Pour faire face aux dépenses liées aux études supérieures, de nombreux jeunes doivent solliciter les banques et souscrire un prêt étudiant. Un produit sur lequel les établissements proposent des taux bonifiés, afin de capter les clients de demain.

Les premières réponses sont tombées sur Parcoursup. Pour les 645 076 lycéens en train de passer le baccalauréat depuis le mardi 18 juin, il sera bientôt temps de se projeter dans l'après : les études supérieures. Une transition qui amène forcément de nouvelles dépenses, que ce soit en frais de scolarité, en matériel informatique ou par besoin de s'acheter un véhicule ou de louer un appartement loin du domicile familial.

Selon une enquête menée par la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) en août 2023, une rentrée coûte de plus en plus cher : en moyenne 3 024 euros en septembre 2023, avec 1 824 euros en frais de rentrée pour un étudiant non boursier, et 1 199 euros par mois pour les frais de la vie courante. Soit près de 16 500 euros pour toute une année scolaire, un montant qui ne comprend pas les frais de scolarité de certaines formations, qui se chiffrent parfois à plusieurs milliers d'euros.

Des prêts de 1 000 à 200 000 euros

Pour faire face à ces coûts, de nombreux étudiants sont obligés de passer par les banques. « Les premières demandes arrivent en avril-mai, jusqu'à septembre pour les retardataires », confirme Imad Tabet, directeur du marché des particuliers du Crédit coopératif. Les établissements bancaires proposent des prêts étudiants, qui sont des crédits à la consommation non-affectés, ce qui signifie qu'ils peuvent être utilisés pour tous les besoins de financement, hors projet immobilier. Ces prêts peuvent aller de 1 000 à 200 000 euros (dans le cas de BNP Paribas), sur une durée allant de 12 à 144 mois.

L'obtention d'un prêt étudiant se fait sous conditions. La première est simple : être étudiant. Le jeune emprunteur devra donc prouver qu'il suit des études, en présentant une carte d'étudiant ou un certificat de scolarité. De plus, celui-ci doit obligatoirement avoir au moins 18 ans pour souscrire un crédit. En effet, la loi est claire : un mineur ne peut pas conclure un contrat. L'article 1 146 du Code Civil précise que « sont incapables de contracter, dans la mesure définie par la loi, les mineurs non émancipés ».

Prêt étudiant : comment faire pour emprunter si j'ai moins de 18 ans ?

Comme tout prêt, la solvabilité de l'emprunteur est analysée. Bien souvent, les étudiants doivent présenter une ou deux cautions, comme les parents ou les grands parents. Si le client étudiant ne peut pas avoir de caution, il peut avoir accès à la garantie de l'État, la BPI. Cette garantie permet de couvrir un prêt jusqu'à 20 000 euros. En revanche, cela a un coût qui s'ajoute au crédit. Les prêts étudiants octroyés par le Crédit Coopératif et garantis par BPI France sont ainsi 50 points de base plus chers que les crédits avec une caution personnelle.

De son côté, BNP Paribas propose « le Prêt Etudiant Boursier Grande Ecole pour les étudiants majeurs boursiers de l'Etat français et inscrits dans une école de la conférence des Grandes écoles. Le taux de ce prêt dépend de l'école dans laquelle est scolarisé l'étudiant, pour un montant jusqu'à 20 000 euros et une durée de 96 mois sans caution », fait savoir la banque à MoneyVox.

Si l'enveloppe allouée doit permettre aussi bien de régler ses frais de scolarité que d'acheter une voiture ou de payer son loyer, pas question d'en faire n'importe quoi : « Comme pour tout crédit, nous regardons la cohérence de la demande, dévoile Olivier Morin, membre du directoire de La Banque Postale Consumer Finance. C'est une protection pour l'emprunteur. Nous ne pouvons pas prêter jusqu'à 50 000 euros comme ça. Cependant, nous essayons de simplifier la démarche. Au-delà de 10 000 euros, nous demandons des justificatifs faciles à obtenir, comme pour l'achat d'une voiture, de matériel informatique ou un loyer, par exemple »

