Si vous utilisez du gaz, il faut vous attendre à le payer beaucoup plus cher. Après la hausse du prix repère en juin, les tarifs seront encore majorés en juillet. En cause, la hausse des tarifs de distribution qui seront répercutés sur les factures.

Les mauvaises nouvelles s'enchaînent pour les 10,5 millions de Français qui utilisent le gaz pour se chauffer et / ou cuisiner. Après les hausses en mai et juin du prix repère du gaz publié par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), les prix seront encore plus élevés en juillet.

Gaz : la facture va bondir de près de 12% le 1er juillet pour des millions de Français

En cause, la hausse des tarifs de distribution, qui sera répercutée sur les factures de juillet. Par ailleurs, les prix du gaz sur le marché de gros ont augmenté ces dernières semaines, et pèseront aussi sur les tarifs. Résultat, les factures devraient donc se renchérir en juillet de +11,7% en moyenne le mois prochain.

Pourquoi les tarifs de distribution augmentent-ils ?

C'est une raison étonnante d'un premier abord, qui est avancée pour expliquer en grande partie la hausse des tarifs de distribution : de moins en moins de consommateurs utilisent du gaz. Problème, l'infrastructure gazière qui doit être utilisée est, elle, toujours aussi importante. Les coûts pour l'entretenir sont donc répartis sur un nombre plus restreint de clients qui paient donc plus cher.

Autre raison, « il faut entretenir le réseau qui est vieillissant depuis plusieurs années et faire des investissements vers l'énergie durable et une partie va servir à cela. Cette hausse est compréhensible, mais nous déplorons le choix politique de la faire peser sur les consommateurs est un problème. Pourquoi ne pas plutôt faire payer les gros énergéticiens, dont certains ont réalisé des bénéfices record ? », interroge Nadia Ziane, directrice du pôle consommation de l'association Familles rurales.

En février, la CRE avait estimé que les clients qui se chauffent au gaz devraient payer 7,30 euros (TTC) en plus chaque mois en moyenne. Pour les consommateurs qui n'utilisent le gaz que pour la cuisson ou l'eau chaude, la CRE prévoyait 2,2 euros (TTC) par mois en plus sur leur facture.

Finalement, le régulateur a estimé que la facture annuelle TTC pour les clients résidentiels en offre de gaz à prix variable s'élèverait à 1 184 euros en moyenne avec les tarifs de juillet, contre 1 060 euros par an en juin, et 1 227 euros en janvier. Les prix au kwh ont baissé entre février et juin, ce qui explique le tarif. La hausse des factures sera-t-elle indolore pour les consommateurs, comme l'avait affirmé Roland Lescure sur le réseau social X (ex Twitter) ?

Pas vraiment, selon la plupart des acteurs contactés. « Pour les ménages, c'est une hausse conséquente. Typiquement, pour une facture moyenne de 1 260 euros par an, on ajoutera 80 euros. Au 1er janvier, ce sont déjà 96 euros, en moyenne, qui avaient été ajoutés », calcule par exemple Lucile Buisson, chargée de mission énergie, transport et environnement au sein de l'UFC-Que Choisir.

Relire son contrat pour anticiper

Il est cependant compliqué d'évaluer le montant exact que vous allez devoir débourser en supplément, tant les cas de figure sont différents. Si on sait que beaucoup de fournisseurs vont répercuter la hausse des coûts de distribution dès juillet, la manière de faire ou encore la date d'entrée en vigueur des augmentations vont varier en fonction des entreprises.

Votre niveau de consommation de gaz, tout comme votre type de contrat auront aussi un impact. Si vous avez souscrit à une offre à prix fixe, vous pourriez être épargné dans un premier temps, mais pas dans tous les cas. « Même les offres à prix fixe peuvent être touchées : très souvent, il est précisé que c'est le prix de l'énergie qui est fixe et que s'il y a une évolution du tarif d'acheminement comme ce qui est prévu, elle sera répercutée. Pour savoir, il faut bien regarder ce que prévoit le fournisseur », conseille Caroline Keller, cheffe du service information et consommation du Médiateur de l'énergie.

