Malgré une présence indispensable pendant la période du Covid-19, certains salariés du privé perçoivent aujourd'hui encore des rémunérations inférieures aux autres salariés du privé. Tout en étant parfois plus précaires.

Essentiels, mais souvent sous-estimés : c'est ce qui ressort d'un document de l'Insee publié ce mercredi 16 octobre, intitulé « Entre 2019 et 2022, une évolution des salaires moins favorable pour les métiers de la « deuxième ligne » ». Durant la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, ces travailleurs de la « deuxième ligne » ont continué à exercer sur site pour assurer les services indispensables à la vie quotidienne.

Mais qui sont-ils ? En 2022, cette « deuxième ligne » représente 6,8 millions de salariés, soit 29% de l'ensemble du secteur privé. Il s'agit des « ouvriers, qualifiés ou non, du bâtiment, des industries agroalimentaires ou de la manutention, et d'employés, comme des agents d'entretien, des salariés agricoles, des aides à domicile et aides ménagères, des salariés du commerce ou du transport, ainsi que des agents de gardiennage et de sécurité », précise l'Insee dans son communiqué.

Le premier enseignement de ce rapport est que, bien que des disparités existent au sein de la « deuxième ligne », les salariés concernés gagnaient en 2022 un peu moins que les autres employés et ouvriers du secteur privé : 1 830 euros nets en équivalent temps plein, contre une moyenne de 1 858 euros pour les autres. Les aides à domicile (1 576 euros), les agents d'entretien (1 651 euros) et les vendeurs de produits alimentaires (1 652 euros) sont les moins bien rémunérés en moyenne, tandis que les ouvriers qualifiés de la manutention gagnent davantage (2 084 euros), selon l'Insee.

Plus de primes exceptionnelles que les autres

Dans un contexte d'inflation marquée, avec une hausse de +8,6% entre 2019 et 2022, les salaires moyens des travailleurs de la deuxième ligne ont diminué de 0,7% en euros constants, alors que la baisse a été plus modérée pour les autres employés et ouvriers (-0,2%) et qu'une augmentation de 0,9% a été observée pour l'ensemble des salariés du secteur privé.

Plutôt que de bénéficier d'augmentations salariales durables, 25% des salariés de la deuxième ligne ont perçu en 2020 des primes exceptionnelles (prime Covid ou bien la PEPA, pour « prime exceptionnelle de pouvoir d'achat »), d'un montant moyen de 584 euros par bénéficiaire. Parmi eux, les caissiers (40%), les ouvriers qualifiés de la manutention (31%) et les salariés des artisans bouchers et boulangers (32%) ont été nombreux à recevoir ces primes, qui ont représenté une plus grande part de leur salaire que pour l'ensemble du privé (3,2% contre 2,7%).

Cependant, ces primes n'avaient pas vocation à être maintenues. Dès 2021, la part des primes exceptionnelles dans les salaires des travailleurs de la deuxième ligne n'était plus significativement différente de celle observée dans l'ensemble du secteur privé. En 2022, la proportion de bénéficiaires de ces primes est même plus faible parmi les salariés de la deuxième ligne (21%) que parmi les autres employés et ouvriers (24%) ou l'ensemble du privé (26%), ce qui a « contribué à une évolution salariale d'ensemble qui leur a été moins favorable », souligne l'Insee.