Moins mise sur le devant de la scène ces dernières semaines, la crise des prix de l'énergie - électricité comme gaz - n'est pas pour autant derrière nous. Pis, 2022 s'annonce comme l'année de tous les dangers pour les particuliers.

Le 30 septembre dernier, le Premier ministre Jean Castex est contraint de geler les tarifs réglementés du gaz et de plafonner à 4% la prochaine hausse des prix de l'électricité via une baisse de la fiscalité. La semaine dernière, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a expliqué qu'en cas d'application stricto sensu de la formule de calcul, le gaz aurait augmenté de 20% au 1er décembre quand les prévisions pour l'électricté, dont le tarif bleu ne varie que deux fois pas an, en février et en août, étaient déjà très mauvaises avant l'intervention politique. Faut-il craindre 2022 ?

Une vague de faillite à venir ?

En France, le fournisseur d'énergie Hydroption a fait faillite depuis septembre. La situation est compliquée pour son homologue Bulb Energy qui s'est déclaré « insolvable » au Royaume-Uni. Bulb propose aussi des services dans l'hexagone, en Espagne et au Texas (États-Unis), mais via « des entreprises séparées » qui ne sont « pas directement affectées » par sa situation outre-Manche, a-t-il précisé. Pour l'instant la vague de faillites constactée chez nos voisins brtianniques est limitée chez nous. « On constate plutôt des fournisseurs qui réduisent la voilure, explique Jean-Sébastien Degouve, co-fondateur d'Opéra Energie, à MoneyVox. Certains mettent leur activité en pause, d'autres font ce qu'il faut pour réduire leur portefeuille de clients. »

Cdiscount, Vattenfall, Alterna ou Plüm avaient déjà cessé de recruter de nouveaux clients quand Leclerc énergies avait stoppé son activité pour ses 140 000 clients. Résultat, le Médiateur national de l'énergie enregistrait 60 offres le 2 décembre pour l'électricité contre 94 le 12 août.

Pourquoi il faut se méfier des changements de contrats ?

Mardi 30 novembre, l'association de défense des consommateurs, CLCV a assigné en justice les fournisseurs d'électricité ekWateur, GreenYellow (Cdiscount), Mint Energy et Ovo Energy pour des pratiques commerciales jugées trompeuses. Ils réprésentent près de 600 000 clients. Parmi les griefs, le fait de transformer sans le consentement explicite du client une offre indexée sur le tarif réglementé de vente en une offre indexée sur les fluctuations du marché de gros. Résultat, une hausse du prix de près de 30%.

Selon nos informations, d'autres fournisseurs pourraient suivre et annoncer à leurs clients de fortes hausses des prix pour les pousser à changer de crèmerie et alléger le nombre de leurs clients. Premier à lancer les hostilités, Greenyellow a annoncé vendredi soir une augmentation de 15% par rapport au tarif réglementé d'électricité à partir du 3 janvier 2022 pour ses clients actuels.

Les consommateurs ont des droits, rappelle le Médiateur de l'énergie. Les modifications de contrat ne peuvent pas se faire n'importe comment. Il recommande la plus grande vigilance. Tout changement des tarifs doit être stipulé formellement un mois avant, pour laisser le temps de changer de fournisseur. Vérifiez vos courriels, même les spams pour éviter les mauvaises suprises.

Pourquoi les fournisseurs sont menacés ?

Mercredi 1er décembre, la CRE a annoncé que les fournisseurs alternatifs ont demandé pour l'année 2022 -dans le cadre de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) - un peu plus de 160 térawattheures (TWh) quand seulement 100 TWh leur sont attribués au prix de 42 euros le MWh. Conséquence ?

Puisque seuls 62% du total nécessaire sera fourni, « les fournisseurs vont devoir se founir sur les marchés, à un prix exhorbitant de 169 euros le MWh, souligne Jean-Sébastien Degouve. Le risque est de fait grand qu'ils ne puissent pas suivre le rythme. » En clair, le risque de voir d'autres fournisseurs alternatifs de faire faillite n'est pas à écarter.

Que faire si mon fournisseur disparaît ?

En cas de faillite, la loi prévoit un fournisseur de secours, en plus de la trêve hivernale qui a débuté le 1er novembre. Le fournisseur de dernier recours a été désignés par le ministre de l'Energie après un appel à candidature. Il s'agit d'EDF qui officie de façon transitoire et aux prix du marché, le temps de souscrire une nouvelle offre de marché auprès du fournisseur de son choix.

Le médiateur plaide pour un service minimum en cas d'impayé

Faut-il revenir aux tarifs réglementés ?

Dans ce contexte troublé, l'association de consommateurs CLCV insiste pour le retour au tarif bleu d'EDF pour tous les consommateurs face à un marché qui ne permet pas à la concurrence de s'exprimer.

Électricité : devez-vous revenir au tarif réglementé d'EDF ?

Contrairement au gaz, « en électricité, il est toujours possible de revenir au tarif réglementé d'EDF, sans frais avant de, pourquoi pas, faire le choix d'un autre fournisseur alternatif au sortir de la crise actuelle », admet Julien Teddé, co-fondateur d'Opéra Energie. Selon lui, les prévisions tarifaires pour 2023, 2024 et 2025 sont meilleures.

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