Des taux bonifiés en fonction du cursus de l'emprunteur

Sans avoir à fournir de justificatifs particuliers, l'étudiant sera également conseillé sur son projet au Crédit coopératif comme au LCL. « Le conseiller bancaire va conseiller l'étudiant sur le montant du prêt mais également sur le déblocage des fonds, confirme Julie Selas, responsable Parcours et Offres Crédits chez LCL. En effet, il faut prendre en compte le fait que les intérêts ne sont payés que sur les sommes débloquées. Aussi, pour un besoin de financement de 10 000€ pour 3 années d'études : plutôt que de débloquer les fonds en une fois en début de cursus, l'étudiant aura tout intérêt à échelonner les déblocages sur les 3 années. »

Car comme pour le crédit immobilier, souscrire un prêt étudiant a un coût. Et ce dernier augmente depuis plusieurs années. « « Aujourd'hui, le taux de refinancement (le taux auquel les banques empruntent de l'argent auprès de la Banque centrale européenne NDLR) est aux alentours de 3,5% », rappelle Olivier Morin. Alors qu'il était possible de trouver des taux à 0,5% en 2022, le taux moyen est désormais de 2,90% (TAEG) à La Banque Postale ou encore 2,49% au Crédit coopératif.

Prêts étudiants pour la rentrée 2024

Banques

Montants

Durée

Taux 2024

Rappel taux 2023

LCL

De 1500 à 75 000 euros

De 1 à 10 ans

De 1,99% à 3,54%

De 1,89% à 3,60%

BNP Paribas

De 1000 à 200 000 euros

De 4 mois à 12 ans

De 1,50 à 3,55%

De 1,99% à 3,29%

La Banque Postale

De 1000 à 50 000 euros

De 1 à 10 ans

De 2,50 à 2,90%

De 2,50 à 2,90%

Crédit Coopératif

De 1500 à 60 000 euros

De 1 à 10 ans

2,49% ou 2,99%

1,5% ou 2,25%

Taux relevés en juin 2024 auprès des banques concernées.

Certains étudiants peuvent cependant bénéficier de taux préférentiels en fonction de leur cursus et des partenariats établis entre les écoles et les banques. Ainsi, les meilleures offres s'affichent aujourd'hui à 1,50% (TAEG) chez BNP Paribas « en fonction de l'école, de la spécialité et du diplôme préparé ». La Banque Postale propose de son côté une offre à 2,49% pour les étudiants de ses 208 écoles partenaires. De son côté, LCL offre un taux de 1,99% pour son barème « élite », réservé aux étudiants de certaines grandes écoles, et un barème « premium » à 2,49% pour les élèves de ses écoles partenaires. L'enseigne propose également un prêt étude à 0%, destiné à tous les étudiants, dans la limite de 5000 euros.

De nombreux avantages pour attirer les clients de demain

Face à la hausse des taux, le montant moyen des prêts diminue, passant de 17 200 euros à 16 400 euros au LCL entre 2023 et 2024. Un chiffre à tempérer, puisque dans le même temps, le prêt moyen pour les étudiants des grandes écoles est lui en hausse, passant de 27 100 à 27 700 euros. À La Banque Postale, on fait état d'un prêt moyen de 14 000 euros, en baisse de 9% sur un an. « C'est une tendance qu'on retrouve sur l'ensemble de notre production, en lien avec la pression sur le pouvoir d'achat subit par les ménages », juge Olivier Morin.

Pour les banques, le prêt étudiant reste un outil de captation, mais d'autres avantages sont mis en place pour attirer les clients de demain. Cartes à tarifs préférentiels et prime de bienvenue chez LCL et BNP Paribas, assurance auto, santé et habitation, prêt permis à 1 euro, ou encore offres de stages et d'apprentissages à La Banque Postale... L'objectif est de répondre à tous les besoins de l'étudiant.

Mais une dernière notion pourrait également faire la différence : l'engagement d'une banque sur les questions environnementales et sociétales. Le Crédit coopératif explique ainsi que de nouveaux partenariats, avec l'ESSEC ou Polytechnique par exemple, se sont montés à la demande des étudiants eux-mêmes, conquis par les actions de la banque sur ces sujets.