Pour faire face à la hausse des prix de l'énergie et des carburants, une indemnité de 100 euros sera versée à partir de décembre aux 38 millions de Français qui gagnent moins de 2 000 euros net par mois. Mais cette prime comporte plusieurs défauts qui vont pénaliser certains bénéficiaires.

C'est la réponse du gouvernement à la perte de pouvoir d'achat des ménages face à la flambée des prix de l'énergie (carburant, gaz et électricité) : une prime unique de 100 euros destinée à 38 millions de Français gagnant moins de 2 000 euros net par mois, et versée à compter de décembre. Une « Indemnité inflation » qui n'est pas exempt de défauts. En voici au moins trois :

« Une usine à gaz »

Du côté du patronat, on s'étouffe. En effet, cette prime sera payée directement par les employeurs à leurs salariés via la fiche de paie de décembre avant que l'Etat ne les rembourse avec une exonération correspondante de cotisations sociales. « Encore une fois, on invente une usine à gaz en transférant aux entreprises, le soin de l'organiser », lâche Hubert Mongon de l'Union des industries de la métallurgie interrogé par le Journal du dimanche. Une situation qui suppose pour les entreprises de disposer d'un peu de trésorerie d'avance pour verser la prime aux salariés touchant moins de 2 000 euros. Mais ce n'est pas tout, les logiciels de paie devront être modifiés pour un coût pouvant attendre 5 000 euros d'après le JDD.

Pour les indépendants, la prime sera versée en janvier par l'Urssaf et par Pôle emploi pour les chômeurs. Il faudra attendre février pour que les caisses de retraites octroient la prime aux retraités.

Une prime versée deux fois

Certains bénéficiaires devraient pouvoir toucher la prime à deux reprises. C'est ce qui risque de se produire pour les personnes qui cumulent un emploi salarié et une activité indépendante. Ou encore pour ceux qui touchent une indemnité de retraite - dans ce cas, la prime est versée par la caisse de retraite - et qui maintiennent en parallèle une activité professionnelle.

« On admet au ministère de l'Economie et des Finances qu'il s'agit d'un effet de bord difficile à éviter, dès lors que l'objectif assigné à ce coup de pouce était de faire simple, rapide et efficace. Après s'être penché ce samedi sur le sujet, une première solution a été trouvée pour limiter l'impact financier : les salariés ayant plusieurs employeurs devront choisir celui qui devra leur verser l'indemnité », explique BFM. S'ils ne le font pas, ils risquent un rattrapage du fisc.

Une prime complexe pour certains

« Je suis femme de ménage. J'ai plusieurs employeurs, lequel va me verser la prime de 100 euros ? », demande une téléspectatrice du 20 Heures de TF1. Le cas est particulier et les modalités de cette prime inflation sont en train d'être précisées par Matignon. Dans cette situation, chaque employeur devrait verser une quote-part à payer en fonction du nombre d'heures et de jours de travail réalisés. « Un règlement via le CESU, votre chèque emploi service. Ils seront ensuite remboursés par l'Etat », explique le JT de la première chaîne.

Une prime pas très égalitaire

« Ce seuil de 2 000 euros qui a été décidé, par personne et non à l'échelle du foyer fiscal, permet de couvrir plus de la moitié des personnes qui travaillent et 70% des retraités ». Voici les explications du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, pour justifier les conditions de cette prime. Sauf que cette indemnité ne tient pas compte du nombre de personnes composant le foyer. Une prime de 100 euros n'aura pas le même impact pour un célibataire ou un couple sans enfant que pour ceux ayant plusieurs enfants à charge.

Autre point surprenant : cette prime est destinée à couvrir une partie des hausses de prix de l'énergie, et notamment l'envolée des prix à la pompe. Sauf qu'il n'est pas nécessaire de détenir une voiture pour la toucher.

Carburant : comment s'arrêter à la pompe moins souvent (et y dépenser moins)

Par ailleurs, le seuil pour bénéficier de cette prime est de 2 000 euros net sauf pour les retraités où il est de 1 943 euros. L'exécutif s'est basé sur ceux qui se voient appliquer un taux de CSG réduit sur leurs pensions de 3,8% jusqu'à 6,6%. Ce dernier ne s'applique qu'aux pensionnés dont le revenu fiscal de référence n'excède pas 23 147 euros annuel pour une personne seule, soit aux alentours de 1 943 euros par mois selon Bercy, interrogé par BFM Business. Au delà, les retraités soumis au taux normal de CSG de 8,30% ne pourront pas toucher l'indemnité inflation de 100 euros.

Retraite, impôts, prix du tabac et du gaz ... Ce qui change au 1er novembre