A partir de l'année prochaine, il est fort probable que les chèques énergie ne soient plus envoyés automatiquement. Jusqu'à maintenant, ceux qui y avaient le droit le recevaient tous les ans par voie postale sans faire de démarche. En 2025, la solution envisagée implique d'envoyer un numéro de compteur à l'administration. Quitte à perdre de nombreux bénéficiaires en route.

« On va encore pénaliser les petits revenus », alerte Françoise Thiebault, coordinatrice énergie du Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL). Celle qui représente aussi les consommateurs au Conseil supérieur de l'énergie (CSE) déplore la procédure envisagée en 2025 pour attribuer les chèques énergie.

Jusqu'à maintenant, cette aide qui va de 48 à 277 euros était envoyée automatiquement à tous les ménages. Il faut remplir deux conditions : ne pas dépasser un plafond de ressources et louer ou être propriétaire d'un logement. Le problème, c'est que la taxe d'habitation servait à l'administration pour identifier la composition des logements. Depuis sa suppression totale en 2024, aucun plan B définitif n'avait été prévu pour le chèque énergie.

Cette année, l'aide a donc été adressée aux ménages déjà bénéficiaires l'année dernière. Mais les ménages dont la situation a évolué parce qu'ils ont perdu des revenus, que leur foyer s'est agrandi ou qu'ils ont eu un logement récemment et sont donc devenus éligibles cette année n'ont pas reçu leur chèque énergie. Après l'alerte des associations de consommateurs qui estiment le nombre d'oubliés à un million, le gouvernement a ouvert un guichet spécial pour de demandes, jusqu'au 31 décembre 2024.

Transmettre un numéro de point de livraison

Pour régler la question en 2025, la solution actuellement discutée implique les points de livraison (PDL), qui permettent d'identifier les compteurs électriques et gaz de chaque foyer, toujours couplé avec le Revenu fiscal de référence de chaque foyer. Mais si ce dernier est automatiquement connu de l'administration, ce sera aux potentiels bénéficiaires du chèque énergie de lui transmettre leur numéro de PDL, sûrement lors de la déclaration de revenus.

« On retombe sur le problème actuel et on s'éloigne de l'automatisation du dispositif qui garantissait un bon taux d'utilisation. Cette solution pénalisera les nouveaux bénéficiaires et ceux qui sont touchés par l'illectronisme », déplore Françoise Thiebault.

Chaque année, plus de 80% des bénéficiaires utilisent leur chèque énergie reçu automatiquement. Lorsque l'aide est attribuée sous réserve d'en faire la demande, la proportion chute drastiquement. Par exemple, fin 2022, l'Etat avait prévu des chèque bois ou fioul exceptionnels et seulement 20% des bénéficiaires escomptés l'avaient réclamée.

Plus récemment, le guichet spécial pour les oubliés du chèque énergie 2024 n'avait reçu que 110 000 demandes à fin septembre, pour 31 500 chèques attribués, alors que le nombre de ménages oubliés s'élève à près d'un million. Pour l'année prochaine, reste à avoir la confirmation sur la solution choisie lors des débats sur le projet de loi Finances, qui commenceront à l'Assemblée nationale le 21 octobre.

« La situation est catastrophique » : un million de ménages n'ont pas reçu leur chèque énergie

Pas de revalorisation

Alors que les factures d'énergie pèsent toujours beaucoup sur le budget des ménages, les associations de défense des consommateurs plaidaient pour une revalorisation du chèque énergie et des avancées pour les jeunes majeurs et les étudiants « qui ont souvent des gros problèmes financiers et qui ont souvent du mal à obtenir et l'utiliser. Nous avons eu une fin de non-recevoir », regrette Françoise Thiebault.