De manière générale, relire son contrat pour connaître les mécanismes d'évolution des prix prévus par le fournisseur permettra d'en savoir plus sur l'éventuelle hausse. Il faut aussi surveiller ses mails ou ses courriers dans lesquels le fournisseur peut préciser les tarifs à venir.

Des hausses variables en fonction des fournisseurs

Après le 1er juillet, les fournisseurs pourront donc faire grimper les prix du kwh, comme l'a fait la CRE dans son prix repère, celui de l'abonnement, ou bien une combinaison des deux.

Et attention, car « certains présentent une nouvelle grille de prix, sans montrer les anciens prix appliqués. Une des recommandations du médiateur, c'est de donner systématiquement les tarifs avant et après et de préciser le pourcentage d'évolution pour que les clients comprennent bien », indique Caroline Keller.

Les différentes manières de communiquer sur ces augmentations ajoutent à la confusion : certains fournisseurs parlent de prix hors taxes quand d'autres indiquent des tarifs toutes taxes comprises. Certains présentent l'évolution annuelle, quand d'autres évoquent la hausse au mois. Les périodes de comparaison pour exprimer les variations de tarifs sont aussi différentes. Bref, il est très difficile de s'y retrouver.

Entre 24 et 120 euros supplémentaires

Quelques exemples pour s'en rendre compte. Chez EDF, la hausse a été exprimée hors taxes et mensuellement. Elle sera répercutée sur le coût de l'abonnement. Une cliente habitant dans les Pays de la Loire et se chauffant au gaz a par exemple été prévenue d'une augmentation de 5,49 euros hors taxes, par mois, à partir de juillet. Plus de 60 euros par an donc, auxquels il faut ajouter les taxes.

Fonctionnement différent chez Engie. Pour les clients de la formule passerelle (il s'agit des particuliers qui avaient souscrit au tarif réglementé et qui, après sa suppression, n'ont pas fait de démarche pour changer de contrat, ils sont aujourd'hui un peu moins de 2 millions).

Le fournisseur a communiqué il y a déjà plusieurs semaines sur les nouveaux tarifs à partir de juillet. Les clients qui consomment plus de 4 000 kwh et moins de 30 000 kwh à l'année verront leur abonnement augmenter d'environ 40 euros par an (taxes comprises). A cela s'ajoute une majoration de près de 10% pour les prix au kwh. Subtilité, l'augmentation est calculée par rapport aux tarifs de mai.

Cependant, « nos clients Gaz Passerelle ont bénéficié de la baisse des prix de marché que nous appliquons chaque mois à leur contrat. Ainsi la facture annuelle TTC des clients Gaz Passerelle chauffés au gaz sera en baisse de 2 à 5% par rapport à janvier 2024, à consommation équivalente », nuance le fournisseur.

De son côté, le fournisseur Ekwateur précise que les factures mensuelles de ses clients augmenteront entre 2 et 10 euros par mois, aussi au niveau de l'abonnement, cette fois-ci toutes taxes comprises. Les tarifs grimperont donc de 24 à 120 euros par an.

Faire jouer la concurrence

Comment faire, alors, pour garder le contrôle sur ses factures ? Le comparateur du Médiateur permet de voir les avantages et inconvénients de toutes les offres. « Ce qui peut être intéressant pour les particuliers, une fois qu'ils auront vraiment connaissance de la hausse, c'est de faire marcher la concurrence. Il faut bien sûr faire attention au choix du fournisseur en regardant les baromètres du Médiateur. C'est le seul levier « direct » pour faire baisser la note. Les prix du gaz ont augmenté et cela impacte le pouvoir d'achat des consommateurs, mais les offres restent encore compétitives. Le problème, c'est que ça n'incite pas à décarboner », détaille Romain Ryon (Effy).

« Aujourd'hui, le gaz reste encore l'énergie la moins chère pour se chauffer, même s'il faut s'attendre à de nouvelles augmentations dans les années à venir. Passer à une pompe à chaleur peut être une bonne solution selon les logements, mais l'investissement est important, même avec les aides. Il y a au moins 5 000 euros de différence par rapport à un chauffage qui fonctionne au gaz », confirme Lucile Buisson (UFC-Que choisir).

Engie, Eni... Voici la liste des mauvais élèves chez les fournisseurs d'électricité et de gaz