Retrouvez l'analyse de la séance boursière du mercredi 17 juillet avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : Et de trois !

Troisième séance dans le rouge pour le CAC 40 qui cède ce soir 0,12% à 7 571 points et perd désormais 2% sur la semaine. Les investisseurs sont dans l'expectative avant la réunion de la Banque centrale européenne de demain. La deuxième estimation de l'inflation en zone euro pour juin a confirmé une progression générale des prix de 2,5% sur un an, en léger recul par rapport à mai. Malgré ce ralentissement, le marché reste prudent.

À Wall Street, les valeurs technologiques inquiètent. En cette période de publication des résultats, leurs perspectives ne sont pas au beau fixe et provoquent ce soir une chute de 2,5% du Nasdaq. Verdict dans les prochaines séances avec les publications très attendues des Sept Magnifiques. En parallèle, la perspective d'une possible présidence Trump fait craindre des tensions géopolitiques et commerciales accrues, on en reparle dans la suite du Journal.

Les valeurs : Teleperformance, Fnac Darty et Stif

Teleperformance Ce sont les montagnes russes en Bourse pour le leader mondial des centres d'appels ! Avec des séances très volatiles, tant à la hausse qu'à la baisse. Ce mercredi est rouge vif pour Teleperformance, lanterne rouge du CAC : -7,52% à 103,90€. Le mastodonte américain des logiciels Salesforce annonce le lancement d'un agent de relation client entièrement autonome, dopé à l'intelligence artificielle. C'est une concurrence directe pour Teleperformance, l'IA étant une menace assez récurrente pour son action ces derniers mois. Cette nouvelle technologie de Salesforce pourrait en effet rendre obsolètes les services traditionnels de centres d'appels et les robots conversationnels actuels de Teleperformance. De quoi remettre en cause son modèle d'affaires. En février dernier, le groupe avait déjà subi une chute de 14% en une seule séance après une annonce similaire de la fintech suédoise Klarna sur le déploiement d'un assistant IA. Le titre de Teleperformance perd désormais 21% depuis le 1er janvier.

Fnac Darty Déjà présent en Espagne et au Portugal, Fnac Darty se renforce en Italie avec l'acquisition d'Unieuro, le leader local des produits électroniques et électroménagers. Cette acquisition permettra au groupe français de consolider sa présence en Europe du Sud. Unieuro représente 17% des parts du marché italien et compte près de 500 magasins dans le pays. L'opération, soutenue par l'actionnaire majoritaire Daniel Kretinsky via Ruby Equity Investment, prendra la forme d'une OPA à 12 euros par action, soit une prime de 46%. Fnac Darty et Ruby Equity créeront une société d'investissement commune pour mener à bien cette acquisition qui vise à générer 20 millions d'euros de synergies annuelles dès 2025, avec un impact positif attendu sur le bénéfice net et le résultat opérationnel de Fnac Darty. Le groupe français espère finaliser l'acquisition d'ici la fin de l'année. Parallèlement, il a publié des résultats préliminaires pour le premier semestre, avec un chiffre d'affaires en hausse de 1,4% à 3,39 milliards d'euros. Le résultat opérationnel courant est resté stable, en perte de 36 millions d'euros. Fnac Darty gagne 1,51% ce soir, à 30,20€ et 9% sur l'année.

Stif Connaissez-vous cette petite valeur française éligible au PEA-PME ? Ce spécialiste de la protection contre les explosions est un fournisseur de Tesla. Il a annoncé l'enrichissement de sa gamme de produits en lançant un nouveau système de décharge sans flamme, destiné aux secteurs industriels. Ce nouveau dispositif a été validé par des tests d'explosion réussis en Norvège et sera produit dans les usines de Stif en France, en Chine et au Texas, où une nouvelle usine ouvrira en septembre 2024. La gamme Vigilex Industry, dédiée à la protection contre les risques d'explosion des systèmes de stockage d'énergie par batterie a vu ses ventes augmenter de 140% entre 2020 et 2023, avec une croissance annuelle moyenne de 34%. Suite à ces annonces, le titre Stif gagne 14,55% ce soir, à 18,90€, et +163% cette année !

L'événement du mercredi : Essilor s'éparpille ?

