Poussés par la hausse des prix de l'énergie, ou par volonté écologique, de plus en plus de Français font installer des panneaux photovoltaïques pour produire de l'électricité et, le plus souvent, en autoconsommer une partie. On fait le point sur les coûts et les bénéfices d'une telle opération. 

En France, ces derniers temps, le nombre d'installations de panneaux photovoltaïques a bondi pour atteindre plus de 890 000 au quatrième trimestres 2023. Et l'autoconsommation, c'est-à-dire le fait de consommer une partie ou la totalité de l'énergie produite a le vent en poupe. « En fin d'année 2023, 48,2% des installations photovoltaïques (10,8% de la puissance installée) produisent de l'électricité qui est entièrement ou partiellement autoconsommée. Soit une hausse de 3,1 points par rapport au trimestre précédent », indique le Service des données et études statistiques (SDES) sur la page dédiée au parc photovoltaïque.

Tendance confirmée par Effy, société qui réalise et ou conseille les particuliers en matière de rénovation énergétique. Selon elle, les installations qui sont en autoconsommation individuelle chez les particuliers ont même doublé en un an, passant à près de 500 000 au premier trimestre de 2024.

Prix des panneaux en baisse

Alors, pourquoi un tel engouement ? « Il n'y a pas de réponse toute faite, mais la raison principale, c'est la hausse des prix de l'électricité ces dernières années », répond Romain Ryon, directeur des affaires publique et de la communication chez Effy. Constat partagé par Sylvain Le Falher, cofondateur de Hello Watt, plateforme d'accompagnement des particuliers autour de leur consommation d'énergie. « Le prix de l'électricité a augmenté de 38% en un an. Dans le même temps, depuis janvier 2023, le prix des panneaux solaires a baissé de 25%. »

Côté tarif, comptez environ 8 000 euros pour les plus petites installations, et jusqu'à plus de 25 000 euros pour les plus grandes. « Pour les particuliers, les installations vont d'une puissance de 3 à 12 kwc (1). Cela permet de couvrir tous les besoins, des usages spécifiques (électroménager, éclairage), jusqu'au chauffage et à la voiture électrique qui nécessitent de plus grosses installations. Il est possible de couvrir jusqu'à 40 voire 50% de ses consommations », détaille Romain Ryon.

L'autoconsommation plus intéressante que la revente totale

Une fois leurs panneaux installés, les particuliers ont deux options : autoconsommer une part de leur production (ou la totalité, mais c'est rare) puis vendre le surplus, ou bien vendre la totalité. Et aucun risque de ne pas trouver preneur pour cette énergie, puisque EDF ou les établissements locaux de distributions (ELD) ont l'obligation de la racheter (sous réserve que l'installation respecte plusieurs conditions).

Aujourd'hui, il est plus intéressant d'opter pour l'autoconsommation, mais cela n'a pas toujours été le cas, il y a quelques années, la revente totale était plus rentable. La tendance s'est inversée avec la hausse des prix de l'électricité et la baisse du prix d'achat.

Le tarif réglementé de l'électricité a en effet grimpé pour atteindre 25 centimes par kw/h, pour un contrat de base. Parallèlement, EDF rachète 13 centimes du kw/h l'énergie produite grâce à des installations d'une puissance inférieure à 9 KWc, pour lesquelles les particuliers ont choisi l'autoconsommation. Les tarifs varient entre 15 et 17 centimes du kw/h, pour ceux qui revendent toute leur production.

Mieux vaut donc consommer l'énergie produite au maximum. A cela s'ajoute une prime à l'autoconsommation versée, dont les montants varient en fonction de la puissance et évoluent aussi chaque trimestre (2). A noter, le rachat et le versement de la prime interviennent environ un an après la mise en place de l'installation photovoltaïque.

