Les plus-values des groupements foncier viticole atteignent jusqu'à +253% sur certaines appellations au cours des 10 dernières années. Comment investir dans la vigne ? Ce placement est-il vraiment intéressant ? Décryptage.

Vous êtes amateur de bon vin ? Le foncier viticole vous offre la possibilité d'allier l'utile à l'agréable en investissant dans de nombreux vignobles. Pour cela, nul besoin d'être un riche mécène ou un magnat de la finance. Les groupements fonciers viticoles (GFV) permettent en effet aux petits épargnants de mutualiser l'acquisition d'une propriété viticole.

1 à 2% de rendement par an

Concrètement, les investisseurs qui achètent des parts dans ces sociétés civiles deviennent propriétaires de parcelles de vigne. La gestion du domaine est ensuite confiée à un exploitant indépendant, qui s'occupe de produire le vin et de le commercialiser.

Chaque année, les investisseurs perçoivent alors un loyer, dont le montant est proportionnel aux nombres de parts détenues. Ce loyer peut, au choix, se matérialiser sous forme de dividendes ou de bouteilles.

Le rendement annuel observé oscille généralement entre 1 et 2% du capital souscrit. Les épargnants qui le souhaitent peuvent en outre bénéficier de remise sur les bouteilles issues de la production du domaine.

Jusqu'à 253% de plus-value

Les GFV ont le mérite d'être « relativement accessibles », avec un ticket d'entrée à 5 000 euros en moyenne, bien que ce montant puisse varier d'une appellation à l'autre.

D'autant que le secteur offre parfois de belles perspectives de plus-value à la revente. Plusieurs domaines ont ainsi connu une flambée des prix du foncier, selon un récent classement publié par Le Figaro.

En tête de liste, le vignoble Pessac-Léognan a vu sa valorisation passer de 170 000 euros par hectare en 2010, à 253 000 euros en 2020. Soit une augmentation de de 253%. Même constat pour les appellations Pauillac (+180%) et Cognac Bons bois (+167%).

Côté fiscalité, les revenus issus des GVF sont des revenus fonciers taxés à l'impôt sur le revenu selon le régime du micro-foncier s'ils ne dépassent pas 15 000 euros par an. Sur option, il est possible de voir ses revenus fonciers imposés au régime réel mais pendant 3 ans minimum, en théorie. Quand aux plus-values, elles sont imposées au régime spécifique des plus-values immobilières avec une exonération au bout de 30 ans de détention ou si la transaction est inférieure à 15 000 euros.

Par ailleurs, les GFV ouvrent droit à un abattement sur l'IFI allant de 75% jusqu'à 101 897 euros à 50% une fois ce seuil dépassé. Et en matière de succession ou de donation, les parts sont exonérées de droits dans la limite de 300.000 euros, à hauteur de 75% (50% au-delà). Pour cela, il faut que ces parts soient détenues au moins 2 ans et que le donataire les conservent au moins 5 ans.

Défiscalisation : tous les dispositifs pour réduire vos impôts

Un placement risqué et peu liquide

Mais attention, les groupements fonciers viticoles présentent un risque de perte en capital. Sans compter que s'agissant de sociétés civiles, la responsabilité des associés n'est pas limitée à leurs seuls apports.

Récemment interrogée par MoneyVox, Angélique de Lencquesaing, co-fondatrice d'iDealwine, une plateforme d'achat et de vente aux enchères dédiée au vin, met en garde : « Le vin est tout sauf un placement pour néophytes. Millésimes, méthodes de vinification, durée de garde, particularités régionales... le produit est complexe. Investir dans le vin nécessite d'acquérir au préalable des connaissances, de lire des guides, de se rendre dans les salons de dégustation, d'échanger avec des passionnés », poursuit-elle.

Ce placement s'avère en outre peu liquide, la revente des parts s'effectuant de gré à gré. Dans une configuration de marché favorable, les GFV les plus réputés trouveront rapidement un acquéreur. Mais il n'existe aucune garantie sur ce plan.

A consommer avec modération, donc. D'autant que l'activité des groupements fonciers viticoles n'est pas soumise au contrôle de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Vin, sac à main ou cannabis : ces placements atypiques dont il faut se méfier