Le marché est sceptique face à l'achat d'EssilorLuxottica. La multinationale franco-italienne vient en effet d'acquérir la marque de streetwear Supreme pour 1,5 milliard de dollars. Présent dans le CAC 40, le spécialiste des verres correcteurs a surpris ce mercredi en dévoilant cette acquisition auprès de la société américaine VF Corporation. Supreme, fondée en 1994 à Manhattan, est célèbre pour ses vêtements et accessoires de mode urbains, se présentant comme le « berceau de la culture skate de New York City ». La transaction doit être finalisée avant la fin de l'année et inclut l'activité en ligne de Supreme ainsi que son réseau de 17 magasins répartis aux États-Unis, en Europe et en Asie. Le directeur général d'EssilorLuxottica a expliqué que cette acquisition permettra au groupe d'accéder à de nouveaux publics et de diversifier ses approches créatives. L'acquisition est surprenante, pour au moins deux raisons. D'une part, elle s'écarte du cœur de métier du groupe, principalement axé sur l'optique et la lunetterie avec des marques comme Ray-Ban et Oakley. D'autre part, elle intervient à un moment où l'engagement des consommateurs envers les marques de streetwear diminue. Par ailleurs, EssilorLuxottica s'oriente vers les technologies médicales avec l'acquisition annoncée hier de 80% des parts de Heidelberg Engineering, une société allemande spécialisée dans les technologies de diagnostic ophtalmologique. La publication des résultats semestriels d'Essilor, prévue pour le 25 juillet, sera l'occasion pour la direction de détailler les bénéfices attendus de ces récentes acquisitions. Le groupe serait-il en train de s'éparpiller ? Le marché est pour le moins perplexe, le titre cède ce soir 4,45% à 189,85€ (+5% en 2024).

Demain à la Une : BCE, un non-événement ?

Demain, la BCE se réunit. Malgré le ralentissement de l'inflation dévoilé aujourd'hui, aucune baisse des taux n'est attendue par le marché. Les investisseurs surveilleront toutefois la conférence de presse de Christine Lagarde, à partir de 14h45. Comme pour son homologue américain Powell, ils chercheront des indices sur le calendrier et l'ampleur des prochaines baisses de taux. Du côté des entreprises, Netflix, Novartis et Publicis publieront leurs résultats du deuxième trimestre. Surtout, après ASML qui a publié ses résultats aujourd'hui, le géant taïwanais des semiconducteurs TSMC passera sur le gril demain. On en reparle ci-dessous.

Le monde d'après : ASML et la guerre commerciale

Malgré d'excellents résultats, le géant ASML chute en Bourse. En cause, les tensions entre les États-Unis et la Chine et dans une moindre mesure des perspectives moins favorables pour le troisième trimestre. Ce soir, le groupe néerlandais valorisé 350 milliards d'euros cède 10,93% en Bourse, à 870,90€, mais préserve toujours 28% de gain sur l'année. ASML est un spécialiste des machines de photolithographie, essentielles à la fabrication de semi-conducteurs. Le groupe est en quasi-monopole et affiche des revenus et des bénéfices supérieurs aux attentes au deuxième trimestre. Les commandes pour ses outils de nouvelle génération ont bondi à 2,5 milliards d'euros, contre 656 millions d'euros au trimestre précédent. Cependant, ses prévisions pour le troisième trimestre déçoivent, avec des revenus anticipés entre 6,7 et 7,3 milliards d'euros et une marge brute de 50 à 51%, en deçà des attentes du marché. ASML maintient néanmoins ses objectifs annuels, tablant sur un excellent quatrième trimestre. La principale cause de la chute de l'action réside dans les tensions géopolitiques. Selon Bloomberg, l'administration Biden envisage de nouvelles restrictions contre les entreprises, incluant ASML, qui fournissent à la Chine des technologies avancées de semi-conducteurs. Ces nouvelles mesures permettront aux États-Unis de contrôler les produits fabriqués à l'étranger et utilisant des technologies américaines, limitant ainsi les opérations d'ASML en Chine, qui représente 49% de ses ventes. Les déclarations de Donald Trump ont également pesé sur le titre. Le candidat républicain à la présidentielle a critiqué Taiwan, un client majeur d'ASML via le géant des puces TSMC. Trump a notamment suggéré que le pays devrait payer plus pour sa défense. Sanction immédiate, ASML et son homologue japonais Tokyo Electron, également visé par les potentielles sanctions américaines, ont vu leurs actions plonger de manière significative sur leurs marchés respectifs.

Le lexique : OPA

Une Offre Publique d'Achat (OPA) est une opération boursière par laquelle une société (l'initiateur ou l'offreur) propose d'acheter les actions d'une autre société (la cible) directement auprès de ses actionnaires. L'objectif est généralement de prendre le contrôle de la société cible ou d'augmenter sa participation au sein de celle-ci. Lorsqu'une OPA est lancée, l'offreur propose un prix d'achat pour chaque action, généralement supérieur au cours actuel de l'action sur le marché, afin d'inciter les actionnaires de la société cible à vendre leurs titres. L'OPA peut être amicale si elle est approuvée par le conseil d'administration de la société cible, ou hostile si elle est lancée sans l'accord préalable du conseil.