La campagne des législatives est lancée depuis la dissolution de l'Assemblée nationale. L'énergie est déjà l'un des thèmes phares de la campagne avec plusieurs propositions du Rassemblement national et du gouvernement.

C'est ce qui s'appelle avoir le sens du timing. La dissolution de l'Assemblée nationale à peine annoncée, la Commission de régulation de l'énergie, le gendarme du secteur, a annoncé lundi matin que le prix moyen de la facture de gaz de millions de Français va augmenter de 11,7% en juillet par rapport à juin.

Et ce en raison d'une forte revalorisation du coût d'acheminement du gaz supporté par le gestionnaire du réseau de distribution GRDF et facturé aux fournisseurs. L'objectif de cette mesure est d'entretenir le réseau qui achemine le gaz vers les maisons et les entreprises.

La hausse du prix du gaz stoppée par le RN ?

Pour les particuliers, la facture annuelle moyenne de gaz passerait ainsi de 1 184 euros 1 060 euros en juin, soit 124 euros de plus. Dans la foulée, Sébastien Chenu, le vice-président du Rassemblement national a annoncé sur CNews qu'en cas de victoire aux élections législatives, la première mesure prise sera « sur le pouvoir d'achat en stoppant la hausse du prix du gaz ».

Interrogé mardi matin sur BFMTV, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a contesté la proposition du RN en se demandant comment « ils allaient faire pour entretenir le réseau de gaz », si la hausse de tarif annoncée pour le 1er juillet était annulée.

Une TVA à taux réduit pour l'énergie ?

Le Rassemblement national qui réclame aussi de longue date une suppression de la TVA à 20% sur les prix de l'énergie pour la faire passer à 5,5%, comme c'est le cas déjà pour l'abonnement à l'électricité et au gaz. Une mesure qui aurait un coût certain selon l'Institut Montaigne. D'après ses calculs effectués lors des législatives de 2022, la TVA sur les produits pétroliers, le gaz et l'électricité représente 14,5 milliards d'euros.

Dès lors, appliquer le taux réduit de TVA (5,5%) à l'ensemble de ces produits énergétiques entraînerait une baisse de recettes d'environ 10 milliards d'euros par an.

Antoine Autier, responsable des études à L'UFC-Que Choisir rappelle que l'association de consommateurs réclame de longue date l'application d'une TVA à 5,5% sur « l'électricité qui est une énergie décarbonée ». « En revanche, mettre une TVA à 5,5% sur le gaz qui est une énergie très carbonée, cela ne fait pas partie de demandes spécifiques que nous avons pu exprimer. Nous appelons plutôt de nos vœux une refonte globale de la fiscalité qui mettrait notamment fin à l'existence d'une aberration fiscale, à savoir la TVA sur les taxes, et demandons que ponctuellement, lorsque les prix de l'énergie s'envolent comme ça a été le cas au cours des deux années passées, soient mises en place des mesures exceptionnelles de blocage ou limitation des prix », détaille-t-il.

EDF, Engie... De combien va grimper votre facture de gaz en juillet selon les fournisseurs ?

Une baisse d'au moins 10% des prix de l'électricité ?

A peine 24 heures après l'engagement du RN de revenir sur la hausse du prix du gaz au 1er juillet, Bruno Le Maire a, de son côté, annoncé sur BFMTV que « la facture d'électricité de chaque Français baissera de 10 à 15% en février 2025. C'est l'engagement que je prends ce matin ».

« Pourquoi ? Parce que nous avons relancé le nucléaire. Parce que nous avons produit 330 térawattheures d'électricité nucléaire l'année dernière. Parce qu'on a investi sur les renouvelables », a indiqué le ministre.

Une annonce qui pose question. « Est-ce un engagement ferme et définitif, ou est-ce que c'est simplement l'application des règles de calcul qui prenne en compte l'évolution du prix des deux dernières années ? Il me semble que c'est la deuxième option qui semble retenue. En effet, à ce stade, compte tenu de la baisse des prix de marché, une baisse des tarifs réglementés de vente de l'électricité en début d'année prochaine est attendue », explique Antoine Autier.

En effet, sur la facture finale, le prix de l'électricité représente un tiers de la note. La moitié est liée au prix régulé d'EDF qui diminue grâce à la hausse de la production nucléaire. L'autre moitié dépend de l'évolution des prix de marché au cours des deux dernières années. Or ceux-ci ont nettement baissé en 2023 et en 2024 par rapport au pic de la crise énergétique de 2022.

« Cette promesse de baisse du tarif réglementé en février 2025 comporte une part d'aléatoire »

« Mécaniquement, le tarif réglementé devrait diminuer grâce à cette formule, mais ce n'est pas vraiment un engagement de la part du gouvernement puisqu'il ne fait que simplement appliquer la formule. Nous sommes seulement en juin, et on ne sait pas ce qui peut arriver d'ici la fin de l'année. Potentiellement, il pourrait y avoir une autre crise de l'énergie qui ferait exploser les prix sur les marchés. Cette promesse de baisse du tarif réglementé en février 2025 comporte une part d'aléatoire », recadre Antoine Autier.

Ce spécialiste du marché de l'énergie rappelle la position de l'UFC-Que Choisir qui souhaite la mise en place d'une nouvelle formule de calcul des prix réglementés de l'électricité qui reflète les coûts de production en France et pas ceux des prix de l'électricité sur les marchés internationaux, eux-mêmes largement liés aux prix du gaz.

« Dans tous les cas, malgré cette baisse des prix promise par le ministre de l'Economie, le tarif réglementé restera toujours très élevé. Il a augmenté de plus de 40% depuis début 2023 », rappelle Antoine Autier.