50% de la consommation produite les meilleurs mois

En février 2023, Jean-Pierre Verborgh a justement sauté le pas et 16 panneaux photovoltaïques ont été installés sur sa toiture, pour un coût de 17 000 euros. « Je suis agent immobilier et j'en parlais beaucoup avec les clients, j'en voyais... J'étais intéressé depuis longtemps, mais j'hésitais, par crainte des arnaques. Avec la flambée des prix de l'énergie, je me suis dit que c'était le moment. »

Le Varois a opté pour l'autoconsommation et revend le surplus de l'énergie produite. Pour tirer le meilleur parti de leur installation, lui et sa famille ont revu leurs habitudes. « On ne fait plus de départ différé de lave-vaisselle ou de machines la nuit. On les lance vers 10h, lorsqu'il y a du soleil. J'en profite aussi pour faire le plein de ma voiture électrique. En juillet et août 2023, cela nous a permis de produire 50% de notre consommation d'énergie. Sur notre facture annuelle, cela nous permet environ 30% d'économie. »

Prix de l'électricité : devez-vous miser sur les panneaux solaires pour faire des économies ?

Plus de 900 euros d'économie à l'année

Même démarche pour Pierre et Nathalie Rouillier, qui ont fait installer une dizaine de panneaux solaires sur leur toiture, moyennant environ 10 000 euros, motivés par l'aspect écologique de cet investissement. « Nous essayons d'utiliser le soleil au maximum lorsque nous consommons de l'énergie. Nous pouvons voir avec une application les moments où nous produisons le plus et programmons le ballon d'eau chaude et les machines à laver en fonction. Quand il ne fait pas beau, on fait plus attention. »

Selon les premiers résultats, ce couple vendéen chiffre leur économie annuelle à plus de 900 euros. Ils pourront aussi faire les démarches pour revendre leur surplus de production d'ici cet été et estiment que leur installation sera amortie dans environ 10 ans. Jean-Pierre Verborgh, de son côté, sait déjà que cette prime à autoconsommation va représenter 1 800 euros versés sur 5 ans. Selon ses calculs, avec cette aide, la revente d'électricité et les économies réalisées, le coût de l'installation devrait être compensé en 8 ans.

Un investissement rentable de plus en plus rapidement

Un délai d'amortissement qui tend à baisser. « Nous avons fait une étude qui montre qu'il faut maintenant 5 ans, dans les meilleurs cas, pour que le coût d'une installation soit amorti, contre 8 ans auparavant », détaille Sylvain Le Falher.

Attention toutefois à multiplier les devis, voire à vous faire accompagner afin d'éviter les arnaques et pour que l'installation soit optimale. Avant de faire installer des panneaux photovoltaïques, il faut aussi demander une autorisation à la mairie en remplissant une déclaration préalable de travaux (DP), qui peut être plus complexe à obtenir voire refusée si votre lieu se situe à proximité d'un site protégé. En plus des sociétés qui proposent un accompagnement et qui prennent souvent toutes les démarches en charge, il est aussi possible de solliciter les espaces France Rénov' pour être aidé.

Romain Ryon attire aussi l'attention sur l'importance de bien dimensionner son installation. « Si vous avez juste un usage spécifique de l'électricité, l'électroménager, éclairage, car vous êtes par exemple chauffé au bois et que votre installation est surdimensionnée, vous allez peut-être couvrir tous vos besoins, mais le prix d'installation sera trop élevé. »

Une fois toutes ces précautions prises, selon Sylvain Le Falher, « c'est un des meilleurs investissements à faire quand on est un particulier : c'est rentable, ça a de l'impact, c'est non risqué et ça apporte de la valeur à un logement ».

(1) C'est l'unité qui sert à mesurer la puissance des installations photovoltaïques. « Le kilowatt-crête (kWc) correspond à une capacité de production électrique de 1 000 watts, dans des conditions standards de référence (“Standard test conditions”) : ensoleillement idéal, orientation et inclinaison favorables du panneau solaire, température adaptée, bonnes conditions d'irradiance... », détaille EDF ENR.

(2) Actuellement, la prime à l'autoconsommation s'élève à 300 euros le kwc si l'installation a une puissance inférieure à 3 kWc et 230 euros du kWc si elle a une puissance comprise entre 3 et 9 KWc.