Vous pensiez faire des économies en isolant votre maison ? Mauvaise nouvelle : ce n'est pas forcément le cas grâce aux travaux de rénovation énergétique. L'Insee vient de publier une étude inédite sur l'efficacité réelle des travaux d'isolation thermique dans les maisons individuelles. Résultat ? Les gains sont bien plus faibles que promis. De quoi refroidir certains ménages.
Depuis plusieurs années, les dispositifs comme MaPrimeRénov' encouragent les rénovations énergétiques, avec notamment la promesse d'une facture d'énergie allégée à la clé. Mais pour la première fois, des chercheurs ont croisé les données réelles de consommation issues des compteurs Linky et Gazpar avec les dates de travaux.
Des bénéfices très loins de ceux annoncés
Et le résultat n'est pas forcément probant : Ainsi, en moyenne, les travaux d'isolation permettent d'économiser 5,4% sur les factures d'électricité, et 8,9% sur celles de gaz.
Une baisse modeste, très éloignée des calculs théoriques du diagnostique de performance énergétique (DPE). Selon l'étude, ces économies ne représentent que 36 % à 47 % des gains annoncés par les modèles conventionnels. En clair : entre ce qu'on promet sur le papier et ce que vous constatez sur votre compteur, il y a un monde.
Les cas les plus favorables ? Les logements initialement très énergivores. Chez eux, les baisses atteignent 9,2 % (électricité) et jusqu'à 16,6 % (gaz). Une performance plus convaincante, mais qui ne change pas la donne sur le plan financier.
Des travaux onéreux
Car la facture reste salée. En moyenne, les travaux d'isolation coûtent 14 300 euros (pour les maisons chauffées à l'électricité) et 13 700 euros (pour celles chauffées au gaz). Et avec des économies annuelles de 114 euros ou 91 euros, il faudrait patienter plus d'un siècle (entre 125 et 150 ans) pour rentabiliser l'investissement.
Même dans le meilleur des cas — une maison très énergivore chauffée au gaz — le retour sur investissement théorique s'élève à 80 ans.
D'autant que tous les travaux ne se valent pas. L'isolation des murs, combles, planchers ou toitures est la plus efficace. En revanche, les fenêtres et portes-fenêtres ne produisent aucun effet significatif sur la consommation selon les statisticiens de l'Insee. À méditer avant de changer vos huisseries « pour le confort thermique ».
Et le confort, justement ? C'est là que se cache peut-être la vraie plus-value. Moins d'humidité, moins de bruit, plus de chaleur l'hiver et, parfois, un peu plus de frais l'été.
Des effets secondaires non mesurés dans l'étude, mais qui sont bien réels. Reste que sur le seul critère de l'économie d'énergie, la rénovation thermique peine à convaincre.