Crédits immobiliers moins nombreux et moins rentables, rémunération plus importante de l'épargne, charges en tous genres : les banques de détail en France traversent un trou d'air cette année et rapportent beaucoup moins d'argent.

Cette situation, justifiant pour certaines des politiques de réduction de coûts, reste délicate à assumer pour des établissements prodiguant des conseils financiers et dont la solidité réside dans la confiance accordée par leurs clients.

« En queue de peloton » des banques européennes, la performance des banques de détail en France est « mauvaise, il n'y pas d'autres mots », déplore l'analyste de l'agence de notation Fitch Ratings Rafael Quina.

Les groupes bancaires français, diversifiés en termes d'activité et de géographie, se rattrapent cependant grâce à d'autres activités comme le financement de projets de grandes entreprises, les activités d'assurances ou encore des filiales de banque de détail à l'international.

Mutualistes, capitalistes, banques en ligne... les situations varient selon les grandes familles. Ma banque gagne-t-elle de l'argent ?

- C'est une banque mutualiste -

Oui, mais moins qu'avant.

Au sein du groupe BPCE, les Caisses d´Épargne ont vu leur résultat net tomber de 21% sur un an au premier semestre 2024, à 402 millions d'euros. Les Banques populaires s'en tirent à peine mieux avec un recul de 19%, à 462 millions d'euros sur la période.

Les chiffres ne sont pas flamboyants au Crédit Mutuel : les caisses des 14 principales fédérations ont vu leur résultat net s'éroder de 11,7% sur un an, à 217 millions d'euros entre janvier et juin, quand le CIC a vu le sien flancher de 30,7%, à 281 millions d'euros.

Les caisses régionales du Crédit Agricole affichent de leur côté un bénéfice net de 650 millions d'euros au premier semestre (-22% sur un an) mais fortement ralenti entre avril et juin.

La rentabilité de ces établissements est notamment grevée par leur part de marché importante en Livrets A et Livrets de développement durable et solidaire (LDDS), qu'ils rémunèrent à 3%.

- C'est une banque cotée en Bourse -

Oui, mais moins qu'avant.

BNP Paribas ne donne pas le résultat net de sa banque de détail en France au premier semestre, mais celui avant impôt : bien qu'en chute de 28% sur un an, il reste honorable (563 millions d'euros).

La banque de détail en France de la Société Générale, SG, affiche un maigre bénéfice de 72 millions d'euros sur l'ensemble du semestre (-64% sur un an), grâce à un redressement entre avril et juin après un début d'année dans le rouge.

Elle supporte notamment les charges liées à la fusion en cours des deux réseaux, Société Générale et Crédit du Nord.

LCL, filiale de l'entité cotée du Crédit Agricole longtemps en difficulté, s'en tire plutôt bien avec un bénéfice net de 393 millions d'euros sur la première moitié d'année, en légère baisse de 4% sur un an.

- C'est une banque en ligne -

Non, la plupart du temps.

Les banques en ligne, aux marges souvent faibles et avides de croissance rapide, ont coutume de flécher leurs résultats vers le développement commercial, via des campagnes publicitaires ou des primes de bienvenue.

Cette stratégie peut les faire basculer dans le rouge : parmi les acteurs appartenant à un groupe bancaire traditionnel, « seuls deux apparaissent rentables », écrivait, en novembre 2022 l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR, gendarme des banques), sans les identifier.

Certains revendiquent cependant avoir déjà atteint le seuil de rentabilité, comme Fortuneo (Crédit Mutuel Arkéa) ou le géant britannique Revolut, très actif en France.

- C'est la Banque postale -

Non, et de loin.

Le métier de banque de détail en France de la Banque postale est un gouffre financier qui s'est creusé l'an dernier : il accuse une perte nette de 707 millions d'euros en 2023.

Commercialisation de crédits immobiliers au moment où ils étaient le moins rentables, banque en ligne déficitaire, charges générales d´exploitation supérieures au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires): la Banque postale cumulaient les handicaps l'an dernier.

La banque publique ne dévoile pas de résultats pour le premier semestre 2024. Il est cependant possible de déduire que c'est sa filiale d'assurances, CNP, qui lui permet de se maintenir à flot.