Les incertitudes politiques actuelles inquiètent bon nombre d'investisseurs positionnés sur le secteur bancaire. Pourtant, les récentes publications de leurs résultats sont loin de montrer des signes de faiblesse.

Depuis la dissolution de l'Assemblée Nationale, annoncée le dimanche 9 juin,par le président de la République, les cours des principales banques françaises, ont été particulièrement malmenés en Bourse, avec des contre-performances largement supérieures à celles du CAC 40, l'indice phare de la place parisienne.

A la clôture le vendredi 16 juin, les banques avaient été les actions les plus délaissées par les investisseurs une semaine après la dissolution. Société Générale avec un repli de 14,87% et BNP Paribas (-11,99%) ont alors signé leur pire semaine depuis mars 2023, au moment de la crise du secteur bancaire des faillites aux États-Unis et le rachat de Crédit Suisse par UBS. Pour sa part, Crédit Agricole avait perdu 10,96%, son plus fort repli depuis mars 2022.

Une période d'instabilité politique

Il faut dire que le secteur bancaire est l'un des plus sensibles aux instabilités politiques d'après les experts. En effet, la bonne santé financière des banques va souvent de pair avec l'état de la situation économique d'un pays. Or, l'hypothèse d'un changement drastique de la politique menée par le futur gouvernement, suscite actuellement beaucoup d'interrogations et d'incertitude chez les investisseurs. C'est notamment l'évolution dans les mois à venir de leur activité de banque de détail dans l'Hexagone qui pose question, en particulier en matière de demande de crédit, aussi bien de la part des entreprises que des ménages.

A cela s'ajoute le spectre « du risque d'une crise de la dette publique » comme le rappelle Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès, à l'image de celle observée par exemple au Royaume-Uni au cours de l'automne 2022. Quelques mois après son arrivée au pouvoir, Liz Truss, la nouvelle Première ministre britannique, avait été contrainte de démissionner, après avoir renoncé à son programme économique, jugé irréaliste par les milieux d'affaires et provoquant des tensions sur les marchés obligataires.

Dans le cas d'une telle hypothèse en France, les taux d'intérêt risqueraient d'être orientés à la hausse, ce qui pèserait sur le coût de refinancement des banques et donc sur les marges des crédits accordés à leurs clients. Enfin, plane également le risque de la mise en place d'une taxe spécifique sur les profits des acteurs du secteur bancaire, similaire à celle instaurée récemment par le gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni en Italie, ce qui n'est pas non plus de nature à rassurer les investisseurs.

Peu d'interrogations sur les résultats pour 2024

Néanmoins, l'activité des banques françaises cotées en Bourse est diversifiée sur le plan géographique, y compris dans la banque de détail à l'international. D'ailleurs, malgré la désaffection actuelle pour les valeurs bancaires, il n'en reste pas moins que les résultats des trois banques françaises cotées (BNP Paribas, Crédit Agricole SA et Société Générale) sont solides et ont fait preuve de résilience au premier trimestre 2024, battant le consensus des analystes financiers. En effet, la diversification de leurs modèles d'affaires, grâce aux profits réalisés dans le domaine de la banque de financement et d'investissement, leur a permis de traverser sans encombre un contexte économique moins porteur.

Et une valorisation jugée très attractive

Néanmoins, en dépit de leur bonne santé actuelle, les établissements financiers tricolores peinent à séduire les investisseurs depuis la crise financière des « subprimes » en 2008. Et leurs niveaux de valorisation sont désormais devenus très attractifs, compte tenu de la baisse de leurs cours de Bourse observée ces dernières semaines.

En effet, la plupart d'entre elles, sont actuellement valorisées à une fraction de leurs fonds propres, contre une moyenne historique avoisinant une fois la valeur de ces fonds propres. Et bon nombre de professionnels estiment toujours que le secteur est sous-valorisé en Bourse.

D'ailleurs, depuis deux semaines, les valeurs bancaires ont un peu réduit les pertes enregistrées depuis la dissolution. Ce jeudi 27 juin, le titre SG (ex Société Générale) vaut 22,185 euros alors que l'objectif des analystes à 3 mois, indiqué par le site d'information financière Boursorama, est un cours un peu au-dessus de 30 euros. Idem pour BNP Paribas dont l'objectif de cours est à 81 euros pour un niveau actuel à 60 euros. Pour Crédit Agricole, l'objectif est à 16 euros pour un cours de l'action à 12,98 euros.

Quoi qu'il en soit, en attendant de connaitre les résultats définitifs des élections législatives du 30 et 7 juillet prochains, « le cours de Bourse des banques françaises devraient continuer de rester volatil », indique Eric Bertrand, directeur général délégué et directeur des gestions d'OFI Invest. C'est la raison pour laquelle les épargnants désireux de d'investir dans le secteur bancaire, doivent le faire dans une optique de long terme, en se positionnant sur plusieurs valeurs pour diversifier leur risque. En effet, il ne faut pas non plus oublier que tout investissement en Bourse présente un risque de perte en capital et doit s'envisager sur la durée.

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