Depuis plusieurs mois, les avantages fiscaux dont bénéficient les propriétaires de logements Airbnb sont dans le viseur de l'État. Et le nouveau gouvernement Barnier ne semble pas faire exception. Voici ce qui pourrait changer.

La présentation, puis les débats sur la loi finances pour 2025, qui devrait survenir à partir de ce jeudi 10 octobre, risque d'apporter son lot de nouveautés, notamment sur le volet du logement.

Ainsi, lors de sa présentation de politique générale, réalisée devant l'Assemblée nationale le 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a effectué plusieurs annonces sur le logement, avec le souhait de favoriser l'investissement locatif. Le premier ministre a parlé d'une extension du prêt à taux zéro (PTZ) dans tout le territoire ou encore d'une adaptation du calendrier relatif au Diagnostic de performance énergétique (DPE).

Michel Barnier a aussi promis de « mieux cibler l'accompagnement des particuliers et des entreprises, notamment pour la rénovation thermique des bâtiments ». Il a aussi plaidé pour « simplifier au maximum les normes qui pèsent sur la construction des logements neufs ou à la réhabilitation des anciens ».

Un alignement de la fiscalité entre logements meublés et non meublés ?

Le gouvernement va-t-il aussi s'emparer d'un sujet qui revient depuis plusieurs mois dans le discours politique : la taxation des logements de courte durée, proposés sur des plateformes type Airbnb ou Abritel ? Accusés d'empêcher les résidents long terme de trouver un logement dans des villes où la demande est forte, ces locations jouissent aujourd'hui d'un réel avantage. Grâce au régime micro-BIC (bénéfices industriels et commerciaux), un propriétaire, dont les recettes locatives n'excèdent pas 77 700 euros pour les logements meublés, bénéficie d'un abattement de 50% sur le montant total des sommes encaissées (loyers, charges facturées au locataire et provisions pour charges). Pour les locations de chambres d'hôtes et meublés de tourisme classés, si les revenus ne passent pas la barre des 188 700 euros, l'abattement est de 71%.

Cette niche fiscale avait déjà été mise à mal par la loi de finances pour 2024, avant que le Conseil d'État ne revienne sur la mesure. Mais l'affaire n'est pas terminée. Dans une proposition de loi déposée mi-juillet, la députée Renaissance du Finistère Annaïg Le Meur appelait à aligner les règles fiscales des Airbnb sur celles des locations longue durée. La proposition de loi baisse ainsi à 30% l'abattement fiscal des meublés de tourisme, contre actuellement 71% pour les classés et 50% pour les non classés. Elle abaisse aussi les seuils de chiffre d'affaires. L'objectif est de ralentir et de freiner la bascule des logements de longue durée vers la courte durée.

Impôts sur l'immobilier : ces nouvelles règles pourraient déplaire aux propriétaires airbnb

Une nouvelle manne d'économies pour Bercy ?

Cela pourrait également permettre à l'État de récupérer des recettes : aujourd'hui, 70% des propriétaires de logements meublés non professionnels ne paient pas d'impôt sur le revenu, selon les chiffres de l'administration fiscale. Par ailleurs, au moment de la revente du bien, l'amortissement du bien pendant toute la durée de location n'est pas pris en compte dans le calcul de la plus-value. Ainsi, parmi les pistes à l'étude ces derniers mois : réintégrer l'amortissement dans la plus-value. Combien l'État pourrait-il récupérer ? Le bénéfice de cette mesure n'a, pour l'heure, pas été calculé.

Les logements Airbnb ne sont pas les seuls à être visés : dernièrement, c'est la location meublée dans son ensemble qui est sous le feu des projecteurs, à cause des différences d'imposition entre les deux. « Cette distinction historique, qui avantage fortement les locations en meublés, de courte ou de longue durée, et que la fiscalité française des revenus locatifs est la seule en Europe à pratiquer, apparaît aujourd'hui sans aucune justification », expliquait Annaïg Le Meur dans son rapport. Une possibilité serait là aussi d'aligner la fiscalité des logements non-meublés sur celle des meublés.