionnée contre la réforme de l'assurance chômage, j'espère qu'elle va être constante (...) et qu'elle va faire en sorte de l'enterrer définitivement », a souligné dimanche Sophie Binet.

« Vivre décemment de son travail »

En octobre 2023, l'ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, promettait lors d'une conférence sociale de s'attaquer à la question des « bas salaires », des « branches ayant des minima en dessous du Smic », ou encore de lancer un Haut conseil des rémunérations. Son successeur, Gabriel Attal, a promis de « désmicardiser » la France.

Mais cela « n'a rien donné! », déplore Marylise Léon (CFDT).

Il y a un an, avant la conférence sociale, Mme Panosyan appelait à « mettre sur la table le sujet de la conditionnalité des aides aux entreprises », une demande forte des syndicats. En juillet, elle plaidait pour un gouvernement qui réponde « à ce que nous ont demandé les Français », citant en premier lieu le fait de « pouvoir vivre décemment de son travail ».

Les salaires seront l'un des sujets au cœur de la première journée de mobilisation que va connaître la ministre, le 1er octobre, avec un appel à manifester déjà lancé par la CGT et Solidaires.